À Échallens : manifester aux requérants qu’ils ont de la valeur
Lorsqu’un abri de la Protection civile (PC) a ouvert ses portes en 2016 pour accueillir des requérants d’asile, leur offrir de son temps, a été une évidence pour Marika Russ. L’année précédente, la femme de pasteur s’était rendue en Sicile avec des jeunes de l’Église pour un voyage humanitaire et missionnaire : « Dieu m’a montré que, quelle que soit leur raison de quitter leur pays, ils ont le droit d’être aimés, accueillis, écoutés, valorisés comme n’importe qui », confie-t-elle.
À son retour, elle s’était engagée avec l’Association auprès des requérants d'asile à Vallorbe, œcuménique et humanitaire (Aravoh), en proposant un « Atelier femme » à des migrantes. « L’idée est de leur offrir un espace pour prendre soin d’elles, confie-t-elle. Je les coiffe gratuitement ; elles se font des masques, etc. Dans leur chemin d’exil, elles ont souvent été utilisées comme ‘monnaie d’échanges’ et ont un besoin de restauration intérieure ».
À l’abri PC, les pensionnaires sont des Afghans et des Kurdes de 18 à 55 ans. L’idée est venue à Marika de créer un pont entre les jeunes de l’Église et les jeunes migrants, à travers une activité foot. Celle-ci a lieu une fois par mois. Des repas, des jeux et des cours de français sont aussi proposés chaque semaine par des bénévoles de la ville, dont Marika fait partie.
Par son écoute et son attitude, Marika souhaite manifester aux requérants qu’ils ont de la valeur : « Je me donne à fond, sachant que je n’aurai été qu’une petite goutte de joie et d’amour dans leur parcours. Mais je pense que mes sourires, nos discussions, nos jeux partagés auront fait une différence dans leur estime d’eux-mêmes. »
À Bienne : pratiquer le français ou l’allemand
Accueillir des migrants avec une collation, puis animer des jeux ou des échanges sur un thème lié à la culture ou à la foi : voici comment une quinzaine de chrétiens de l’Église évangélique des Écluses (FREE), à Bienne, s’impliquent dans le « Café des langues », les vendredis après-midi. Organisé par l’Association solei (http://solei-bielbienne.ch), ce programme permet aux migrants de pratiquer le français ou l’allemand qu’ils étudient en semaine. « Des personnes de l’Église, dont pas mal de retraités, viennent juste pour servir le thé et discuter ; d’autres préparent un apport biblique ; d’autres encore aident pour les cours en semaine », détaille Gaëlle Chanson, pasteure dans l’Église des Écluses.
Alors que les migrants peinent à tisser des relations avec les Suisses, le Café des langues est un cadre privilégié pour cela, car les participants comme les bénévoles y viennent avec plaisir. « On noue de belles relations très naturelles », se réjouit la pasteure. Et de relater ce témoignage : lors d’un tour de table où chaque personne devait se présenter, une jeune migrante n’avait pas voulu s’exprimer. Elle avait vécu un grand traumatisme dans son pays. Mais au fil des semaines, elle s’est ouverte. Et, désormais, elle vient aux rencontres avec le sourire. Lorsqu’elles se sont croisées en ville, la jeune femme est venue serrer la pasteure dans ses bras.
Les migrants apprécient spécialement les échanges au sujet de la foi, même ceux qui sont musulmans. Certains désirent même en savoir plus à propos de Jésus-Christ. C’est un sujet de réjouissance, pour la pasteure. Celle-ci se réjouit également de l’engagement des bénévoles de l’Église.
À Crissier : proposer des animations aux enfants
L’association « Éclats de joie » a été fondée au sein de l’Église évangélique La Colline (FREE), avec l’objectif de sortir de ses murs et d’apporter de la joie aux personnes issues de la migration. Une fois par mois, quelques membres de cette Église, ainsi que de l’Église évangélique Lazare, se rendent à l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) de Lausanne pour proposer des animations aux enfants.
Ces petits de deux à dix ans viennent de Syrie, d’Afghanistan, d’Ukraine ou du Burundi, mais se débrouillent déjà bien en français. « On a toujours beaucoup de plaisir avec les enfants. Quand on arrive, ils nous courent dans les bras. Et les papas montrent leur reconnaissance en rangeant les tables à la fin », partage Lise Danielle Gasser.
Membres de La Colline, elle et son mari s’impliquent dans ce service depuis sept ans. La quinquagénaire se réjouit de la confiance que leur accorde l’EVAM et rapporte que le directeur les remercie chaque fois. Toutefois, les bénévoles chrétiens ne sont pas autorisés à parler de Dieu : « C’est par notre présence et notre joie que nous amenons son amour », souligne Lise Danielle. Et plusieurs enfants de ces familles migrantes participent aux camps proposés par la fondation le Grain de blé.
Ce bel engagement de l’association Éclats de joie est soutenu, dans la prière, par un groupe WhatsApp. Reste un aspect plus difficile pour les bénévoles : voir partir des enfants auxquels ils se sont attachés, lorsqu’une famille quitte l’EVAM pour un appartement, ou qu’elle est renvoyée dans une autre pays.