Les Eglises FREE d'Aigle, d'Oron et de Neuchâtel ont un même problème. Le nombre de participants au culte augmente et les locaux sont exigus. Mais, entre projets d'agrandissement et de déménagement, les solutions se font attendre. C'est pourquoi, ces trois Eglises ont décidé d'organiser deux cultes successifs chaque dimanche.
Trois expériences et des ressemblances
A l'Eglise évangélique de Chable-Croix à Aigle, les cultes ont lieu à 9h et à 11h depuis le printemps 2013. Le premier culte offre un service de garderie alors que le second propose également un programme pour les enfants de tous les âges. « Le culte de 11h est donc plus accessible pour les familles, précise le pasteur Philippe Bottemanne. Nous avons organisé les choses ainsi parce que nous avions de la peine à trouver des moniteurs pour les deux cultes. Mais la situation peut évoluer. »
Le premier culte rassemble une petite moitié des gens de l'Eglise. Cependant, il existe une certaine porosité entre les deux cultes : « Des jeunes et des adultes fréquentent tantôt l'un, tantôt l'autre. Et nous avons constaté que le nombre total de personnes que nous accueillons chaque dimanche a augmenté. »
« Nous organisons des cultes qui se ressemblent, explique Werner Lehmann. Cela dit, le culte court, sobre en paroles prophétiques, plaît à certaines personnes. Par contre, d'autres trouvent les contraintes d'horaires de ce premier culte trop stressantes, pas assez propices à la recherche de l'inspiration. Elles préfèrent le second. »
Quant à l'accueil des enfants, il est cantonné au second culte. « Nous avons besoin chaque dimanche de 30 à 40 personnes pour nous occuper des enfants, explique Werner Lehmann. Nous ne sommes actuellement pas en mesure de faire plus. »
Comme l'Eglise envisage un nouvel agrandissement de ses locaux, la question du maintien de deux cultes s'est posée. Mais la réponse est plutôt positive : le premier culte a désormais ses inconditionnels.
Alors que la chapelle de la Rochette est presque pleine le matin, le culte du soir rassemble une cinquantaine de personnes. Plusieurs familles apprécient de rejoindre l'Eglise le dimanche soir. En effet, la collation qui suit le culte permet aux enfants de souper. Ensuite, les parents ramènent chez eux leurs enfants nourris, prêts à aller au lit !
Des richesses insoupçonnées
En fait, la nécessité pratique d'organiser deux cultes dominicaux a introduit des richesses inattendues dans les trois Eglises. A Oron, cela permet de répondre à des attentes différentes. A Aigle et à Neuchâtel, une certaine transformation de la vie d'Eglise est mise en avant.
Selon une enquête interne, les gens de l'Eglise d'Aigle sont satisfaits de l'introduction d'un deuxième culte... à 98%. « Cette expérience nous fait évoluer, se réjouit Philippe Bottemanne. En particulier, elle nous permet de développer une mentalité plus souple, capable de s'adapter à de nouveaux besoins. Et cela contribue au développement d'une vision de croissance de l'Eglise au sein de la communauté. »
A Neuchâtel, l'introduction d'un deuxième culte permet de diversifier l'offre et de développer les ministères. En août dernier, à l'issue de sa seconde présidence, Etienne Krebs expliquait : « Le matin, le culte est plus normé. Le soir, il est plus intime et plus libre. Lorsque je préside les deux cultes, je garde à peu près le même canevas. Mais j'ai dû apprendre à gérer les choses avec plus de spontanéité lors des cultes du soir. »
« Cette plus grande spontanéité lors des cultes du soir ouvre de nouvelles perspectives, se réjouit David Valdez. Nous avons plus de temps pour accompagner les gens qui ont besoin d'être soutenus. Nous pouvons également introduire de nouvelles formes de culte. »
Ainsi, l'accueil de personnes extérieures à l'Eglise fera partie des priorités du soir. Il est aussi question de donner de la place à la pratique des dons spirituels. « Mais nous ne désirons pas être une Eglise charismatique, précise David Valdez. Le cœur de notre identité reste l'enseignement. »
Le deuxième culte en fin de journée pose nécessairement la question de la consécration et du service à ceux qui s'engagent le matin et le soir. C'est le cas de Jacquelin Piaget, qui exerce un ministère de louange dans l'Eglise. Il reconnaît que cela lui prend tout son dimanche. Mais, c'est un défi qu'il juge « faisable ».
Priscilla Krebs, également engagée dans un ministère de louange, renchérit : « Jouer le matin et le soir, c'est un beau défi. Lorsque cela arrive, je considère que mon dimanche est consacré tout entier à l'Eglise, y compris entre les deux cultes. »
Et un culte en semaine ?
A l'avenir, si les trois Eglise peuvent entrer dans des locaux plus spacieux, l'utilité du deuxième culte sera probablement remise en question. Mais l'expérience constitue un enrichissement et donne des idées. « Pourquoi pas un culte orienté vers l'accueil de ceux qui cherchent Dieu ? » rêve Philippe Bottemanne.
Quant à Werner Lehmann, il envisage l'organisation d'un culte supplémentaire en semaine : « Comme l'Eglise est toujours en croissance, on pourrait proposer un culte en soirée, durant la semaine. Il y a des gens qui aiment partir le week-end... »
Claude-Alain Baehler