Le jeudi 30 octobre, Saïd Oujibou est à Morges avec son spectacle « Liberté, égalité, couscous »

lundi 27 octobre 2008
Il est "multi-casquette" ! Ce Franco-Marocain vit dans la banlieue sud de Paris. Il travaille comme consultant en violences urbaines. Il est pasteur et, depuis peu, comédien ! 3 casquettes qu’il arbore dans les différents lieux où il intervient. Saïd Oujibou compte parmi ces quelque 10'000 Maghrébins qui, en France ces dernières années, sont devenus chrétiens. Il donnera son spectacle « Liberté, égalité, couscous » le 30 octobre à l'Eglise évangélique l'Oasis à Morges.

« Mon spectacle est un essai de réconcilier deux mondes qui s’ignorent. » Saïd Oujibou est un pasteur français d’origine marocaine qui travaille au sein de la Fédération des Nord-Africains chrétiens de France (FNACF). Il donne dans le « one man show » avec un spectacle intitulé « Liberté, égalité, couscous ». C’est l’occasion pour lui de retracer son parcours de vie : du bled marocain à son installation dans les Vosges avec sa famille, pour y chercher « le lait, le miel... et le travail », comme il le dit avec une pointe d’accent maghrébin.

Un témoignage qui porte
La vie dans les Vosges est loin d’être facile pour le jeune Saïd. « Adolescent, je me suis battu contre un voisin tunisien. L’altercation déclenche une émeute entre nos familles et ma mère se retrouve à l’hôpital ». Des voisins chrétiens proposent alors au père de Saïd de s’occuper des plus petits de la famille Oujibou. « Très honnêtement, relève Saïd, dans les années 80 et dans les Vosges, c’était la première fois que l’on voyait des Français venir chez nous et garder nos frères et soeurs ! » Une amitié se tisse alors entre les deux familles. Et l’une des soeurs de Saïd Oujibou découvre le Christ au travers de cette famille chrétienne. « Pour nous, cette conversion a eu l’impact d’une fin du monde, se rappelle le pasteur de la FNACF. On n’avait plus qu’une envie : se cacher et retourner définitivement au pays, tellement nous étions humiliés ! »

Un espion qui devient disciple de Jésus
La soeur de Saïd est battue. On lui intime l’ordre de renoncer à sa foi naissante. On lui fait déchirer la Bible. Mais rien n’y fait. Elle demeure attachée à la personne de Jésus. M. et Mme Oujibou demandent alors à Saïd d’accompagner leur fille à l’Eglise et de l’espionner. Saïd obtempère. A son tour, il devient chrétien. « A l’époque, j’étais un vrai pit-bull des banlieues, se souvient Saïd Oujibou. Lorsque mes parents ont vu la transformation qu’avait produite en moi l’Evangile, ils m’ont laissé tranquille ». La maman de Saïd ira même jusqu’à dire à un responsable de la mosquée qui la questionnait sur le parcours de son fils : « Je préfère voir Saïd comme il est maintenant, plutôt que comme il était avant ».
Aujourd’hui Saïd Oujibou est un peu la pointe de l’iceberg d’un mouvement qui prend de l’ampleur dans l’Hexagone : il y aurait chez nos voisins 10'000 chrétiens d’origine maghrébine. 6'000 rattachés à l’Eglise catholique et 4'000 aux Eglises réformées et évangéliques. Le pasteur de la FNACF participe à l’animation de ce mouvement, notamment en visitant et en créant des groupes « Oasis ». Ces groupes accueillent des personnes d’origine maghrébine pour témoigner de l’Evangile de Jésus-Christ dans leur culture. La plupart de ces « Oasis » ont des liens étroits avec des Eglises évangéliques.

Un besoin de grand air !
Mais Saïd Oujibou ne reste pas calfeutré dans des arrière-salles des locaux d’Eglise. Il aime le grand air. Et notamment le travail pour le bien des banlieues. Grâce à sa formation d’éducateur, il est devenu ces dernières années « consultant en violence urbaine ». De l’expérience, il en a. Il a vécu adolescent dans des banlieues difficiles. Par la suite, il habite à Trappes pendant quelques années. Et des mairies l’appellent et lui demandent d’intervenir dans des situations délicates.
Dernièrement, il est intervenu à Trappes dans un centre commercial. « Des jeunes passaient leur temps appuyés contre les murs d’un magasin, raconte-t-il. Ça nuisait aux ventes de la boutique et le directeur du centre commercial ne savait pas comment s’en sortir ». Saïd Oujibou est sollicité. Il rencontre les jeunes, discute avec eux et propose l’élaboration d’un projet qui favorise la rencontre entre ces jeunes et les responsables du centre commercial. Ce sera un chantier éducatif qui vise à repeindre certaines barres et poteaux métalliques du centre commercial. Contre ce travail, le centre s’engage à débloquer des fonds pour que ces jeunes puissent partir en vacances. « Beaucoup de préjugés sont tombés, tant du côté des jeunes que du côté de la direction de ce centre commercial, de par le simple fait d’avoir collaboré à la réalisation d’un projet. »
Saïd Oujibou est aussi régulièrement sollicité, lorsque cela « chauffe » dans certaines banlieues du sud de la France, entre tziganes et maghrébins notamment. Son job de pasteur lui donne un accès facilité aux tziganes qui, pour certains, sont proches des Eglises pentecôtistes et en même temps ses origines d’Afrique du Nord facilitent grandement sa rencontre des Maghrébins.

Avocat des banlieues et du libre choix en matière religieuse
Ces activités de consultant en violence urbaine nourrissent des contacts interreligieux. Ces dernières années, Saïd Oujibou a été régulièrement invité à participer à des tables rondes sur les conditions de vie dans les banlieues. Organisées notamment par les Scouts musulmans de France, un mouvement de sensibilité soufie, proche du Cheikh Khaled Bentounès, ces rencontres permettent à Saïd de s’afficher comme aumônier protestant. Chaque fois il crée la surprise et beaucoup de jeunes s’exclament : « C’est la première fois que l’on rencontre un musulman qui est devenu chrétien ! »
Dans ce contexte-là, Saïd n’a pas sa langue dans sa poche. Il plaide la cause des banlieues et dénonce le délit de faciès et le délit d’adresse, ces discriminations qui font que si vous êtes maghrébin, issu de certains quartiers, vous essuierez toujours un refus lors du dépôt d’une demande d’emploi.
Saïd Oujibou n’hésite pas non plus à poser la question de son statut d’ancien musulman converti à la foi chrétienne. En terre musulmane, il pourrait être accusé d’apostasie. Et dans les pays qui appliquent la charia, mis à mort comme le demandent certaines paroles du Prophète Muhammad qui ne figurent pas dans le Coran. « Là où l’islam est en situation minoritaire, les convertis au christianisme n’ont rien à craindre, explique Saïd Oujibou. En Europe, nous devons toutefois nous battre pour que la liberté de choisir sa religion soit constamment réaffirmée et aussi exigée de la part des Etats où elle n’existe pas ! »

Un « one man show » qui fera réfléchir chrétiens et musulmans
Au travers de son spectacle « Liberté, égalité, couscous ! », Saïd Oujibou, comédien dans l’âme et dans la sang, fait voyager les spectateurs. « J’essaie de les amener à découvrir mon identité, explique-t-il, et de leur faire vivre ce que j’ai vécu. Mais aussi de rapprocher des mondes qui vivent souvent dans l’indifférence l’un à l’endroit de l’autre. » Et ça marche ! Saïd Oujibou parvient à faire naître chez les Européens de souche une affection profonde pour ces immigrés venus du bled et à la forte natalité ! Il réussit aussi à interpeller les personnes d’origine musulmane sur un Jésus qui n’est pas le monopole de la culture occidentale. « La religion blanchit la surface, lâche Saïd Oujibou, provocateur. Et j’ai vécu de nombreuses années avec une surface bien blanchie et bien polie... Jésus, lui, transforme le coeur ! »

Serge Carrel

Une émission de radio avec Saïd Oujibou

Le 11 février, l'émission "Hautes Fréquences" sur RSR-La Première a proposé un reportage avec Saïd Oujibou. En compagnie de Serge Carrel, Saïd Oujibou visite les Tarterêts en banlieue sud de Paris. Présentation: Nathalie Baud.

Ecouter l'émission.

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