Chantez pour le Seigneur de tout votre cœur

jeudi 09 décembre 2021

Il est important que, dans les Eglises, chaque chrétien ait la possibilité de chanter de tout son cœur. Cela participe à son édification personnelle, mais aussi à celle de la communauté. Le musicien et pasteur Sébastien Corn nous invite à donner sa juste place à la louange. Découverte.

« Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ! Instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres en toute sagesse par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantez pour le Seigneur de tout votre cœur sous l'inspiration de la grâce » (Colossiens 3.16).

Ce texte comprend une précision particulièrement importantes : « habite en vous dans toute sa richesse ». Cette expression indique qu’il existe une différence entre le fait « d’être en contact » avec la parole de Dieu et celui de laisser la parole « habiter pleinement » en nous.

Si je vous invite chez moi à prendre l’apéritif, vous allez venir et manger poliment ce que je vous aurai préparé. Vous allez aussi vous asseoir dans un endroit approprié du salon. Puis vous repartirez chez vous. Mais Paul nous demande autre chose. Lorsqu’il écrit : « Que la parole demeure pleinement chez nous », cela signifie que nous devons carrément lui donner les clés de la maison.

Si une personne vient habiter chez vous, elle va s’installer, accrocher ses tableaux aux murs, modifier le logement. C’est exactement ce que dit Paul lorsqu’il parle de la Parole de Dieu qui doit s’installer chez nous et modifier notre vie. De même, lorsqu’une jeune fille et un jeune homme fréquentent, il s’invitent régulièrement, se voient et apprennent à se connaître. Mais, après leur mariage, ils s’installent. Et lorsque madame prend possession du logement, elle le met à son goût, et monsieur doit s’adapter.

Une parole qui nous transforme

Lorsque la parole du Christ demeure pleinement en nous, elle prend donc possession de notre espace et change des éléments de notre vie. Est-ce que la Parole demeure en vous ? Ou l’invitez-vous seulement de manière occasionnelle, lorsque cela vous arrange ?

Lorsque nous ne laissons pas la parole nous changer, nous finissons par considérer la vie chrétienne comme une sorte de « buffet » où il est possible de choisir ce qui nous arrange, ce qui nous convient. Par exemple, nous choisissons un passage à propos de la paix de Dieu : « La paix de Dieu, qui surpasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera votre cœur et votre pensée sous la protection de Jésus-Christ » (Phil 4.7). Ou alors : « Je connais les projets que j’ai conçus en votre faveur, déclare l’Eternel. Ce sont des projets de paix et non de malheur » (Jé 29.11). Nous aimons de tels versets. Nous choisissons ainsi un peu de paix, de joie, de salut ou de pardon des péchés. Mais Dieu nous demande de nous asseoir poliment à sa table et de manger tout ce qu’il a préparé et servi dans nos assiettes. Si la parole de Dieu ne nous change pas, nous en restons à la recherche de bénédictions et de sensations de bien-être. Pourtant, notre vie doit être changée selon les principes de Jésus-Christ.

Mais ce n’est pas tout ! Lorsque nous ne laissons pas la parole nous changer, nous nous retrouvons démunis dans l’adversité. L’ennemi vient avec des accusations, des demi-vérités et des mensonges, mais nous ne savons pas que répondre. Jésus, au contraire, connaissait la parole. Il en était pleinement habité. Et lorsqu’il a été tenté au désert, il a réagi en la citant : « Il est écrit ! »

Qu’en est-il de nous dans les combats de la vie, face à l’adversité ? Est-ce que nous sommes capables de réagir en nous appuyant sur la parole ? Par exemple : « Je sais, moi, que mon défenseur est vivant » (Job 19.25) ou « Si Dieu est pour nous, qui se lèvera contre nous ? » (Rm 8.31). Sinon, nous allons nous contenter de dire : « Je suis seul ! Dieu m’a abandonné ! Je ne sais pas trop en qui ou en quoi je crois ». Les chrétien les plus forts sont ancrés dans la parole de Dieu. Ils ne se contentent pas de choisir les émotions qui leur plaisent, en utilisant la parole de Dieu comme un « buffet ».

Mémoriser la parole grâce au chant

Si, comme Jésus, nous voulons être capables de répondre au moyen de la parole, nous devons d’abord avoir celle-ci en tête. Mais il n’est jamais facile de mémoriser. Du reste, c’est pourquoi nous avons placé dans la mémoire de notre smartphone une bonne partie de ce que nous devrions connaître par cœur. Ainsi, c’est Facebook qui nous rappelle les anniversaires que nous devrions connaître. Et nous en venons même à enclencher le GPS lorsque nous rentrons chez nous.

Parce qu’il est difficile de mémoriser, Dieu nous a donné une aide efficace. Il nous a donné le chant : « Instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres en toute sagesse par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels ». Pour Paul, il existe un lien entre le fait de connaître la parole, d’être habité par parole, et celui de chanter des hymnes et des cantiques spirituels.

Etes-vous capables de citer de mémoire le contenu de cinq prédications entendues ces derniers temps ? Etes-vous capables de citer cinq versets consécutifs de la Bible ? Etes-vous capables de réciter Philippiens 2 ? Probablement pas ! Par contre, lorsque la Bible est mise en musique, vous la connaissez. En effet, la musique a un pouvoir émotionnel qui peut nous marquer à vie.

Le théologien Saint-Augustin a dit : « Celui qui chante prie deux fois ». En effet, celui qui chante imprime en lui ce qu’il est en train de chanter. C’est pourquoi il est très important de chanter la parole en toutes circonstances : lorsque nous sommes à l’église, lorsque nous sommes seuls chez nous, lorsque nous sommes dans le trouble et la bataille. La parole demeure en nous grâce au chant.

Dans l’histoire de l’Eglise, le chant a toujours eu une place. Les premières communautés chrétiennes chantaient à fond, en même temps qu’elles étaient remplies de l’Esprit de Dieu. Par la suite, les chrétiens on complexifié la musique, afin de l’améliorer. Probablement dès le VIIe siècle, une Schola Cantorum a été créée à Rome. Il s’agissait d’une école qui formait des chantres professionnels. La polyphonie gagnait en complexité. Certains motets comprenaient jusqu’à douze voix, c’était extraordinaire !

Lorsque le chant est confisqué

Pourtant, en cherchant à améliorer la musique, l’Eglise l’a complexifiée au point que les fidèles ont cessé de chanter. Ils n’en étaient plus capables. La musique a donc été déléguée à des professionnels. Les fidèles se contentaient de regarder une équipe de professionnels qui chantaient de manière magnifique. Au XIIIe siècle, la musique des Eglises d’Occident était très élaborée. Mais les gens ne chantaient plus. Et cette évolution a coïncidé avec une baisse de la ferveur.

Il y a toujours eu un rapport entre la ferveur spirituelle et le fait que les chrétiens chantent. C’est pourquoi, des réformateurs comme Luther et Calvin ont débarrassé la musique d’Eglise de ses fioritures, afin de revenir à un chant simple et accessible à tous les chrétiens.

Dans votre Eglise, combien de personnes ont-elles de la peine à chanter des chants un peu complexes ? Alors, elles ne chantent pas, et le culte ressemble à un concert. Pourtant, le culte n’est pas un concert, mais une assemblée qui proclame sa foi, y compris par le chant ! Si nous empêchons les chrétiens de chanter dans l’Eglise, parce que les chants sont trop complexes, nous connaîtrons à coup sûr un déclin spirituel !

Lorsqu’une communauté chante de tout cœur, ils se passe quelque chose sur le plan spirituel. Les gens sont passionnés. Mais lorsque les participants au culte ne chantent pas, c’est un signe que l’Eglise ne se porte pas bien. Ce n’est pas le seul signe. Mais c’est à la fois un symptôme et un déclencheur.

Ramenons donc le chant dans nos Eglises. Mais les gens de nos communautés ne sont pas des musiciens ; ils ne sont pas bons musicalement. Les responsables de la louange doivent donc veiller à ce que les participants aux cultes puissent chanter sans se décourager. Ils doivent en particulier éviter de choisir des chants aux rythmes trop compliquées, sinon ils perdent automatiquement la majorité des chrétiens.

Tous sont appelés à chanter

Dans l’Eglise, tous sont appelés à chanter, sans exceptions. Peut-être avons-nous une vilaine voix, alors nous n’osons pas. Mais nous ne chantons pas pour montrer notre belle voix ! Trop d’Eglises se résignent et acceptent que les chrétiens ne chantent pas parce que le niveau musical est trop élevé. Pourtant, elles ne devraient jamais sacrifier le chant en Eglise au profit de l’excellence et de la créativité.

Comme responsable musique, je veille à ce que les participants au culte vivent une expérience spirituelle intense, musicalement excellente, culturellement pertinente. Mais, avant tout, je regarde si les gens ont participé activement en chantant. Lors de débriefings avec les musiciens, je pose toujours la question : « Comment ce moment de louange s’est-il passé ? » Et les musiciens me répondent : « C’était beau ! Nous avons bien chanté et bien joué ». Alors je reviens à ma question : « Les gens ont-ils chanté ? » Parce que cela est prioritaire.

Je suis très attaché à la recherche de l’excellence et à la créativité en matière de musique et de louange. Mais, parfois, cela empêche les gens de chanter ensemble, et la parole de demeurer pleinement en eux. Paul n’écrit pas : « Ecoutez la belle musique que les musiciens produisent tout seuls, sur l’estrade, le dimanche matin ». Il dit : « Chantez pour le Seigneur ».

Paul écrit aussi : « Instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres »… au pluriel ! S’il y a un mot que nous avons perdu dans nos Eglises, c’est le « nous ». Nous louons Dieu en disant constamment « je » : « Je te loue ! Viens me remplir, moi ! J’ai besoin de toi ! J’ai, j’ai, j’ai ! Moi, moi, moi ! » Nous pratiquons une louange à la mode de la chanteuse étasunienne Britney Spears : « Gimme More » (« Donne m'en plus »). Moi, moi, moi, Seigneur ! 

La Parole de Dieu n’est pas contre le « moi », et David dit souvent « je » dans ses psaumes. Mais il ne faut pas enlever le « nous », il ne faut pas le sacrifier au profit du « je ». Lorsque nous chantons, nous nous édifions, mais nous édifions aussi les autres.

La connaissance de Dieu passe par le chant

Souvent, la seule théologie que les chrétiens connaissent, la seule doctrine qu’ils retiennent, est celle qu’ils ont apprise en chantant. Voilà pourquoi il est si important que les compositeurs écrivent des chants vraiment solides. Les chants doivent être saturés de l’Evangile et de la révélation biblique. Les chants doivent citer ou paraphraser la Bible, parce que les chrétiens ont besoin de proclamer les vérités de l’Evangile dans leur vie. Les chants bâtissent la foi autant que les prédications.

Lorsque Paul écrit : « Chantez pour le Seigneur de tout votre cœur », il nous demande d’être pleinement impliqués dans le moment, comme si ce temps de louange était le dernier. Il nous demande de louer au maximum de ce que permet notre personnalité plus ou moins expansive ou réservée. Il nous demande de vivre la louange dans un état d’esprit semblable à celui que nous aurions si notre équipe nationale venait de gagner la coupe du monde de football.

Sébastien Corn

 

Note
1 Mise par écrit d’une intervention de Sébastien Corn au Stage artistique de Gagnières (F), en 2018, organisé par l’association Psalmodia (www.psalmodia.net).

Retrouvez ce message de Sébastien Corn, ainsi que d’autres, sur DieuTV .

  • Encadré 1:

    Sébastien Corn

    square S CornSébastien Corn est pasteur et responsable de la musique dans l’Eglise évangélique « La Chapelle », une communauté pentecôtiste de Montréal, au Canada. Il dirige également le groupe musical « Impact », issu de l’Eglise « Nouvelle vie », une megachurch évangélique pentecôtiste située à Longueuil, dans la banlieue de Montréal. Licencié en théologie, chanteur, auteur, compositeur et producteur, Sébastien Corn est marié à Myriam et père d’un enfant.

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