Le 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard de femmes, le chanteur Philippe Decourroux et le médecin congolais Denis Mukwege ont lancé le Collectif I Respect Women. 500 personnes ont assisté à un concert-conférence dans le Centre Vie et foi d’Ambilly, près de Genève.
Comme un prophète de l’Ancien Testament
Adoptant une posture de prophète de l’Ancien Testament, Philippe Decouroux a ouvert la soirée avec une série de chants porteurs d’espérance face aux injustices sociales, mais aussi très engagés dans la dénonciation d’une indifférence lâche que l’on rencontre souvent dans notre société. En interprétant des chants comme « Il y a toujours quelqu’un » ou « Parce qu’on est là ensemble, parce qu’on ne veut pas se résigner », il a rappelé comment l’engagement chrétien représentait un moyen de changer nos réalités, de « changer le monde ». « Lorsque l’on parle des femmes victimes de violence, on ne se rend souvent pas compte de la destruction qu’elles ont vécue, a lancé celui qui dénonce la traite des êtres humains depuis une dizaine d’années. Ces violences laissent des marques indélébiles dans leur vie. »
Le chanteur jurassien a concédé que son combat pouvait paraître utopique, mais, à la suite des Martin Luther King ou Nelson Mandela, il souhaite travailler à un changement des mentalités, notamment au travers de la charte que plus de 200 personnes ont déjà signée et qui invite à incarner une exemplarité masculine à l’endroit des femmes. Philippe Decourroux a interprété en final de son introduction « A contre-courant », une chanson qui lançait à merveille le parrain de la soirée : le Dr Denis Mukwege.
« Se taire en RDC, c’est refuser son humanité ! »
« Ce soir, je suis en train de faire une séance de thérapie », a lancé le gynécologue-obstétricien congolais en ouverture de propos. Très ému à l’écoute des chansons de Philippe Decourroux, celui qui est surnommé « l’homme qui répare les femmes » a souligné que les personnes rassemblées dans le Centre Vie et foi étaient là « ensemble pour un monde plus juste, pour bannir les inégalités et pour faire la différence ».
Prenant appui sur le prophète Esaïe, Denis Mukwege a affirmé que pour l’amour de Dieu il ne se taira pas (Esaïe 62.1). « Se taire aujourd’hui en RDC, c’est refuser son humanité ! Beaucoup aimeraient que nous nous taisions devant les atrocités commises contre les femmes, mais nous ne nous tairons pas. Nous irons jusqu’au bout ! »
Interpellant directement le public présent, Denis Mukwege l’a invité à quitter son indifférence. « Des millions de personnes attendent votre voix, a-t-il lancé. Vous êtes ici pour dire non aux violences faites aux femmes, qu’elles se trouvent dans le Kivu, en France ou en Suisse, qu’elles soient noires ou blanches de peau, qu’elles soient riches ou qu’elles soient pauvres… »
Quitter les traditions misogynes
Le médecin-pasteur a ensuite invité les hommes à se mettre debout. « Parce que chacun est né d’une femme, parce qu’aujourd’hui on transforme le corps des femmes en champ de bataille, parce que les mères de l’humanité sont en danger ! » Denis Mukwege a ensuite encouragé les hommes à ne pas perpétuer les traditions misogynes de leur société, mais à les changer. « Les violences sexuelles sont des pratiques barbares, a-t-il encore souligné. Nous devons respecter les femmes parce qu’elles sont l’égal des hommes, parce que, tout comme les hommes, elles sont créées à l’image de Dieu. »
Dans un sursaut final, le médecin congolais a invité à « créer un monde où hommes et femmes vivent dans un équilibre positif. Les hommes doivent leur montrer du respect. »
Le chanteur Philippe Decourroux a repris le micro et terminé la soirée par une chanson qui clamait : « Un jour viendra où les livres seront ouverts. Un jour viendra où les ténèbres fuiront devant la lumière. Un jour viendra où les comptes seront réglés… Et moi je serai là, mais de quel côté ? »
Serge Carrel
Les interventions de Philippe Decourroux et du Dr Denis Mukwege seront bientôt diffusées sur la chaîne chrétienne Theotv.
Pour signer la pétition du Collectif I Respect Women.