Reconnaissance des communautés religieuses: Zurich se lance dans une troisième voie

vendredi 22 juin 2018

« Le rôle de l’islam en Suisse », c’était le thème, samedi 16 juin, d’une journée de réflexion organisée par le Parti socialiste suisse à Berne. La conseillère d’Etat zurichoise Jacqueline Fehr a saisi cette occasion pour présenter ce qui se fait dans son canton pour développer des relations avec les communautés non reconnues par l’Etat. Un pas de côté intéressant en lien avec les discussions qui ont cours actuellement en Suisse romande

Samedi dernier le Parti socialiste suisse organisait à la Maison des religions à Berne une journée de réflexion sur « Le rôle de l’islam en Suisse ». A cette occasion, la conseillère d’Etat zurichoise, la socialiste Jacqueline Fehr, a exposé la situation qui prévaut dans son canton. La ministre des cultes a souligné que dans un Etat « séculaire » comme la Suisse, il n’y avait pas de raison de traiter les communautés musulmanes différemment des communautés chrétiennes.

Après avoir précisé les différents types de reconnaissance des communautés religieuses qui prévalent dans son canton – la grande reconnaissance (de droit public) pour les réformés, catholiques romains et catholiques chrétiens, et la petite reconnaissance (d’intérêt public) pour deux communautés juives –, elle a souligné les difficultés que représentait la reconnaissance des communautés musulmanes. Dans le canton de Zurich, « ce processus n’est pas simplement juridique, mais il revêt aussi une dimension politique, difficile à gérer vu qu’il pourrait être refusé dans les urnes par le peuple ».

Une loi pour une « troisième voie »

Le canton de Zurich cherche donc des chemins nouveaux, une « troisième voie », pour établir des relations avec les communautés musulmanes. « Nous réfléchissons à la possibilité de mettre en place une loi qui concernerait les communautés religieuses non reconnues, ajoute Jacqueline Fehr. Nous pourrions nous appuyer sur cette loi pour développer des projets particuliers et les soutenir financièrement. Par ailleurs, nous aimerions aussi que ces communautés s’engagent à respecter des normes de transparence financières, mais aussi des prescriptions pour une gestion démocratique de leur association. »

Les communautés religieuses sont très actives dans la manifestation concrète de la solidarité, a constaté la conseillère d’Etat du canton de Zurich. Cela s’est vu notamment avec l’arrivée de migrants ces dernières années. Le canton le plus peuplé de Suisse souhaite donc poursuivre ce travail de collaboration. « Concrètement, nous souhaitons construire cette relation à partir de la base, a-t-elle ajouté. C’est une sorte de laboratoire expérimental, une politique des petits pas, là où des progrès sont possibles. » Concrètement, un représentant de la communauté musulmane a été intégré dans le service d’aumônerie d’urgence du canton.

Déjà des réalisations concrètes

L’après-midi, un atelier a permis à Andreas Muller, secrétaire général adjoint du Département de justice et de l’intérieur du canton de Zurich, d’approfondir le propos de Jacqueline Fehr. Ce juriste qui travaille depuis 1999 sur la question des communautés religieuses, a souligné que les reconnaissances de droit public des Eglises réformées et catholiques pouvaient se comprendre d’un point de vue historique, mais qu’aujourd’hui « les relations entre le communautés religieuses et l’Etat étaient tout à fait différentes ». Dans le contexte de pluralité religieuse qui prévaut en Suisse, l’instrument de la reconnaissance de droit public ou d’intérêt public n’est plus adapté.

Pour Andreas Muller, il s’agit de promouvoir une relation de partenariat entre deux entités qui discutent sur pied d’égalité. De cette manière, le canton de de Zurich et les communautés musulmanes ont mis en place des collaborations embryonnaires dans des domaines comme l’aumônerie dans des institutions étatiques ou dans des centres de requérants d’asile. L’Etat de Zurich soutient également la constitution d’instances musulmanes faîtières au plan cantonal ainsi que certaines connexions au monde universitaire. « Le développement de ces formes adéquates de collaboration ne se fait pas du jour au lendemain, a-t-il conclu. Ce n’est pas un « su-sucre » accordé aux musulmans. Cela prend du temps ! Ce fut déjà le cas pour le développement de relations avec les catholiques ou avec les communautés juives, et il n’en est pas différemment aujourd’hui. »

Serge Carrel

Publicité

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

myfreelife.ch

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

  • « Oui, la relève de l’Eglise passe par les femmes »

    Ven 16 septembre 2022

    Nel Berner, 52 ans, est dans la dernière ligne droite de ses études en théologie à la HET-PRO. Pour elle, la Bible est favorable au ministère féminin. Et les communautés doivent reconnaître avoir besoin tant d’hommes que de femmes à leur tête.

eglisesfree.ch

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !