« Les entreprises essayent toujours plus de pousser les employés à davantage de performances. Et ces derniers cherchent pour leur part un meilleur équilibre de vie. Les intérêts sont fondamentalement divergents », analyse Stéphane Wiszniak, entrepreneur vaudois et fondateur de l’association All in one job (voir portrait).
Pour Anne-Marie Husson, responsable du réseau professionnel chrétien C-Proactif, la crise Covid a exacerbé le désenchantement face au travail : celui-ci prend trop de temps, est de plus en plus fragmenté ; et le cycle d’exploitation sans limite de l’économie sonne faux face aux urgences climatiques. « Toutes ces raisons créent un tiraillement entre les valeurs personnelles des individus et ce que le monde du travail leur propose », relève la responsable française, qui a par ailleurs occupé un poste de cheffe de projet dans la formation professionnelle. Elle explique également l’épuisement mental des salariés par la digitalisation de tous les processus, qui place l’humain dans une boucle robotisée.
Retrouver un sens à son travail
« Les travailleurs, eux, veulent retrouver du sens à leur travail, mais aussi vivre dans l’ici et maintenant. Et pas seulement attendre une hypothétique retraite », constate encore Anne-Marie Husson. En créant l’association C-Proactif, son objectif était de redonner au travail sa dimension spirituelle : « Le travail n’est pas une malédiction mais un mandat qui fait de nous des co-ouvriers avec Dieu dans le champ de sa Création ». En d’autres termes, il s’agit de considérer le travail comme un envoi de l’Eglise tout entière dans tous les secteurs professionnels pour les bénir de l’intérieur. C-Proactif encourage donc les chrétiens à choisir de faire de leur travail un ministère et leur propose des ressources dans ce sens (notamment des séminaires en ligne), en concertation avec les Eglises intéressées.
Un accès gratuit à un service RH
En fondant All in one Job en 2019, la vision de Stéphane Wiszniak était différente : donner gratuitement accès à un service Ressources Humaines à tout chrétien de la région romande. Tous les mois (sauf l’été), l’association organise à Morges, à l'Eglise FREE de l'Oasis, une soirée réunissant des chrétiens en recherche d’emploi ou en réorientation professionnelle et des dirigeants et des conseillers chrétiens du milieu professionnel. Dans un groupe, les participants reçoivent des conseils sur leur présence digitale, les entretiens d’embauche ou la discrimination liée à l’âge, par exemple. Dans l’autre, ils échangent leur témoignage, prient ensemble et s’encouragent. « Nous sommes une centaine dans l’association, avec des nouveaux chaque mois et quelques sortants. Une dizaine de personnes ont pu trouver du travail, certains ont même rejoint des entreprises dont les patrons sont chrétiens », se réjouit Stéphane Wiszniak.
Les entrepreneurs pas oubliés
Mais les salariés ne sont pas les seuls à bénéficier d’un soutien professionnel et spirituel. Initiée pendant la pandémie, SOS Entreprises – une branche de la Chambre internationale chrétienne de commerce (ICCC) – propose des interventions rapides aux chef·fe·s d’entreprise en difficulté. « Concrètement, nous les aidons à prendre de la hauteur et à pouvoir retrouver le cap avec le capitaine du bateau. Nous orientons toujours les personnes vers Jésus-Christ », explique Michel Koegler, chairman d’ICCC Suisse.
En 2022, deux cents micro-entreprises, PME, PMI et grands groupes de divers secteurs professionnels (finances, médias, agriculture, production industrielle, artisanat, etc.) auront reçu l’intervention des conseillers bénévoles de SOS Entreprises. Celle-ci organise aussi des workshops destinés autant aux entrepreneurs qu’aux employés.