« En matière d’écologie, j'avais l'impression qu’il était impossible d’avoir un impact à titre individuel, explique Ursula Peutot, ingénieure en environnement et directrice d’A Rocha Suisse. Je pensais qu'il fallait attendre que les grandes entreprises se mettent en route, que les politiques fassent ce qu'il faut, avant que nous changions nous-mêmes. Mais, désormais, je suis convaincue du contraire : le changement commence au niveau individuel. »
En effet, les politiciens ne prennent pas de décisions difficiles – la transition écologique implique des décisions difficiles – sans s’assurer qu’ils bénéficient du soutien de leurs électeurs. De même, la priorité des entreprises est de satisfaire leurs clients ; c’est donc la demande provenant des clients qui détermine l’offre. Cela signifie que, pour l’essentiel, le moteur du changement ne se trouve ni dans les sphères politiques, ni dans les entreprises, mais dans la société civile. Voilà pourquoi la transition écologique doit être initiée dans la société civile, c’est-à-dire par les individus… vous et moi !
Ce constat met chacune et chacun de nous devant une responsabilité et des défis importants. « Nous pouvons nous sentir un peu perdus devant l'ampleur de ce qui est devant nous, souligne la directrice d’A Rocha Suisse. Nous pouvons nous sentir comme un animal pétrifié devant les phares d'une voiture, dans le déni ou l'éco-anxiété. Mais ce sentiment d’impuissance accompagné d'une attente « que les autres fassent d’abord » est pénible à vivre. »
Le changement écologique commence avec moi
Le changement écologique commence donc au niveau individuel, ainsi que dans des petits groupes de personnes qui associent leurs efforts. Nos Eglises peuvent faire partie de ces petits groupes qui portent la transition. Individuellement ou en groupes, nous pouvons développer des petits « éco-gestes » : modifier notre manière de nous déplacer, d’habiter, de manger, de consommer… La surconsommation est une sorte de prison dont nous peinons à sortir.
Notre manière de consommer – acheter ou renoncer à acheter – a un impact sur les producteurs. Avant d’acheter, nous pouvons vérifier plusieurs points. D’où cette marchandise vient-elle ? S’agit-il d’une production locale dont le transport a nécessité peu d’énergie ? L’eau utilisée pour la produire a-t-elle été dépolluée ? Les personnes qui l’ont produite bénéficient-elles de conditions de travail décentes ?
Notre responsabilité par rapport à la sauvegarde de la création, à la justice sociale et à la durabilité n’est pas un thème annexe de la foi chrétienne. Il n’est pas moins spirituel que le pardon, la grâce ou la rédemption. En effet, si nous croyons que Dieu a créé toutes choses et qu’il aime sa création, nous sommes poussés à manifester un même amour pour son œuvre, pour les autres, voire pour les générations futures. « Engageons-nous, mais pas par culpabilité ou par peur, recommande Ursula Peutot. En effet, si l’amour pour Dieu et notre prochain constitue notre motivation, alors nos efforts pour pratiquer un mode de vie plus écologique seront plus légers. Nous sommes appelés à une sorte de sobriété joyeuse. »
Les chrétiens ont l’avantage de ne pas être livrés à eux-mêmes
Pour la directrice d’A Rocha, les chrétiens qui cherchent à faire partie de la solution plutôt que du problème ont l’avantage de ne pas s’engager seuls, mais avec Dieu. D’abord, ils sont rassurés de savoir qu’ils n’ont pas à sauver le monde – Dieu s’en charge. Ensuite, dans leur action, ils peuvent compter sur le Saint-Esprit qui les accompagne, y compris en plaçant à leurs côtés des frères et des sœurs dans la foi. En effet, s’appuyer sur d’autres donne une confiance et une espérance supplémentaire.
Mais comment s’engager dans un mode de vie plus écologique et plus durable ? D’abord en acceptant le fait que nous sommes en chemin, des apprentis loin d’être parfaits. Nous commençons avec de petites actions sans véritable impact. Mais, en faisant cela, de petits progrès en petits progrès, nous apprenons comment nous engager de manière plus forte. De plus, même nos plus petits « éco-gestes » ont un impact sur notre manière de penser en matière d’écologie et de durabilité, ainsi que sur notre entourage.
Les Eglises et les paroisses qui désirent pratiquer la durabilité en communauté peuvent rejoindre le mouvement EcoEglise. Ce « Réseau œcuménique suisse romand pour le soin de la création » est porté par cinq organisations chrétiennes : Action de Carême, EPER, œco Églises pour l’environnement, A Rocha Suisse et StopPauvreté. Son but est d'accompagner les communautés qui désirent s’engager sur le plan écologique. Et cela touche à toutes sortes de domaines tels que le culte, le bâtiment ou le mode de vie des personnes qui font partie de la communauté.
Le Cours Just People : https://stoppauvrete.ch/just-people/
La Plateforme ÉcoÉglise : https://stoppauvrete.ch/en-tant-queglise/ecoeglise/
Le Calculateur d'empreinte écologique du WWF : www.wwf.ch/fr/vie-durable/calculateur-d-empreinte-ecologique
Intervention d’Ursula Peutot sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=UM9lxo9HChc
Organisation StopPauvreté : https://stoppauvrete.ch
Organisation A Rocha Suisse : https://switzerland.arocha.org/fr/home
Le FREE COLLEGE : https://lafree.ch/free-college