Rebecca Reymond, quelles nouvelles recevez-vous des chrétiens en Syrie ?
De nombreuses Eglises n’ont pas été touchées par le tremblement de terre et ont pu accueillir des rescapés tout de suite après, offrir de la nourriture, des couvertures, un hébergement. Mais la vie n’est pas revenue à la normale. L'horreur vécue le jour du séisme a traumatisé toute une population. Dans les grandes villes, des centaines de bâtiments menacent de s'effondrer et des milliers d'autres ne sont plus habitables. Les gens ont encore besoin d'aide pour se nourrir, se vêtir et se loger, accéder à des médicaments et des soins.
Nombreux sont ceux qui ont perdu leur moyen de subsistance. Humainement, c’est très difficile. Certains utilisent l'image « le dernier clou dans le cercueil des chrétiens ». Mais ceux qui restent sont en mode « ministère ». Ils savent qu’ils sont à leur place dans ce contexte et qu’ils peuvent faire la différence. Ils sont dans une acceptation obéissante.
Comment s’organisent les Eglises pour fonctionner?
Sept mille personnes ont été logées dans des bâtiments d’Eglises à plus ou moins long terme. Les partenaires de Portes Ouvertes projettent d’aider 50'000 chrétiens dans cette région d’Alep et de Lattaquié. Samer, un de nos partenaires de longue date, partage que son Eglise de Lattaquié a accueilli 120 personnes après la catastrophe. La situation est partie pour durer et bien que la population se serre les coudes, elle est encore confrontée à une crise économique inimaginable, les denrées sont hors de prix ainsi que les logements. « Mais Dieu est en train d’agir dans notre ville, et en particulier dans l’Eglise. Ces mille familles que nous sommes capables d’aider retrouvent un peu le moral. Priez pour que le Seigneur nous utilise de plus en plus, que nous soyons comme un signe dans la ville pour annoncer sa Parole », demande Samer.
Les Eglises sont donc en mesure d’apporter un peu d’espoir ?
Être un espoir pour la population est central. La tentation de quitter la Syrie est notamment énorme pour les jeunes car les perspectives sont minimes. Un des rôles de l’Eglise consiste donc à ce qu’ils puissent s’écrire un futur en restant au pays. Déjà depuis 2016, nos partenaires en Syrie se sont demandé comment soutenir l’Eglise, si fragilisée par la guerre et l’exil. On estime que les chrétiens ne sont plus que 600'000. Nous avons développé la vision « Hope for the middle East ».
Les Eglises (principalement historiques) sont transformées en Centres d'espoir. Actuellement, il y en a 287 à travers le pays. L’objectif est de répondre aux besoins matériels, de formation, de soins post-traumatiques, de micro-crédits, etc, afin que les chrétiens ne baissent pas les bras et soient sel et lumière. En plus des célébrations proposées, ces Eglises continuent de rejoindre les besoins spirituels par la distribution de Bibles, l’assistance psychologique, la formation de disciple et un soutien pratique aux déplacés.
Combien de personnes sont dans cette situation en Syrie?
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, plus de la moitié de la population syrienne est déplacée ou a fui dans d’autres pays. 6, 9 millions sont des réfugiés internes. Les femmes et enfants représentent plus des deux tiers de ces déplacés.
Aujourd’hui, comment votre ONG s’implique-t-elle sur le terrain?
Jusqu’à maintenant, beaucoup d’habitants dormaient dans la rue, de peur que leurs logements s’effondrent. Des ingénieurs de notre organisation partenaire ont commencé à inspecter les maisons des chrétiens pour voir si elles sont prêtes à être occupées. Rien qu'à Alep, 1'200 maisons ont été contrôlées et les réparations nécessaires ont commencé. La maison de Lucine (photo) était l'une d'entre elles!
On soutient les chrétiens locaux également à travers des voyages, en allant les encourager sur place. Nous avons aussi lancé une campagne de prière pour le Moyen-Orient sur internet. Une personne peut annoncer qu’elle prie pour cette région et une lumière s’allume sur la carte. Ainsi les chrétiens syriens sentent qu’ils font partie de l’Eglise mondiale. Ils nous le disent : Sans l’aide des chrétiens du monde, il leur serait encore plus difficile de rester dans leur pays.
Action Un million de prières d'espérance