"7 bons conseils pour couler une communauté !" par Henri Bacher

mercredi 25 avril 2012

Henri Bacher est un passionné de la vie communautaire. Il publie ici 7 conseils qui, si vous les pratiquez, « torpilleront » votre Eglise et la pousseront à fermer boutique. A méditer !

Donner des conseils pour couler une Eglise… Un peu abrupte la proposition ! Mais il arrive parfois que l’on voie mieux les enjeux d’une question en les prenant à l’envers ! Et avec un brin d’humour…

 
1. Tout maîtriser dans sa communauté
Dans certaines Eglises, les responsables veulent tout maîtriser : l’organisation générale, la gestion des collaborateurs, la supervision des personnes, le contenu des messages… Typiquement, de telles personnes ne font pas confiance aux autres. Elles ont horreur des échecs, des conflits, des choses qui ne « sortent » pas comme elles l'entendent. Elles ne délèguent pas, ou, si elles le font, elles donnent les choses à faire à des collaborateurs qui l'exécuteront comme elles le veulent. Elles chercheront avant tout des exécutants et non pas des disciples. Le disciple comprend la mission qu’on lui donne, mais il l’exécutera selon ses propres charismes.
 
2. Faire systématiquement appel aux « bonnes volontés »
Etre une personne de bonne volonté est un des traits de caractère du chrétien, mais cela ne suffit pas pour prendre des responsabilités dans l’Eglise, même minimes. Pour les présidences de culte, les lectures bibliques, les animations dominicales, il suffit souvent d'être de bonne volonté, au lieu d'avoir le talent pour le faire. On laisse parfois les animations de l'école du dimanche, du culte de l'enfance ou d’autres rencontres pour les enfants à des personnes qui veulent bien donner de leur temps, indépendamment de leurs aptitudes.
Dieu ne fait pas avancer son Royaume uniquement avec de la bonne volonté, mais avec des disciples. Un disciple se forme et il est choisi. Les « bonnes volontés » se choisissent la plupart du temps elles-mêmes. Elles s'estiment capables et se lancent. Les responsables doivent choisir les personnes selon leurs talents et leurs charismes, les former et les coacher.
 
3. Négliger les bénévoles
Attention de ne pas confondre un bénévole avec une personne de bonne volonté. Un bénévole est quelqu’un qui s’engage sans être payé en espèces sonnantes et trébuchantes, mais qui a des talents et qui est capable de prendre des responsabilités. La plupart du temps, la communauté chrétienne « tourne » avec ce genre de personnes. Oubliez systématiquement de les remercier ! Ne leur montrez surtout pas qu’ils sont essentiels pour vous et la communauté ! Ne leur donnez que des responsabilités subalternes ! Pour les femmes, cantonnez-les dans des tâches ménagères ou dans les animations de groupes de personnes âgées ou d’enfants ! Ne leur faites pas de cadeau ! Oubliez leur anniversaire…
 
4. Vouloir contenter tout le monde
Contenter tout le monde est une tendance très suisse, même dans les Eglises qui ne sont pas situées dans la Confédération helvétique ! Le consensus, il faut dire qu'il a fait ses preuves (cette fois-ci en Suisse), surtout en politique. A la différence près qu'en politique il y a quand même du changement par le truchement des élections, même si les conseillers fédéraux sont forcés de travailler avec des collègues qui sont d'un parti opposé. Dans l'Eglise, les changements dans la gouvernance sont plutôt « softs » et le consensus se résume souvent par « surtout-ne-faisons-pas-de-vagues », alors que les responsables devraient faire travailler les gens ensemble malgré les antagonismes. D'ailleurs, l'unité dans l'Eglise est souvent définie comme un vivre ensemble où il n'y aucun conflit. Tout le monde doit penser pareil et porter le même « uniforme » doctrinal et religieux !
 
5. Ne pas tenir compte de l’aspect culturel
La foi se dit toujours dans une culture. Fustigez les personnes qui mêlent culture et foi ! Considérez que la culture n’est qu’un aspect très secondaire de la vie spirituelle ! Une foi qui ne s’enracine pas dans la culture du chrétien risque de ne pas tenir très longtemps.
Alors n’hésitez pas à privilégier la culture de l’écrit au détriment de celle des mass-médias, d’internet et de la téléphonie ! Comportez-vous comme un instituteur spirituel qui applique des méthodes scolaires du passé dont l’école officielle est en train de se débarrasser à cause de la pression de la culture montante ! Mixez les différentes cultures dans un même culte ! Chantez de très vieux cantiques ainsi que du Hillsong en pensant pouvoir satisfaire tout le monde ! Soyez méfiants à l’égard de Youtube, de Facebook, de Twitter et du monde des images en général !
 
6. Dans un monde en changement constant, favoriser le conservatisme
Souvent les membres de nos Eglises endossent une manière conservatrice de voir le monde. Comme de toutes façons nos communautés sont plutôt « âgées », c’est une vraie tendance qui se manifeste, pas seulement dans l’Eglise, mais également en politique. Ce n’est pas une tare de favoriser un positionnement conservateur si celui-ci met en avant les valeurs de l’Evangile: prendre soin des exclus, des pauvres, des maltraités de la vie ou des laissés-pour-compte de la géopolitique aberrante de nos Etats dits démocratiques. Ce qu’il faut savoir, c’est que vous arrivez peut-être à garder un certain potentiel pour vos Eglises, mais le renouvellement se fait très peu par le biais du conservatisme, qu’il soit spirituel, socioculturel ou politique.
 
7. Rénover au pas de charge
Vous entrez en responsabilité dans une Eglise locale : rénovez au pas de charge ! Ce conseil peut paraître paradoxal et semble contredire les deux points précédents. Mais si vous forcez les gens au changement, ils risquent de se « perdre ». Les « conquistadors » de tous poils l’ont bien compris. Balayez la culture des gens et vous les anéantissez. La Chine l’expérimente avec les Tibétains, par exemple. La culture est fortement liée à l’identité d’une personne. Vous touchez à sa culture et par ricochet vous maltraitez son identité. Ne jouez donc pas avec le feu ! Par contre, il ne s’agit pas de trouver le juste milieu, source, souvent, de stagnation. Peut-être faudrait-il commencer quelque chose de nouveau à côté de l’ancien tissu? Tout en créant des liens très forts entre les deux activités.

***
Si on regarde ce qui se passe autour de nous, nous nous rendons compte que des communautés stagnent et disparaissent. Le développement d’une communauté ne tient pas seulement à des temps de louange bien rodés, à des études bibliques bien charpentées, à des prédications bien pensées, mais aussi à des détails et à des attitudes beaucoup plus pragmatiques. Alors évitez celles que j’ai mentionnées ici… et vous grandirez !
Henri Bacher, Logoscom
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