Quelque 800 personnes proches des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure, ainsi que des catholiques romains et des catholiques chrétiens, ont défilé le 8 septembre à Berne, de la place de l'Orphelinat (Waisenhausplatz) à l'Hôtel de ville. Une délégation a donné aux autorités cantonales bernoises environ 4000 cartes postales. Celles-ci comprenaient le texte : « L’Eglise a un sens, parce que... », complété par des paroissiens qui donnaient ainsi leur opinion.
Quatre pasteures réformées de Haute-Argovie sont à l'origine de cette manifestation et de la campagne de sensibilisation qui l'a précédée. Elles disent ne pas vouloir s'élever contre les mesures d'économies qui touchent les Eglises subventionnées par l’Etat, mais « lancer un cri d'alarme à l'intention des autorités et de l'opinion contre le danger de vider les Eglises nationales de leur substance ». Elles affirment être « pour une Eglise vivante et active, qui s’intéresse particulièrement aux autres... qui ait pour terrain l’Evangile... qui ne complète pas seulement l’Etat, mais en soit un vis-à-vis indispensable ».
Devant l'entrée de l'Hôtel de ville, plusieurs organisateurs de l'événement ont dit que les Eglises nationales – l’Eglise réformée, l’Eglise catholique romaine et l’Eglise catholique chrétienne – sont des « colonnes portantes de notre société », des lieux d'accueil, d'engagement social, de mise en pratique de l'Evangile, de bien-être et d'amitié.
Béatrice Struchen, la présidente du Grand Conseil, a réceptionné les 4000 cartes en précisant que, parmi les autorités, personne ne juge que l’Eglise n'a pas de sens. Elle a rappelé que ce sont des impératifs budgétaires qui contraignent le gouvernement à revoir à la baisse sa contribution financière aux Eglises.
Le canton baisse nettement son engagement financier
Cette manifestation a eu lieu alors que les trois Eglises nationales bernoises se trouvent dans un contexte économique difficile. Selon les organisateurs de la manifestation, les économies budgétaires imposées par le gouvernement pourraient entraîner la suppression de 24 postes pastoraux d'ici à 2019 dans l’Eglise réformée du canton de Berne. Selon la circulaire de juin dernier, publiée par cette Eglise, « un contrôle du nombre des membres aura lieu dans toutes les paroisses en 2015 ». Le but de ce contrôle est de redéfinir l'attribution des postes pastoraux.
Dans La Vie protestante de septembre, le pasteur Gilles Bourquin rappelle que, « dans le sillage des débats au sujet des mesures d’économie cantonales, certains députés au Grand Conseil ont demandé une révision plus générale des relations entre les Eglises et l’Etat. L’enjeu est considérable étant donné que les pasteurs sont actuellement salariés directement par l’Etat bernois. »
Aux économies touchant le nombre des pasteurs s'ajoutent celles touchant le fonctionnement des paroisses. Par exemple, la ville de Berne compte douze paroisses. Celles-ci ont des immeubles qui doivent être entretenus et payent une masse salariale équivalant à 80 postes : administrateurs, sacristains, concierges, organistes, membres des services sociaux, etc. Selon le journal Der Bund, les mesures d'économies pourraient entraîner la fermeture de la moitié des temples réformés de la capitale fédérale. A Berne, le nombre des réformés a passé de 85'000 en 1990 à 55'000 en 2014.