Je confesse que ma sensibilité protestante a été de tout temps heurtée par la richesse, le faste des cérémonies désuètes (et masculines), la prétention au pouvoir hiérarchique du Vatican sur l’Église catholique, et cela depuis des siècles…
Et voici qu’un archevêque venu de l’hémisphère sud a été élu en 2013 ! Les changements qu’il a voulu apporter d’emblée, courageusement, mais avec un succès mitigé vu l’inertie et le poids des traditions de l’institution romaine, a été pour moi un réel sujet de reconnaissance. Humilité, proximité avec chacun, sensibilité aux plus faibles et aux plus pauvres, écoute de l’autre, plaidoyer pour la détresse des réfugiés… Quelle leçon vivifiante pour le monde entier, toutes croyances et incroyances confondues ! Une bouffée d’oxygène dans un contexte rendu irrespirable par le culte de l’argent et du pouvoir. Il a présenté un portrait presque exactement inverse de celui de l’actuel président des États-Unis.
Il est incontestable que les médias ont su louer, avec surabondance, le combat éthique du pape François, tombant souvent, en ces jours de « deuil médiatique », dans un culte de la personnalité qui lui aurait fait horreur !
Le nom de Jésus-Christ
Mais un fait m’a fortement heurté – je ne l’impute pas à François lui-même, mais plutôt au système de la papauté et aux médias. Discours, discussions, reportages, analyses, témoignages admiratifs… Bravo ! Mais, sauf inattention de ma part, je n’ai jamais entendu prononcer le nom de Jésus-Christ, même pas par des hommes d’Église et des dignitaires ecclésiastiques !
Pourtant François n’a rien voulu d’autre qu’être disciple et témoin de Jésus-Christ. Malgré les limites de sa fonction et le poids des traditions, il a tenté d’être un simple homme, comme Pierre, l’ami de Jésus, qui marchait dans les pas de son Maître – ce Pierre dont le système de la papauté se prévaut malgré toutes les évidences contraires. Oui, je le crois vraiment, parce que j’ai lu un texte touchant et splendide de François adressé à la jeunesse allemande, où il disait à quel point il chérissait sa Bible et la lisait avec tout son cœur.
C’est en obéissance à son Seigneur que François a mené le combat de la compassion, de l’humilité, de l’accueil et de la volonté de servir son prochain, surtout le plus fragile, comme l’a fait Jésus. Ainsi, cette totale absence de référence au Christ est choquante et démontre, si nécessaire, la dé-Christ-ianisation de nos sociétés modernes qui se demandent pourquoi le monde va si mal… Elle interroge aussi, face à la perspective de l’élection d’un nouveau pape.