Karim Arezki vient d’être nommé maître d’enseignement à la HET-PRO qui ouvrira ses portes en septembre prochain. Cet Algérien d’origine sera chargé de l’enseignement de l’islamologie et des religions comparées.
Avec la nomination de Karim Arezki à ce poste, c’est un nouveau protestantisme en terre musulmane qui est salué. Karim Arezki est né en 1975 dans une famille musulmane de Kabylie. Il devient disciple de Issa (Jésus dans le Coran), grâce au film Jésus traduit dans sa langue maternelle : le kabyle. Karim est adolescent dans cette Algérie des années 90, marquée par les violences et l’insécurité du terrorisme islamiste.
« Je bloquais par rapport à la crucifixion »
Les interrogations suscitées par le film Jésus sont nombreuses. « Je bloquais par rapport à la crucifixion, explique Karim Arezki. Dans ma conception des choses, il n’était pas possible qu’un prophète finisse sur une croix. J’avais l’impression d’avoir manqué quelque chose… » En parlant avec une de ses connaissances de ses difficultés à comprendre les raisons de la mort de Jésus, Karim reçoit un nouveau testament. A sa lecture, il découvre le Sermon sur la montagne et ce que Jésus déclare comme étant le vrai amour et la vraie religion. « J’étais impressionné par cette piété tournée vers Dieu dans le secret, qui n’a pas besoin de publicité. »
Même si la lecture du Nouveau Testament intéresse Karim Arezki, ce dernier n’a pas l’impression de trouver dans cette seconde partie de la Bible des réponses à ses interrogations. « Je me posais vraiment la question de savoir quel était le chemin qui mène à Dieu. Le Coran et Mohamed ou le Nouveau Testament et Jésus ? Je disais à Dieu : ‘Je veux clarifier cette question et savoir quel est le chemin qui mène vers toi ?’ » Dans ce combat intérieur, Karim Arezki tombe sur cette affirmation de Jésus dans l’évangile de Jean : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14.6). « A partir de ce moment-là, ajoute-t-il, je me suis dit que Jésus avait répondu à cette question voilà 2000 ans. Ce jour-là, j’ai pris la décision de suivre Jésus ! »
Au début, la famille de Karim considère que ce n’est qu’une crise d’adolescence et que les choses vont revenir dans l’« ordre ». Il commence des études de vétérinaire à l’Université de Blida, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest d’Alger. Il obtient la possibilité de les poursuivre en France à l’Ecole nationale vétérinaire à Maisons-Alfort. Une fois installé en France, quelqu’un lui demande s’il ne souhaite pas entamer des études de théologie chrétienne. Il fait trois ans à l’Institut biblique de Nogent-sur-Marne, puis finalise un master de recherche à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine. Aujourd’hui, il est pasteur dans une Eglise évangélique baptiste du nord de Paris et poursuit une thèse en islamologie à la Sorbonne.
Une paix profonde grâce à la rencontre de Jésus
« L’Algérie a vécu une période noire dans les années 90. Face aux violences du terrorisme islamique, les Algériens voulaient savoir. Dans ce contexte, ceux qui ont fait l’expérience de la rencontre de Jésus ont découvert une paix profonde. L’Université de Blida était le fief du terrorisme. Des amis ont fui ce lieu de formation à cause de cela. Personnellement, j’y suis resté, parce que j’avais la paix. Dans mon cœur, j’étais convaincu que Dieu me protégeait. Cette paix de Jésus, on la trouve non seulement par rapport aux circonstances extérieures, mais aussi avec soi-même. Par le pardon des péchés que Jésus nous donne, il procure vraiment la paix ! »
Karim Arezki retourne régulièrement en Kabylie. Il se montre très prudent par rapport aux estimations de sociologues qui mettent en avant qu’il y aurait actuellement dans cette région d’Algérie 100'000 protestants évangéliques. « Ce que l’on peut estimer, c’est que presque dans tous les villages, il y a une Eglise, parfois composée d’un groupe d’une vingtaine de personnes, parfois forte de 700 à 800 membres… »
Dieu rebâtit sur d’anciennes ruines !
Par rapport à son pays d’origine, Karim Arezki aime se rappeler que de grandes personnalités du christianisme sont originaires d’Afrique du Nord : les défenseurs de la foi Tertullien, Cyprien, ou Augustin, l’auteur des Confessions. « J’ose croire qu’il y aura un jour à nouveau en Afrique du Nord des Tertullien ou des Augustin, qui vont suivre Jésus et annoncer son Evangile. Le prophète Esaïe ne dit-il pas que Dieu rebâtira sur d’anciennes ruines (Es 58.12) ? »
Serge Carrel
Karim Arezki a publié : Jésus dans le Coran et dans la Bible. Quelle différence ? Charols, Excelsis, 2016, 64 p.
Voir aussi une autre émission Ciel ! Mon info : « Karim Arezki : Jésus dans le Coran et dans la Bible ».
En 2008, l’émission Réflexions recevait le pasteur Salah Chalah de l’Eglise du Plein Evangile de Tizi Ouzou. Il y fait le point sur la situation des chrétiens évangéliques en Algérie à ce moment-là.