Le clip d'un moment de louange avec Don Moen m'a donné quelques clés pour comprendre pourquoi Claude-Alain Baehler a lancé son pavé dans la mare dans le Vivre de mars 2013.
Ce clip m'a intéressé à cause de sa mise en scène et surtout, parce qu'il pourrait se dérouler dans la plupart de nos Eglises. Ce n'est pas un concert style Hillsong, avec des milliers de personnes. Or, nous avons souvent l'image Hillsong (ou autre grande Eglise) comme modèle. Ça donne donc de piètres copies, car peu de gens sont des professionnels sachant mener un public.
Un directeur de louange qui descend de son piédestal
Mais venons-en à l'analyse de ce clip avec la question suivante: pourquoi ce genre de prestation entraîne les participants dans la louange? A cause du professionalisme de Don Moen et de ses musiciens et choristes? Sûrement, mais l'explication n'est pas suffisante. A mon avis, la clé est dans la disposition des chanteurs-leaders: ils sont au milieu des participants. Ils ne font qu'un avec le groupe de croyants. Ils ne sont pas sur une scène et n'endossent donc pas l'habit de la « star » qui est sommée d'avoir une prestation à la hauteur. Il est important de copier le « monde » pour répondre aux aspirations culturelles des participants. Il faut parler leur « langue » pour les rejoindre, mais le chrétien doit en même temps contester le système culturel. Non pas en l'éliminant, mais en le « pervertissant » au profit de la vision chrétienne. Don Moen est descendu de son piédestal de « star » pour se mettre avec les gens, c'est ça, qui à mes yeux, le rend crédible, spirituellement parlant, et performant pour susciter des participants qui participent vraiment.
Construire une sonorité avant un discours
Je déteste ces moments de louange qui saucissonnent le contenu: un chant, un speech, un chant, un speech. Et la plupart du temps, on explique ce que le chant veut dire comme si on était des ignares pour comprendre le sens profond des paroles. Don Moen et ses musiciens construisent une sonorité avant de construire un discours. La plupart du temps, nos leaders de louange construisent un discours très raisonnable émaillé de chants. Comme par le passé !
Admirez chez ce concertiste la manière dont il fait « couler » le chant et ce qu'il dit dans le même flot. Un peu comme si on mélangeait un liquide d'une certaine couleur avec le liquide d'une autre couleur. Nous, nous faisons couler les « liquides » parallèlement, sans vraiment les mélanger.
Louangeur, descends de ton estrade pour rejoindre ton auditoire! Qu'est-ce qui t'empêche d'essayer?
Henri Bacher
Voir notre dossier autour de la louange.