L’aumônerie fait sa mue

(réd) lundi 31 décembre 2018

Que ce soit à l’hôpital, à l’armée ou auprès des jeunes, l’aumônerie est actuellement un chantier ouvert qui veut se professionnaliser et s’éloigner des églises. « Je ne sais pas où cela va nous conduire », réagit lundi 31 décembre Olivier Cretegny, ancien aumônier et président de la FEV (Fédération évangélique vaudoise). Non sans ajouter qu’une Journée de réflexion à l’adresse de tous les aumôniers évangéliques romands est agendée le 30 avril.

La journée du 30 avril aura lieu à la communauté des sœurs de Grandchamp, à Areuse (NE). « Son objectif est d’apprendre dans un premier temps à se connaître entre aumôniers évangéliques romands et d’être à l’écoute des uns et des autes au sujet des défis à relever. Dans un deuxième temps, nous désirons redéfinir notre ministère afin d’être adéquat aujourd’hui », exprime Olivier Cretegny. L’ancien aumônier de la maison d’accueil Praz-Soleil à Château-d’Oex a écouté avec beaucoup d’intérêt les émissions Vacarme concoctées par la journaliste Gabrielle Desarzens et diffusées du 26 au 30 novembre dernier sur RTS La Première à propos de l’aumônerie (voir encadré). « Au travers des interviews, on constate combien la société a changé ou évolué ces 30 dernières années, autant du côté des collaborateurs des institutions que des résidents de ces institutions, estime-t-il. On sent combien la population romande est de moins en moins en phase avec le christianisme. Ces reportages sont hyper importants, car ils nous font prendre conscience des nouvelles mentalités et du travail que l’Eglise doit faire pour rester sel et lumière ! »

A quoi servent les aumôniers ?

Dans une société toujours plus sécularisée, est-il pertinent que lʹaumônier soit encore une personne employée par une Église? Le professionnel dispose-t-il des outils nécessaires? Comment appréhende-t-il les nouvelles diversités religieuses? A quoi servent encore les aumôniers? C’est à ces questions que la série Vacarme tente de répondre. Pour ce faire, Gabrielle Desarzens s’est rendue d’abord à l’Université de Lausanne où s’est ouverte en septembre dernier une première formation professionnalisante pour aumôniers avec un CAS (Certificate of Advanced Studies) à la clé. Elle y a rencontré l’aumônier Stéphane Zagarrio, qui travaille à La Côte-aux-Fées (NE) pour la Fondation Ressource, un lieu d’accueil pour personnes toxicodépendantes. Celui-ci a dit apprécier la formation mise sur pied conjointement par le CHUV et l’Université de Lausanne. Une formation qui l’ouvre « à d’autres spiritualités » : « Les résidents me posent des questions sur ma manière de fonctionner. Des questions sur Dieu finissent par arriver. Et moi donc, je leur parle un peu du mien. »

Accompagnement spirituel

Le troisième module de la série Vacarme interroge le monde de l’armée. « Comme le dit le capitaine-aumônier Pedreira, avant, l’Eglise offrait un service d'aumônerie à l’armée. Maintenant c’est l’armée qui offre un service d’accompagnement spirituel. Cette phrase résume bien, à mon avis, le défi qui nous concerne aujourd’hui », ponctue Olivier Cretegny. « Doit-on prendre l’option d’une aumônerie professionnelle et laisser de côté l’aumônerie confessionnelle, celle rattachée à l’Eglise? Personnellement, je ne suis pas encore prêt à cela, mais il faudra de toute manière changer certaines choses si on veut encore avoir une présence acceptée et productive. Une piste pourrait être celle d’un aumônier professionnel et confessionnel, qui, à l’image d’un Stéphane Zagarrio, respecte totalement le cadre de travail imposé. L’accent alors devrait être mis sur le rayonnement de l’aumônier et pas sur un cadre religieux à suivre ou à représenter ; à ce sujet, je me réjouis du partage des expériences des aumôniers le 30 avril prochain. », souligne-t-il.

« Ma foi, je la vis »

« Ma foi, je la vis ». C’est notamment ce qu’a indiqué tout simplement la Lausannoise Roselyne Righetti, pasteure de la rue, dans l'émission du vendredi 30 novembre. « Un module qui m’a réjoui, glisse encore Olivier Cretegny. Il y avait une fraîcheur d’expression de la foi qui faisait envie. Qui m’a donné du courage pour trouver un chemin à l’avenir qui honore le Seigneur et qui apporte un peu de consolation et de bonheur à nos contemporains. »
(réd)

  • Encadré 1:

    Cinq modules radiodiffusés

    « Pas de confessionnel ! »

    En lien avec le CHUV, une nouvelle formation universitaire propose une spécialisation en accompagnement spirituel avec un certificat à la clé. Son but: que le professionnel gagne du recul par rapport à sa pratique religieuse. Stéphane Zagarrio de la Côte-aux-Fées (NE) explique quels sont les premiers bénéfices de lʹexercice dans son lieu dʹaccueil pour toxicodépendants.

    Le chien du berger

    LʹÉtablissement médico-social neuchâtelois Les Charmettes a engagé à lʹinterne et aux côtés de ses aumôniers catholique et protestant son propre accompagnant spirituel. Pas de culte, de messe ou de Bible dans les bagages de Christian Reichen, qui aime se considérer comme " le chien du berger" et se placer, au contraire des hommes dʹÉglise, derrière le troupeau.

    Le sabre et le goupillon

    Devant la maison que Marguerite Bays - une bienheureuse catholique - a habitée au 19e siècle, de jeunes recrues entendent parler de solidarité et dʹentraide. Cʹest une visite proposée par lʹaumônier de la section. Lʹarmée suisse est en pleine réflexion sur le rôle de son aumônerie, dont le "modèle pastoral est mort", selon les propos du capitaine Noël Pedreira.

    Au nom de la laïcité

    Dans les institutions pour mineurs, lʹaumônerie nʹa plus la cote. Associée intimement à la religion, elle voit sa place remise en question par bon nombre d’éducateurs. Lʹéquipe éducative de La Maison des Jeunes à Lausanne sʹen explique, alors que Nathan, 18 ans, qui a bénéficié de séances dʹaumônerie en foyer, témoigne: ces moments lui ont apporté une grande confiance en lui.

    Une chapelle dans la rue

    Pour les marginaux et sans domicile fixe, la Pastorale de la Rue à Lausanne reste une oasis de fraternité. Des bénéficiaires nous font visiter deux lieux emblématiques de cette aumônerie de base qui a la particularité de rassembler beaucoup de bénévoles, de bénéficier de nombreux dons, et qui peut rendre compte de lʹhistoire des uns et des autres sur la durée.

     

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