Si la foi se transmet en premier lieu dans la famille nucléaire, la vie en communauté permet de l’expérimenter. C’est du moins ce que pensent Fabienne et Christian Sollberger, couple pastoral à l’Eglise mennonite de Tavannes et engagé dans « Familles de foi », un département des Fabricants de Joie1.
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Au cœur de la pandémie, certaines familles n'éprouvent pas l'envie ou le besoin de revenir à l'église. Quelles peuvent en être les conséquences ?
Le vécu familial et celui communautaire se complètent dans une cohérence créée et souhaitée par Dieu. L’absence d’un des deux éléments entraînera forcément un manque et une fragilité dans la connaissance et la mise en pratique des potentiels que Dieu nous confie.
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Suivre le culte sur Youtube, n’est-ce pas suffisant pour nourrir la foi de la famille ?
Les possibilités de visionner des cultes ou des temps d’encouragement spirituel par tranches d’âge ont été un immense cadeau durant la pandémie. Cependant, limiter sa vie spirituelle au visionnement de messages et de contenus spirituels sur Youtube induit potentiellement une limite de l’impact de l’Evangile, voire une « obésité spirituelle » inadéquate et statique. Ce qui peut toutefois également être le cas en présentiel. En fait, l’individualisme croissant peut s’étendre négativement à la vie relationnelle, spirituelle et communautaire. La personne qui bâtit sa maison sur le rocher solide est celle qui entend l’enseignement et le met en pratique. C’est la conclusion du plus puissant message de Jésus.
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Pour différentes raisons, certains couples font « église séparée ». Est-ce plutôt bénéfique ou plutôt à éviter ?
Le vécu spirituel dynamique en famille nous paraît prioritaire. De là peuvent découler des engagements spécifiques dans une église ou une autre. Toutefois, faire « église séparée » ne peut représenter une richesse que pour une saison de vie limitée. Nous encourageons les couples à participer ensemble au vécu d’une communauté, voire de deux.
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Dans la pensée biblique, quelles interactions y a-t-il entre la famille et l'Eglise ?
Lorsque nous considérons les principes de la Bible, nous voyons que Dieu travaille du petit vers le grand. Les sphères d’autorité se dessinent en vagues successives et croissantes. Joseph exerce son ministère dans sa famille avant de devenir le puissant dirigeant d’Egypte. Le jeune berger David débute son parcours dans sa prairie pour aboutir roi de la nation d’Israël.
La famille est la cellule choisie par Dieu pour venir sur terre en Jésus-Christ. Dans l’idéal, le premier lieu d’apprentissage et d’implication est la famille ; et la communauté soutient et confirme les dons et les engagements des uns et des autres.
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Comment l'Eglise nourrit-elle la vie familiale ?
Elle permet d’expérimenter la complémentarité et la force de l’unité générationnelle. Lorsque dans nos familles, il manque une génération, (des petits-enfants, un grand-papa, un conjoint), la vie communautaire donne cette possibilité de nous rejoindre les uns les autres dans nos besoins spécifiques. Et ainsi de recevoir le soutien de l’une ou l’autre génération.
L’Eglise est consciente et humble quant à son influence sur la vie des enfants : moins d’une demi-journée par semaine ! Son rôle est alors d’équiper les parents pour qu’ils puissent s’impliquer dans leur mission première : transmettre l’héritage des valeurs et de la foi chrétienne à leurs enfants (Deutéronome 6:5-9).
Les éléments appris dans la cellule familiale peuvent être mis en pratique dans la vie de l'église. Des compétences qui ne sont à priori pas uniquement chrétiennes, telles que le travail en équipe, la capacité à rebondir, la générosité etc. peuvent se traduire concrètement dans le vécu communautaire.
Propos recueillis par Sandrine Roulet
1 Sur la base de Josué 24:16, « Familles de foi » souhaite aider les familles à prendre conscience de leur vocation, à développer une dynamique relationnelle pour entrer dans cette vocation et à devenir des sources de bénédiction pour leur entourage.
Des « Journées d’Encouragement pour Familles » sont proposées cet automne à Yverdon (9 octobre), Tavannes (13 novembre) et Cortaillod (20 novembre). Autre ressource intéressante pour les parents, le séminaire « Comprendre le développement humain » se tiendra du 4 au 6 novembre à Tavannes. Enseignante, psychologue, formatrice et co-auteure du livre « Touché par le Père, libéré des blessures de l’enfance » (éd. JEM), Catherine Fabiano en sera l’oratrice. Inscriptions sur ce site.