Protestants, anglicans, catholiques, orthodoxes : 4'000 personnes - de 352 Eglises - sont présentes et jusqu’au 8 septembre à Karlsruhe en Allemagne à la plus grande réunion d’Eglises du monde qui se tient tous les 8 ans. Parmi elles, celle que l’on appellera Elena. Elle se présente comme pentecôtiste, vient de Moscou et d’emblée se refuse à parler du conflit russo-ukrainien, comme si une interdiction avait été édictée en ce sens par le Kremlin. Il faut dire que le président allemand Frank-Walter Steinmeier n’a pas mâché ses mots à l’égard des orthodoxes russes ayant soutenu la guerre contre l’Ukraine, et dont la présence a été maintenue lors de ce rassemblement : « En tant que communauté chrétienne, nous devons dénoncer cette situation et dire notre attachement à la liberté et à la sécurité des Ukrainiens », a-t-il déclaré notamment mercredi 31 août, lors de l’ouverture de la manifestation.
Un dialogue inspirant
A la question de savoir si elle croit aux mots d’unité et de réconciliation qui sont le thème à Karlsruhe, Elena élude encore : « Vous savez, c’est un sujet très sensible actuellement ». Membre d’une église locale de 150 personnes environ, elle indique que le responsable de la famille pentecôtiste en Russie siège au Conseil russe des affaires religieuses aux côtés des orthodoxes. Et puis elle ajoute très vite être impressionnées de voir comment le COE a su maintenir le dialogue entre différentes traditions au fil des décennies. « Et ce dialogue est très inspirant, glisse-t-elle. Il y a des difficultés, mais avec la bonne volonté des uns et des autres, le dialogue continue… Et oui, c’est très inspirant, répète-t-elle. Ce rassemblement de Karlsruhe est un moment unique où les chrétiens peuvent témoigner de leur compréhension en matière de religion. Et pour moi, c’est une grande joie de voir les différents aspects du christianisme. »
Karlsruhe, une sorte d’ONU des Eglises
Des saris indiens, de longues robes rouges pour certains Africains, des barbes interminables prolongées par de grandes croix dorées en pendentifs pour des Orthodoxes… Des coiffes improbables, et des langues évidemment différentes, comme aussi des pratiques cultuelles diverses : l’évènement se présente comme une sorte d’ONU des Eglises.
Partage et écoute de ce que vit l’autre
A la question de savoir quelle question il aimerait poser à l’assemblée, un archevêque éthiopien indique en souriant : « Voulons-nous vraiment l’unité ? » Mais Karlsruhe, c’est surtout l’écoute de ce que vit l’autre en matière de foi. « Nous voulons offrir un espace de dialogue », a d’ailleurs souligné Ioan Sauca, secrétaire général par intérim du COE. Elena dit être encouragée de voir et d’entendre de nombreuses femmes autour d’elle qui servent dans l’Eglise, que ce soit en Afrique, en Asie, dans le Pacifique ou en Europe. Et être « interpelée par les différentes façons que Dieu a de travailler ».
Unité dans la prière
« C’est dans la prière qu’on se sent unis ». C’est ainsi que depuis Karlsruhe Emma van Dorp, déléguée suisse de l’Eglise évangélique réformée de Suisse, a conclu dimanche soir 4 septembre l’émission Hautes Fréquences sur La Première dédiée à l’évènement. Mais il est difficile de parler de réconciliation quand on a la tête écrasée par le pied de quelqu’un d’autre, a-t-elle aussi rappelé.
Gabrielle Desarzens
Une émission à écouter ici