Elle chante du gospel au Maroc. A Fès en 2004, au Festival des musiques sacrées. Dans un contexte musulman, elle porte haut l’étendard du negro-spiritual et du gospel, source de toutes les musiques noires américaines contemporaines.
« Blessed are the Peacemakers ! »
Liz Mc Comb vit aujourd’hui à Paris. Cette diva du gospel ne limite pas sa musique aux arrière-salles de paroisse ou d’église. Elle veut le gospel sur la place publique, dans les salles de concert les plus diverses et les plus populaires. Cette Américaine, native de Cleveland (Ohio), croit dur comme fer que le message que véhicule sa musique peut apporter une contribution décisive à la paix. « Heureux les artisans de paix !» (« Blessed are the Peacemakers ! »), son dernier tube, tout droit inspiré du Sermon sur la montagne de Jésus, annonce que les « pacificateurs » seront appelés « fils de Dieu ». Jusque dans les conflits qui broient les humains et leur font ériger des barrières de haine ou d’indifférence les uns à l’endroit des autres.
A Bethléem ou à Paris, dans la salle de l’Olympia au milieu de SDF... elle chante, convaincue que « nous ne pouvons pas faire la paix avec nos voisins, si nous ne sommes pas en paix avec nous-même ». Liz Mc Comb n’a pas toujours ressenti cette paix intérieure. Jusqu’à ce qu’elle quitte les siens et s’installe en France dans les années 80, elle vit cette paix par procuration. Elevée dans une famille chrétienne, la jeune Liz se définit avant tout comme une « fille qui veut faire la fête ». « J’allais souvent à l’Eglise, mais on ne trouve pas toujours Dieu dans les Eglises ». Ce qui la branche, c’est la musique : le blues et le jazz. Au fil des années, la pratique du violon, du piano et du chant lui permet de s’approcher un peu de Dieu. « La musique est quelque chose de tellement spirituel que je peux chanter du jazz ou entendre « Le Messie » de Haendel et sentir la présence de Dieu. Un Psaume de l’Ancien Testament ne dit-il pas que Dieu habite nos louanges ? »
La paix ? D’abord une conquête individuelle
En fait, elle découvre cette paix intérieure après avoir quitté les Etats-Unis. Eloignée de sa famille, avec peu d’argent en poche, Liz Mc Comb connaît des années de galère en Europe. Elle « apprend Dieu toute seule en France ! J’avais toujours été introduite à Dieu par ma famille, explique-t-elle, être seule m’a appris à le vivre, à le dormir, à le manger... »
La solitude, un chemin qui mène à la paix intérieure ? La chanteuse de gospel Liz Mc Comb en est persuadée. Et c’est même, selon elle, une chance à saisir ! « Cette solitude que personne ne peut ressentir à notre place, c’est le début de quelque chose de grand ! » Elle l’a vécu personnellement durant ses premières années en Europe. Dans sa quête de paix, elle cherche à remplir ce vide intérieur de toutes sortes de manières. « Par l’alcool... mais cela ne vous aide pas ! Quand l’effet du bourbon ou du scotch disparaît, votre sentiment de solitude revient de plus belle ! » Liz Mc Comb cherche aussi à combler ce vide existentiel par le sexe. « Lorsqu’on se sent seule, on se dit que si on trouvait un « mec » bien, ça supprimerait passablement de difficultés... Mais là n’est pas la réponse au vide spirituel qui nous habite ! »
Liz Mc Comb apprend alors à faire une place à cette solitude et à l’habiter par la prière. « Quand j’ai essayé de vivre ma solitude en présence de Dieu, j’ai ressenti un amour extraordinaire venir en moi, un amour plus grand que la distance qui nous sépare des étoiles... et aussi petit et tendre qu’un bébé qui vient de naître. » Depuis lors, elle apprend l’écoute de Dieu. Elle essaie d’entendre cette voix intérieure qui, parfois, lui murmure des intuitions. « Le Saint-Esprit n’arrive jamais en vous tapant sur la tête... Il parle dans le silence ! » Et Liz Mc Comb de témoigner d’expériences d’écoute des chuchotements de Dieu, datant d’hier et d’aujourd’hui. « Au début de ma carrière en Europe, j’avais besoin de jolies chaussures pour me produire sur scène et je n’en trouvais pas qui conviennent à mes pieds. J’ai prié le Seigneur et il m’a indiqué où trouver la paire qui me conviendrait. » Mais Liz Mc Comb se dit que l’endroit chuchoté ne peut offrir des chaussures à son goût. Elle fait de nombreux magasins. Sans rien trouver. De guerre lasse, elle se rend dans le magasin dont la voix intérieure lui avait parlé et découvre chaussures à son pied !
« Trois chants... et pas un de plus ! »
L’Esprit du Seigneur lui parle aussi à l’occasion des concerts qu’elle donne aux quatre coins du monde. Mi-mai 2004, elle chante du gospel à Paris, lors du repas de gala d’un congrès des maires des plus grandes villes du monde. Elle reçoit la consigne : « Trois chants... et pas un de plus ! » Elle commence par un classique de la musique noire : « Let my people go ». Puis chante son dernier tube : « Peacemakers », avant d’interpréter un air plus léger tiré du patrimoine New Orleans. Les maires des plus grandes villes du monde sont emballés. Ils applaudissent à tout rompre. Mais une voix à l’intérieur d’elle-même l’invite à ne pas en rester là. Elle hésite, puis se résout à descendre de scène. Un Africain du Sud vient tout de suite à sa rencontre. Il lui exprime sa reconnaissance. Et Liz Mc Comb de lui expliquer qu’à l’occasion de la libération de Nelson Mandela elle a écrit un chant. Le maire sud-africain ne tient pas en place. Il veut entendre la chanson. Liz Mc Comb remonte sur scène et s’exécute. « Au moment où j’ai commencé à chanter à nouveau, raconte-t-elle, les participants à ce dîner de gala se sont levés de leur siège. » Debout dans les couloirs autour des tables, ils se sont donné la main et ce fut un moment extraordinaire ! « Si je n’avais pas été disponible à cette voix intérieure, nous aurions passé une bonne soirée ensemble. Mais là ce fut un moment exceptionnel ! Alors pourquoi passer de bonnes soirées ensemble, quand on peut en avoir d’extraordinaires... »
Serge Carrel