« Par équipes de deux, nous allons régulièrement au Parc des Bastions où se trouve le Mur des réformateurs, explique Michel Jeanrenaud, le pasteur de l’Eglise évangélique de la Pélisserie (FREE), à Genève. En été, nous y rencontrons beaucoup de personnes assises dans l’herbe ou sur les bancs. Nous les abordons, les saluons et leur expliquons que nous venons d’une Eglise évangélique de la vieille ville. Nous leur demandons s’ils sont d’accord de discuter de spiritualité et de foi chrétienne. Malgré le refus de plusieurs, nous comptons de belles conversations lors de chaque sortie. »
Certaines discussions durent cinq minutes, d’autres trois quarts d’heure. Parfois, les équipiers peuvent apporter un témoignage personnel. D’autres fois, ils peuvent prier pour la personne rencontrée ou lui donner un nouveau testament. Pendant ce temps, dans la chapelle de la Pélisserie, une équipe prie pour les équipiers. Une forme de témoignage proche de ce que certains appellent aujourd’hui la « chasse au trésor » !
Lorsque la chapelle de la Pélisserie a été inaugurée, en 1839, la communauté souffrait de l’intolérance religieuse qui sévissait à Genève. Cette chapelle discrète, dans une ruelle à l’écart, a permis aux premières générations de chrétiens évangéliques de se réunir sans créer trop de remous. « Mais, aujourd’hui, ce qui était un avantage est devenu un inconvénient, souligne Michel Jeanrenaud. L’Eglise cherche à se faire connaître, par exemple en accueillant des participants à la fête de l’Escalade et à celle de la musique lors de journées portes ouvertes. » La communauté organise également des expositions et des concerts de musique classique.
Solidité spirituelle, difficulté à se renouveler
« Je vois l’action de Dieu au milieu de nous, la communion, la sanctification, la présence du Saint-Esprit, la générosité, se réjouit Karim Breda, 50 ans, membre du conseil des anciens. Mais l’Eglise peine à se renouveler, à se rajeunir et à grandir. Comme responsable, cela m’interpelle. Je demande à Dieu de nous montrer si cette situation vient de nous. »
Un jeune adulte de la communauté, également engagé en politique dans sa commune, vit l’apparente fragilité de son Eglise de manière plus paisible : « Nous sommes attachés à la Parole de Dieu qui n’est pas démodée. Nous préférons des messages de qualité à des cultes ‘grand show’. L’étude biblique du mercredi soir est un point fort de notre vie d’Eglise et elle rassemble du monde, y compris des jeunes. » Il est vrai que, il y a quelque temps, l’Eglise a rassemblé pas moins de 200 personnes lors d’une conférence « Big Bang et Création ».
Quant à Christine Pottacheruva, 67 ans, elle a rejoint la Pélisserie après avoir fréquenté une grande Eglise située derrière la gare Cornavin : « J’ai quitté une communauté très dynamique dans laquelle on se sent un peu isolé et perdu. La Pélisserie, c’est une Eglise évangélique douce, classique, sobre, un peu vieux style. Mais elle est vivante et les personnes qui la fréquentent se sentent en communauté, soutenus, comme dans une grande famille. »
Déjà au XIXe siècle, la Pélisserie était surnommée la « petite Eglise », en raison de sa fragilité apparente. La communauté possède néanmoins quelques bonnes bases spirituelles pour partir à la recherche de son avenir avec Dieu… et avec les Genevois.
Site internet de l’Eglise évangélique de la Pélisserie.