Edith Tellenbach : après le mongol, la formation artisanale

mardi 27 janvier 2009
Elle prévoyait de vivre en France et d’amener des équipes de jeunes en Mongolie pour évangéliser les nomades. Elle se retrouve à apprendre une langue extrêmement difficile... et se lance dans un projet de formation artisanale au milieu des steppes. Témoignage.

J’ai été «rattrapée par la mission», avoue Edith Tellenbach, rentrée en congé l’été dernier après un séjour de deux ans en Mongolie. Edith est une «jemienne» de longue date : c’est en 1996, au cours d’un voyage missionnaire au Kamtchatka dans le cadre d’une école de formation de disciples de Jeunesses en mission (JEM), que le Seigneur « dépose dans son cœur un fardeau pour le servir en milieu pionnier ». Elle travaille dès lors en France, attachée à la base de St-Paul-Trois-Châteaux. Un jour, elle est fascinée par des images du magazine GEO. Ces grandes plaines de Mongolie, ces nomades sous tente, ça la tente ! Elle décide de mettre quelque temps à part, pour accompagner des équipes prêtes à s’investir pour ces régions de nomades, en apportant un peu d’aide et en partageant l’Evangile.
Elle effectue au printemps 2000 un premier voyage exploratoire, suivi de quatre visites pour accompagner des équipes d’étudiants d’une école de disciples. Sa vocation pour la Mongolie se confirme. Elle veut se consacrer à ce pays, mais n’est pas encore prête pour y vivre à long terme. Elle envisage un séjour à «moyen terme» pour apprendre la langue, et continuer ensuite à mobiliser des jeunes pour la Mongolie. Son but est «l’évangélisation des nomades jusqu’à ce que les valeurs chrétiennes soient vécues par ce peuple».

Quand les portes semblent se fermer
Sans doute rêvait-elle. Le mongol est une langue très difficile, avec des déclinaisons et des conjugaisons compliquées, des «cas» comme en latin, des suffixes et des infixes... Une année ne suffit en tout cas pas pour la maîtriser. Au retour de son premier séjour de deux ans, Edith s’étonne : «Qu’est-ce que ça a passé vite !» Pourtant, la première année, c’était vraiment dur. «J’ai appris la persévérance, confie-elle. Et le miracle s’est produit. J’aime cette langue.» Maintenant, elle se débrouille pour la conversation courante. Pour aller plus en profondeur, il y a encore du travail !
Partie avec JEM, Edith Tellenbach a travaillé en Mongolie sous le chapeau de JCS (Joint Christian Services), une organisation chrétienne qui coordonne les différentes ONG sur place. Les premiers temps, elle a eu son lot de frustrations, et s’est heurtée par moments à des portes fermées, comme ce village qu’elle avait appris à connaître et où elle avait le projet d’aller s’établir. «Il y a eu des temps difficiles, notamment ce moment où tout ce que j’avais à cœur semblait se volatiliser... On est à genoux!»

Dieu préparait un ministère qui lui corresponde
Et un jour, une lumière dans l’obscurité. Une ONG travaillant au développement économique par la création de micro-entreprises invite Edith à animer un atelier de fabrication de bijoux dans un village. «Je me suis éclatée dans cette activité, reconnaît Edith. J’étais très à l’aise dans ce groupe. Et j’ai été fascinée par l’impact que cela avait sur ces femmes et par la manière dont elles étaient ainsi valorisées». C’est un peu une révélation. Les pièces du puzzle se mettent ensemble. Fleuriste de profession, Edith avait bien des fois demandé à Dieu dans ses prières ce qu’elle faisait en Mongolie! Elle découvre maintenant comment ses dons de créativité peuvent s’exprimer. «J’ai compris à ce moment que Dieu préparait quelque chose qui me corresponde vraiment.» Ce qui bouillonnait dans son cœur depuis quelques années, son désir d’un impact sur la société par l’intégration des principes du Royaume de Dieu, commence à prendre forme.
En été 2007, JCS lui demande de visiter les différents ministères. Bientôt un projet se dessine : lancer à Altaï un centre de formation pour l’artisanat local. Altaï est une petite bourgade de 14 000 habitants, capitale de la province de Gobi Altaï. On est en plein désert, à 1000 km de la capitale – deux jours de voyage sur des pistes. A cette époque, il n’y a encore aucune ONG sur place, et les besoins sont importants. Le climat est rude : -40° en hiver et +35 en été... pratiquement pas de légumes ni de cultures. La population vit presque exclusivement de l’élevage dans des steppes immenses.

Des défis pour 5 ans...
Edith Tellenbach se réjouit beaucoup de ce nouveau projet, prévu pour 5 ans à partir de janvier 2009. Les défis sont de taille! Il faudra trouver des fonds et des personnes. Le but est d’améliorer les conditions de vie et la vie sociale des populations les plus défavorisées. Mais les défis sont grands. L’isolement, la nourriture, le climat… et quelques soucis de santé.
Nos prières l’accompagnent pour qu’elle puisse réaliser cette vocation de partager l'Evangile en se mettant au service des nomades des steppes.

Silvain Dupertuis

Edith Tellenbach est une envoyée de l'Eglise évangélique des Amandiers à Lavigny, où elle a été co-responsable du groupe de jeunes avant de s’engager avec Jeunesse en mission en 1996. Elle est missionnaire affiliée de la FREE depuis 2004.

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