Ça y est, Griséldis Réal, célèbre courtisane, écrivaine et peintre genevoise aura une place à son nom. Je n’objecte pas en soi à ce qu’on l’honore, je crois à la dignité de toutes les personnes, je sers un Jésus qui faisait bon accueil aux prostituées, et le combat pour leurs droits mérite d’être honoré.
Cet acte de nomenclature s’inscrit cependant dans un courant plus large visant à respectabiliser le sexe tarifé. On veut en faire un métier comme un autre et parler de travailleurs du sexe. On met en avant quelques témoignages de personnes heureuses et fières dans cette activité.
Une intention progressiste?
Tout cela se pare des meilleures intentions progressistes. Ce n’est cependant qu’un vernis pour couvrir une réalité sordide, et n’améliore que la bonne conscience des clients et de tous ceux qui laissent faire. On argue que tous les travailleurs emploient leur corps contre rémunération. On veut y voir un service comme un autre, comparable aux soins d’un physiothérapeute. Mais pensez au choix de métier de votre fille, sœur ou mère et voyez si prostituée vous fait le même effet que physio !
On veut voir un échange économique comme un autre, en oubliant que l’argent est un moyen de pouvoir. La prostitution, c’est en majorité des hommes qui utilisent leur pouvoir économique pour exploiter le corps des femmes. Sans compter que les proxénètes, réseaux et tenanciers raflent une belle part du chiffre d’affaire. Et c’est dans le meilleurs des cas, quand l’aspect économique est la seule contrainte.
Une institution alimentée par un trafic humain
Il y a en effet tout un trafic d’êtres humains qui alimente cette honteuse institution. Combien de femmes pauvres sont attirées depuis l’Afrique ou l’Europe de l’Est par de fausses promesses puis menacées, violées et séquestrées pour assouvir nos si respectables désirs ? Combien d’enfants livrés à la prostitution ? Combien de violence et d’actes dégradants subis par les forçats du sexe ? Combien de prostituées qui n’attendent qu’une issue viable pour changer d’occupation ?
La pleine valeur du sexe, seulement quand il est offert librement
D’un côté, les consommateurs sont aussi à plaindre, eux qui paient pour acheter ce qui n’a de valeur que librement offert. Le sexe trouve sa pleine valeur comme ingrédient d’une union durable impliquant deux personnes dans tout ce qu’elles sont, physiquement, émotionnellement, intellectuellement et socialement. Le corps et la personne ne font qu’un, croire que l’on peut s’unir à un corps sans conséquences pour la personne est une illusion. Le sexe sans amour blesse et blesse tout le monde.
Respect et aide pour les prostituées
Cependant, c’est le client qui est en position de force, s’il est pitoyable, il devrait surtout avoir honte de ce droit qu’il prétend acheter sur le corps de l’autre, de ce trafic qu’il alimente. Montrons du respect aux prostituées, oui, absolument ! Mais en leur permettant de sortir de ce système sordide. Et ne prenons plus prétexte du progrès ou de l’ouverture d’esprit pour déculpabiliser le recours à la prostitution. Rappelons-nous que les travailleurs du sexes sont de vraies personnes, qui ont droit à mieux que de vendre leur corps.
Pour des données chiffrées sur le système prostitutionnel: Rapport mondial sur la prostitution