« Aujourd’hui on n’a plus le droit ni d’avoir faim, ni d’avoir froid ! »

Nathalie Schmid lundi 21 octobre 2019 icon-comments 1

Elle travaille avec les personnes sans domicile fixe et milite pour une société plus égalitaire. Noémie Zandvliet, 28 ans, est assoiffée de justice et dit avoir reçu de Dieu son cœur pour les plus démunis.

Assise en tailleur sur le tapis de mon salon, de passage juste avant de se rendre à Paris pour une action militante, Noémie sourit et demande : « Tu crois qu’il y a vraiment de quoi faire un article sur moi ? » De son végétarisme jusqu’à son gilet jaune négligemment laissé sous son pare-brise, l’engagement social est pour elle aussi naturel que respirer. Sa vocation professionnelle ? Pas de doute, c’est dans la rue qu’elle l’a trouvée, en tant qu’éducatrice à La Tuile, un centre d’accueil d’urgence fribourgeois pour les personnes sans domicile fixe. « C’est clairement Dieu qui m’a poussée à faire ce travail », dit-elle. Et d’ajouter, avec un éclat de rire : « À choisir, j’aurais peut-être dû travailler dans une banque pour avoir plus d’argent. »

Le droit d’exister

Après s’être resservie du thé aux fruits qu’elle hume avec satisfaction, elle explique que c’est la soif de justice qui motive ses actions. Elle se rappelle de la pauvreté qui frappa d’un coup ses grands-parents et devine que sa rage vient peut-être de là. Prise d’une envie soudaine, elle entonne : « Aujourd’hui, on n’a plus le droit ni d’avoir faim, ni d’avoir froid ! », la chanson des restos du cœur. Elle explique que dans un pays riche, « on a les moyens de s’entraider », et qu’il ne devrait plus y avoir de mendiants dans la rue. Réaliste ? C’est la question qu’elle se pose : « Le monde sera juste quand Dieu reviendra, mais en attendant, un monde meilleur commencerait déjà si les gens ne détournaient pas leurs regard des démunis. » Selon elle, si tu n’as pas d’adresse, tu n’es personne. Songeuse, elle raconte alors l’histoire d’un homme qui est arrivé un soir à l’accueil d’urgence, chargé de soucis, nerveux et difficile à gérer. Le lendemain, après une nuit de repos en sécurité, « il était juste un autre homme, beaucoup plus apaisé. Cette nuit lui a redonné le droit d’exister. »

Pas d’attente

De ses yeux clairs, elle fixe alors le ciel, qu’on aperçoit par la baie vitrée : « Je souhaite que les personnes dans la précarité extrême puissent plus être pris en considération. On les aiderait mieux si on n’avait pas d’attente à leur égard. On a de l’espoir en ce qui les concerne, mais il ne faut pas réfléchir en termes d’attente. » Et la jeune femme d’évoquer encore leur générosité.

Un rêve

Lorsque ses horaires le lui permettent, Noémie aime aller au Gospel Center de Fribourg (FREE). Les pasteurs étant de bons amis, elle peut parler de tout avec eux. « Ils m’ont toujours dit que j’étais à ma place dans ma sphère professionnelle », dit-elle souriante. Soutenue et encouragée, la jeune éducatrice rêve d’ouvrir un jour sa propre maison pour les personnes précarisées. Poussée par le leitmotiv que « oui, il y a déjà de l’entraide, mais on peut faire davantage encore. »

Nathalie Schmid

 

  • Encadré 1:

    Ce que je crois : Je crois en la générosité de Dieu et des gens. Je crois qu'il y a toujours une solution, un espoir. Les situations ne sont pas irréversibles. Je crois que la vie peut être belle malgré les circonstances.

    Ce que je ne crois pas : Je ne crois pas que sans Dieu on puisse être complet. Je ne crois pas que la vie est un long fleuve tranquille. Je ne crois pas qu'en fermant les yeux, on est plus heureux.

    Ce que je ne crois plus : Je ne crois plus que notre système actuel trouvera des réponses pour aider les personnes démunies.

1 réaction

  • Erik Veldman lundi, 21 octobre 2019 11:27

    En lisant cet article, je me sens triste. Elle a de beaux rêves, mais la réalité est que même Jésus a dit que les pauvres seront toujours avec nous. La justice sociale n'est qu'un autre mot pour le socialisme et le néo-marxisme. Enlever aux autres pour donner à ceux qui ne veulent pas travailler pour leurs besoins.

    Aider quelqu'un dans le besoin est un don de Dieu et ne devrait pas être imposé par des organisations et/ou des gouvernements. La liberté que nous avons pour aider est la nôtre. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à porter l’Évangile dans le monde et c'est ce qui manque dans tout cela. Nous nous préoccupons plus du bien-être physique d'une personne que du bien-être spirituel. Nous pensons que s'ils se sentent mieux et plus riches, ils accepteront l’Évangile, mais ce n'est pas ainsi que cela fonctionne.

    Oui, cette jeune femme a des rêves, mais la réalité est que l'humanité est corrompue au plus profond d'elle-même et qu'elle ne cessera pas de se soumettre mutuellement à la pauvreté. La justice sociale n'est pas la solution. Seul le Christ est la seule réponse à nos peines. Et dire que nous vivons dans un pays riche, c'est absurde parce que nous avons encore des gens qui ont deux emplois pour joindre les deux bouts.

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