Contacté lundi dans son étude zurichoise, l'avocat des 21 membres de l'Eglise ICF, Marc Weber, indique ne pas pouvoir retirer l'opposition : « Il faut que l'affaire soit jugée ; plainte a été déposée devant la justice et nous attendons une décision de la Cour pour clore maintenant le dossier. » En dépend en effet la destruction définitive du livre « In Jesus'Name » qui contient les images incriminées.
Droit à l'image
Pour Daniel Linder, porte-parole d'ICF à Zurich, Christian Lutz aurait dû demander aux personnes photographiées leur autorisation pour figurer dans son ouvrage : « C'est le droit à l'image des individus qui est en cause, et non pas de l'Eglise en tant que telle. »
S'il insiste sur ce point, il n'empêche qu'ICF est une Eglise très particulière dans le paysage suisse. Selon le sociologue des médias et fin connaisseur du milieu évangélique, Philippe Gonzalez, elle véhicule une image de marque qu'elle contrôle attentivement, un peu comme une entreprise. Et les privés qui ont déposé plainte se sont tous adressés au même avocat qui est l'avocat d'ICF.
Trilogie non aboutie
Malgré le soutien d'un comité qui s'était manifesté au nom de la liberté artistique, Christian Lutz avait décidé la semaine dernière de retirer son livre de la vente, sans attendre la fin de la procédure judiciaire. Une façon de tourner la page... et de faire une croix sur plus d'un an de travail.
Le photographe avait en effet longuement suivi et photographié les différentes activités de la communauté ICF de Zurich pour illustrer le troisième volet d'une trilogie sur le pouvoir, initiée en 2003. Après le pouvoir politique et le pouvoir économique, il voulait illustrer le pouvoir religieux au moyen de 57 photographies.
Plainte déposée
Mais dix jours après sa sortie en novembre dernier, le livre en question avait été interdit de diffusion suite à une plainte déposée par 21 membres de cette Eglise. Les mesures provisionnelles avaient été confirmées par la Cour en début d'année.
Si Christian Lutz jette aujourd'hui l'éponge, il compte néanmoins exposer la majorité de son travail au Musée de l'Elysée à Lausanne dès le 5 juin prochain... les photos incriminées en moins.
Gabrielle Desarzens