« J'aime la twitthomélie, explique David Richir, 34 ans, pasteur dans l'Eglise évangélique de l'Oasis, à Morges (FREE). Il s'agit d'envoyer par Twitter une méditation écrite en 140 caractères au maximum à mes abonnés. C'est chaque fois un petit défi stimulant. »
Lorsqu'il dispose d'un moment et d'un peu d'inspiration, c'est-à-dire environ cinq fois par semaine, David Richir empoigne sont smartphone et envoie par Twitter un verset biblique ou une pensée, parfois une annonce ou un gag. Son statut de pasteur l'oblige cependant à veiller au contenu qu'il publie et à ne pas transmettre d'informations trop privées.
Le pasteur de l'Oasis se souvient : « Les éditeurs de quelques sites internet tels que www.labible.net m'ont proposé de collaborer et de leur fournir des messages. Mais cela ne m'intéresse pas. Je désire seulement partager un verset qui m'a touché ou une pensée, témoigner naturellement et avec joie. »
Actuellement, quelque 125 personnes suivent David Richir sur Twitter. La plupart sont sans liens avec l'Eglise évangélique de l'Oasis et forment une sorte de communauté sans frontières géographiques. « Twitter est simple à mettre en œuvre et mes messages peuvent aider des gens. Mais je n'ai jamais eu de vrais échanges grâce à des tweets, tempère le pasteur de Morges. C'est une communication presque à sens unique. »
Facebook, non comme but, mais comme moyen
A Lutry, Brigitte Junod, épouse de pasteur et mère de jeunes adultes, gère une page Facebook. Tous les matins, en même temps qu'elle relève ses courriels, elle prend des nouvelles de ses 161 « amis Facebook ». Elle n'en veut pas plus, afin de pouvoir garder des relations personnalisées avec eux. C'est pourquoi elle n'hésite pas à supprimer certains amis de sa page. Mais cela ne signifie pas qu'ils ne le sont plus dans la vraie vie.
Une grande partie des « amis Facebook » de Brigitte Junod sont des jeunes. Elle explique : « Nos enfants amènent des jeunes à la maison. Parfois, ces derniers trouvent les parents cools, ce qui nous permet de devenir amis sur Facebook. Il y en a d'autres dont j'ai fait la connaissance à l'école du dimanche. En tant que femme de pasteur, j'ai des contacts que les parents de ces jeunes n'ont pas forcément avec eux. Nous pouvons parfois parler de choses profondes, y compris de l'Evangile. »
Ainsi, Brigitte Junod a eu un contact régulier avec un jeune qui voulait se faire tatouer. Elle garde également le contact avec des jeunes que la vie a conduits dans d'autres contrées. Et grâce à Facebook, elle a également pu ajouter une dizaine de participants de 18 à 25 ans à un cours Alpha spécialement destiné à cette tranche d'âges.
« Ce travail relationnel et pastoral me prend moins d'une heure par jour », précise Brigitte Junod. Un investissement fructueux à condition que Facebook ne remplace pas, mais complète les contacts réels.
Nos Eglises relativement peu branchées
Dans le cadre de la FREE, près d'une dizaine d'Eglises n'ont pas de page internet. Souvent, ce sont les personnes à même de développer un site ou de résoudre un problème technique qui manquent. Quant aux autres outils – Facebook, Twitter, Youtube – ils sont peu utilisés. Werner Lehmann, pasteur dans l'Eglise évangélique d'Oron, confesse : « Pour le moment, j'ai résisté. Si on y va, il faut y aller clairement et s'en donner les moyens. En attendant, nous en restons à notre site internet. »
D'autres communautés, telle ICF Zurich, misent sur ces outils de communication. En plus du site internet, cette Eglise propose de se brancher sur Twitter et de recevoir 2 à 3 tweets par jour de la part du pasteur Leo Bigger – la pensée du jour, des nouvelles... L'Eglise maintient également une page Facebook, un blog donnant des nouvelles, une chaîne YouTube proposant quelque 300 vidéos et même une application pour iPhone permettant de prolonger la vie de la communauté jusque sur son smartphone. Dans cette Eglise, chacun peut ainsi choisir ses vecteurs de communication préférés.
Tout commence par un bon site internet « carte de visite »
Pour le pasteur David Richir, chaque Eglise devrait disposer au minimum d'un site internet « carte de visite » bien conçu. Il n'est pas obligatoire de l'alimenter constamment en informations, car ce site sert avant tout à faire connaître la communauté. En effet, lorsque des personnes cherchent une Eglise, elles commencent généralement par une recherche sur internet.
Si Facebook nécessite de la disponibilité, de la réactivité, des capacités rédactionnelles ou artistiques pour devenir un véritable projet de témoignage chrétien, Twitter peut être utilisé de manière plus souple. David Richir réfute l'idée selon laquelle il faudrait disposer très régulièrement de contenus à diffuser. Il précise : « Si je ne publie pas de tweet pendant une semaine, cela ne pose pas de problème. Mais si je n'en publie pas pendant un mois, alors je vais perdre des abonnés. »
Et puis tout va très vite ! Depuis que les jeunes ont vu leurs parents se mettre à Facebook, ils ont commencé à s'enfuir vers d'autres réseaux sociaux. La communication sans limites est parfois lourde à porter !
Claude-Alain Baehler