L’objectif de cette spécialité vaudoise est de pouvoir exercer l’aumônerie dans les établissements sanitaires et pénitentiaires du canton ; et d’entretenir des contacts réguliers avec l’Etat. Pour Béatrice Métraux, cheffe du Département des institutions et de la sécurité (DIS), cette reconnaissance mutuelle est très importante et garantit un meilleur vivre ensemble dans une société toujours plus multiculturelle.
Musulmans dans le collimateur de l’UDC
Des détracteurs de cette reconnaissance originale se font toutefois entendre. L’Union démocratique du centre (UDC) prévoit le lancement d’une initiative en janvier prochain. Pour Kevin Grangier, secrétaire général de ce parti sur Vaud, cette reconnaissance d’intérêt public risque en effet d’être instrumentalisée par ce qu’il appelle les intégristes. Dans un discours prononcé à l’occasion du dernier congrès de l’UDC Vaud le 7 octobre 2016, il s’est montré des plus explicites : les musulmans pourraient selon lui revendiquer des aménagements afin de rendre la société vaudoise plus conforme aux préceptes de leur religion.
Eviter les ghettos
Mais selon Béatrice Métraux, la loi et son règlement d’application ne permettent aucune dérogation possible. A Kevin Grangier qui brandit le spectre d’une société parallèle de type clanique, elle rappelle que, dès le départ, l’ordre juridique suisse est reconnu, que cette reconnaissance d’intérêt public permet d’intégrer dans la société les différentes communautés et de, justement, ne pas en faire des ghettos. L’idée est bien au contraire de renforcer la cohésion sociale et le dialogue interreligieux.
Quid des évangéliques ?
Les évangéliques ont à plusieurs reprises manifesté leur intérêt à cette reconnaissance qui leur permettrait de pouvoir exercer dans le canton de Vaud une aumônerie reconnue en milieu hospitalier et médico-social, ainsi que dans les prisons. Ils auraient aussi la possibilité d’être consultés officiellement sur les questions qui les concernent de près et sur les questions religieuses. Dans cette optique, la Fédération évangélique vaudoise (FEV) doit notamment remanier ses statuts comme ceux de certaines Eglises locales.
Gabrielle Desarzens