Le 6 avril dernier, à Bienne, près de trois cent personnes ont participé à la conférence « Foi. Climat. Espérance. », organisée par l’œuvre chrétienne StropPauvreté, en partenariat avec une trentaine d’autres œuvres. Parmi les participants se trouvait une septantaine de francophones.
La conférence était principalement consacrée aux résultats d’une enquête, menée auprès d’environ 2500 chrétiennes et chrétiens d’Allemagne et de Suisse, de différentes confessions, à propos de leur sensibilité aux questions d’écologie. Le thème était formulé ainsi : « La foi fait-elle une différence ? Ce que pensent les chrétien·ne·s de la justice sociale et de la durabilité ». Quant au travail d’enquête, il a été mené par Tobias Faix, théologien et professeur dans la Haute école des Unions chrétiennes de jeunes gens (CVJM Hochschule) de Cassel, dans le centre de l’Allemagne, ainsi que Anna-Lena Moselewski, assistante en recherche dans la même école.
Eric Nussbaumer, président du Conseil national et membre de l’Église évangélique méthodiste, a introduit le sujet lors de son discours d’ouverture. Il a en particulier mis le doigt sur l’information la plus marquante de l’enquête : « Nous savons ce qui est juste. Mais lorsque le train coûte trois fois plus cher que l’avion… » En d’autres termes, les chrétiens sont généralement bien informés à propos des questions de justice et de durabilité, mais cela ne se traduit pas vraiment en engagements concrets.
Des chrétiens bien informés
Pour Matthieu Dobler Paganoni, directeur de l’organisation Interaction et responsable de l’organisation de la conférence StopPauvreté, les résultats de l’étude sont encourageants : « Je ne m'attendais pas à un résultat aussi favorable concernant la foi comme source de motivation dans l’engagement pour la justice et la durabilité, mais aussi que l'Église doit s'engager dans ce domaine ».
Quant à Salomé Richir-Haldemann, coordinatrice de StopPauvreté, elle fait remarquer que la prise de conscience écologique traverse toutes les Eglises : « Contrairement aux idées reçues, les chrétiens plus conservateurs (Ndlr : c’est-à-dire plutôt évangéliques) sont tout aussi conscients de l’importance de la justice que les chrétiens plus libéraux. En revanche, des désaccords apparaissent autour de l’articulation entre pratique de la justice et annonce de l’Evangile. Et c’est un point sur lequel nous pouvons travailler théologiquement. » En effet, près de la moitié des personnes interrogées – et plus particulièrement les évangéliques – pense que l’action sociale est importante, mais que l’évangélisation l’est encore plus.
Le dire, c’est bien, le faire, c’est mieux
Selon l’étude, les chrétiennes et les chrétiens sont modérément préoccupés par le changement climatique. « Soit la foi atténue les inquiétudes, soit il y a peu d’intérêt pour la problématique, fait remarquer Tobias Faix. Il est surprenant de constater que cette faible inquiétude n’est pas liée à l’âge des personnes interrogées. Les jeunes chrétiennes et les jeunes chrétiens n’ont pas plus de préoccupations pour le changement climatique que leurs aînés. » Et, lorsque les chrétiennes et les chrétiens s’engagent pour le climat, c’est plutôt dans la sphère privée – recyclage, économies d’énergie, baisse de sa consommation, débats familiaux – qu’en prenant part à des actions collectives.
Alors que près de 80 % des personnes interrogées pensent qu’il est important de développer un comportement durable, elles ne sont plus que 45 % à ressentir de la culpabilité lorsqu’elles se comportent de manière non-durable… et une même proportion pense qu’un comportement non-durable est un péché. Plus les chrétiens associent leur foi à la durabilité, plus ils développent des comportements durables. Mais, plus ils pensent que monde sera de toute façon recréé par Dieu à la fin des temps, moins ils se comportent de manière durable. Toujours ce fameux « Knowledge-Action-Gap », cet écart entre ce que les chrétiens croient et ce qu’ils font !
Une enquête utile pour préparer l’avenir
Durant la journée « Foi. Climat. Espérance. », plusieurs participants ont relevé que l’enquête avait été menée auprès de personnes disposées à répondre aux questions – donc déjà sensibilisées et intéressées par le sujet. Le panel de l’étude est-il représentatif de l’ensemble des chrétiennes et des chrétiens ? Salomé Richir-Haldemann explique que ce défaut dans le panel a été pris en compte par les statisticiens, et que les résultats sont donc fiables : « Les corrections opérées par l’équipe sont usuelles en statistiques, et ne cherchent pas à ‘maquiller’ les chiffres. Cela dit, les répondants reflètent relativement fidèlement la population de nos Eglises ». En particulier, le « groupe conservateur » (Ndlr : la tendance évangélique) semble être représenté de manière adéquate.
« Les conclusions de l’enquête serviront à mieux orienter le travail de StopPauvreté, en fonction des manques et des demandes qui ont été identifiés, souligne Salomé Richir-Haldemann. De plus, cette étude nous permet d’avoir une meilleure connaissance du public cible de notre campagne. » Dans ce but, StopPauvreté propose différentes ressources et activités pour les communautés chrétiennes, tels que le cours « Just People », « EcoEglise » ou « Un dimanche pour son prochain.
Télécharger le résumé des résultats de l’enquête
Site internet de StopPauvreté : www.stoppauvrete.ch
Site internet d’Interaction, l’association faîtière d’organisations chrétiennes de développement : www.interaction-suisse.ch