Joël Yougbaré, curé de Djibo, a été pris en otage dimanche dans le nord du Burkina Faso, à la frontière malienne, dans une zone devenue le fief de différents groupes djihadistes. Son enlèvement intervient un mois après l’assassinat d’un prêtre espagnol survenu dans l’est du pays, alors qu’en septembre dernier, et au Niger voisin, c’est un missionnaire italien qui était victime de rapt. La Bâloise et missionnaire Béatrice Stockly, enlevée au Mali, est toujours otage – et depuis 3 ans maintenant – du groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). On est toujours sans nouvelle également du médecin australien Ken Elliott, ainsi que de l’Américain Jeff Woodke, deux évangéliques enlevés également en 2016. Rien de nouveau non plus en ce qui concerne la Française Sophie Pétronin, enlevée la même année au Mali, ou de Gloria Cecilia Narvaez Argoti, une religieuse colombienne, enlevée il y a deux ans, au Mali également.
Le Burkina dans la tourmente djihadiste
Joint à Bamako, la capitale malienne où il est réfugié depuis plusieurs années à cause de la menace terroriste, le pasteur Bouya Yattara de Tombouctou indique qu’« il y a une hausse généralisée de l’insécurité dans toute la région sahélienne ». D’après lui, le Burkina Faso serait aujourd’hui « plus dans le rouge que le Mali ». Peut-être parce que ce pays a trop joué les bons offices dans ces questions liées aux otages, avance-t-il. Lors de son premier enlèvement en 2012, Béatrice Stockly avait d’ailleurs bénéficié de l’intermédiaire des autorités de Ouagadougou pour sa libération.
Des hypothèses en guise d’explication
Mais pourquoi ces enlèvements de personnes liées aux églises ? Deux hypothèses peuvent être avancées. La première c’est que les ravisseurs imaginent que derrière une personnalité ecclésiastique, il y a sans doute une communauté ou une institution prête à payer pour sa libération. La seconde se trouve sans doute dans la revendication vidéo du deuxième enlèvement de Béatrice Stockly, où AQMI faisait clairement référence au ministère de la Suissesse. Il annonçait avoir enlevé « cette mécréante évangélisatrice qui, par son travail, a réussi à faire sortir de l’islam nombre de fils musulmans. »
Gabrielle Desarzens