« La génération ‘Z’ est la première a être née durant l’ère internet, fait remarquer Loïc Marsh, collaborateur de Jeunesse en Mission à Yverdon-les-Bains. Avec Julien Russ, pasteur dans l’Église évangélique d’Échallens (FREE), Loïc Marsh était l’un des deux intervenants à la pastorale de la FREE qui s’est déroulée le 13 février 2025 à Morges. La rencontre, intitulée « Comment accompagner la nouvelle génération et lui permettre de prendre pleinement sa place ? », était consacrée à l’accompagnement de la génération « Z », celle des jeunes nés entre 1998 et 2012 – qui ont donc entre 13 et 25 ans.
Accompagner ces jeunes, c’est d’abord savoir comment ils ont été modelés par leur entourage. Ainsi, pour la génération « Z », le monde virtuel (internet, réseaux sociaux...) est davantage qu’un endroit permettant de trouver ou de publier des informations : c’est un monde qui prolonge la vie réelle, une extension de la vraie vie. Les jeunes y évoluent de manière authentique, sans filtres.
Mais la communication instantanée leur renvoie également, et en permanence, les malheurs du monde, ceux qui surviennent aux antipodes, comme ceux qui se passent près de chez eux. Ainsi, la génération « Z » connaît beaucoup de tempêtes physiques et émotionnelles : les attentats du 11 septembre 2001, le terrorisme un peu partout sur terre, une succession d’épidémies telles que le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), la grippe porcine, le virus Ebola, le Covid, de nombreuses guerres, dont celle en Ukraine. Cette abondance d’informations rend les jeunes traumatisés et anxieux.
Une grande faculté d’adaptation
« La génération Z est formée de jeunes qui ont une grande faculté d’adaptation, relève Loïc Marsh. Bien plus que leurs aînés, ils savent s’adapter aux tempêtes et modifier leurs plans avec habileté. » Mais, mal employée, cette faculté d’adaptation pourrait se transformer en difficulté à persévérer. C’est pour cela que, selon le collaborateur de Jeunesse en Mission, ces jeunes ont besoin d’être accueillis, soutenus et aidés par des personnes plus âgées. La génération Z est particulièrement bien préparée à affronter les difficultés de notre temps, mais pas seule : elle a besoin des générations précédentes.
Marc Gallay, pasteur dans l’Église évangélique de Lonay (FREE) ajoute que, dans son besoin d’être accueillie et soutenue, la génération Z doit pouvoir s’appuyer sur des figures paternelles : « Il nous faut lever des ‘pères’ et des ‘mères’ dans nos Églises ! »
« La génération Z est très sensibles aux relations. Elle a besoin d’une communauté plutôt que d’un culte », souligne Loïc Marsh. Plus que par les questions de sens, ces jeunes sont sensibles aux attitudes de leurs aînés. Ils observent l’authenticité et la cohérence dont les plus âgés font preuve : « Montre-moi comment tu vis, et je comprendrai ! »
Des convictions et de l'accueil
Ainsi, les Église qui désirent accompagner cette génération doivent combiner de solides convictions chrétiennes avec une capacité à les exprimer de manière accueillante. Par exemple, une communauté pourrait à la fois être au clair avec les questions de genre et équiper ses locaux de WC non genrés.
Pour le pasteur Julien Russ, l’accompagnement de la génération Z commence par un lâcher-prise : nous acceptons que les choses ne soient pas faites « à notre manière ». Nous nous concentrons sur les relations et les processus, plutôt que sur les résultats. Il précise : « Cherchons à être inspirants, non pas en faisant à la place des autres, ou de leur disant comment faire, mais en insufflant un mouvement que nous laisserons se développer, sans vraiment le contrôler ».