Lorsque des chrétiens résistent au Service de l’immigration

vendredi 10 octobre 2025

Durant cette année, le journal évangélique Christianity Today a régulièrement révélé comment de nombreuses Églises étasuniennes rencontrent des difficultés dans l’accueil et l’accompagnement des immigrés – avec ou sans papiers. Ces communautés font face aux méthodes d’intimidation et de coercition du Service de l’immigration et des douanes des États-Unis (ICE).

À plusieurs reprises en 2025, le mensuel évangélique étasunien Christianity Today s’est fait l’écho des difficultés rencontrées par les Églises, face au Service de l’immigration et des douanes des États-Unis (United States Immigration and Customs Enforcement, ICE). Cette agence fédérale, pourvue d’agents habilités à procéder à des arrestations, n’hésite pas à utiliser toutes sortes de méthodes d’intimidation contre les immigrés qui se trouvent dans le pays.

Présence destinée à intimider

Ainsi, un article intitulé « Les Églises de Washington DC à Trump : restez en dehors de nos parkings » dénonce les méthodes de l’ICE qui s’installe sur des parkings d’églises pour marquer sa présence, intimider, voire arrêter des chrétiens à la sortie du culte. L’article précise : « Les arrestations d'immigrants ont augmenté sous la présidence de Donald Trump, qui a fait des expulsions et des rafles à grande échelle une pierre angulaire de son second mandat ».

À Washington DC, une vingtaine de responsables protestants noirs a écrit une lettre ouverte exigeant que les fonctionnaires de l’ICE cessent d’utiliser les parkings des Églises pour traquer les immigrants : « Nous voulons rappeler à cette force fédérale que la propriété des lieux de culte est privée, et ne devrait donc pas être utilisée sans l'autorisation expresse de leurs propriétaires ». La lettre ajoute : « Si les agents de l’ICE, ou d’autres fonctionnaires fédéraux, se garent sur nos propriétés, cela peut faire croire que nous soutenons l’action de l’administration Trump pour surveiller la ville ».

Arrêté devant l’église

Dans un article intitulé « Quand les raids atteignent l’Église », Christianity Today explique comment un Hondurien a été arrêté par l’ICE, juste devant le bâtiment de l’Église qu’il avait contribué à fonder. L’homme qui, avec sa famille, avait fui les gangs qui sévissent dans son pays avait déposé une demande d’asile, reçu un permis de travailler et trouvé un emploi. Alors qu’il participait au culte, des agents de l’ICE l’ont appelé par téléphone, lui ont donné l’ordre de sortir et l’ont arrêté devant l’église.

Cette arrestation « est la première opération de l'ICE dans une Église, depuis le début du second mandat du président Donald Trump, fait remarquer l’auteur de l’article. Elle survient cinq jours après que l'administration a annulé une politique, vieille de treize ans, qui imposait aux agents de l'ICE d'éviter les arrestations dans les lieux de culte et autres ‘lieux sensibles’, tels que les écoles, les hôpitaux et les défilés ».

Du coup, beaucoup d’Églises prennent des mesures pour protéger leurs membres immigrés. Certaines ont installé des serrures, avec digicode et gardien, à l’entrée du bâtiment. D’autres vont plus loin afin de mettre en sécurité leurs fidèles sans papiers : elles cessent de publier les horaires des cultes sur leurs sites internet, ainsi qu’aux entrées des chapelles.

Surveiller le Service de l’immigration

Une autre forme d’action est décrite dans un article intitulé « Au tribunal de l’immigration, des chrétiens répondent présent ». Des membres d’Églises se mobilisent et assistent aux audiences publiques durant lesquelles des immigrés découvrent s’ils sont autorisés à rester aux États-Unis. En effet, des agents de l’ICE attendent les déboutés au tribunal, puis les arrêtent sans leur permettre d’utiliser les voies de recours prévues par la loi.

« Un matin de juin, dans le centre-ville de Los Angeles, un petit groupe de huit personnes vient observer les audiences des Services de l’immigration, explique la journaliste de Christianity Today. Munis de carnets pour prendre des notes, les membres de ce groupe sont pour la plupart protestants, mais il y a aussi des juifs et des représentants d’autres croyances. »

Ces témoins viennent pour observer les audiences. Certains se placent à l’intérieur de la salle, d’autres dans les couloirs, afin d’observer les mouvements des agents. Ils proposent des ressources aux immigrés. Ils sont témoins des arrestations opérées par l’ICE et filment les détenus lorsque les agents les embarquent dans des fourgons. « Souvent, ces observateurs sont les seuls à pouvoir transmettre un message à la famille d’un détenu sans avocat. »

Lorsque des chrétiens entrent dans la salle d’audience, le greffier leur demande qui ils sont. Ils indiquent alors de quelle Église ils proviennent. Une chrétienne qui coordonne cette surveillance à Los Angeles souligne : « Vendredi, le juge a bien remarqué notre présence dans la salle. Il nous regardait quand il parlait. »

Une pasteure de Los Angeles affirme que les descentes incessantes de l’ICE sont vécues comme un « enfer ». Elle ajoute que le simple fait d’être présente aux audiences représente un « petit geste juste et nécessaire » : « Il ne faut pas tout savoir, mais juste être là, éventuellement avec un ami. Il est important de rendre témoignage. J’ai remarqué que les gens réagissent à notre présence ».

 

Journal évangélique Christianity Today : www.christianitytoday.com

  • Encadré 1:

    Rappel biblique

    Parmi les nombreux textes bibliques qui traitent de l’accueil des étrangers, en voici deux.

    « Tu n’exploiteras pas l’étranger qui vit dans ton pays et tu ne l’opprimeras pas, car vous avez été vous-mêmes étrangers en Égypte » (Exode 22.20).

    « Venez, vous qui êtes bénis par mon Père : prenez possession du royaume qu’il a préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli chez vous » (Matthieu 25.34-35).

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