« Je suis confiant. L’actualité de ces derniers jours doit nous encourager à déposer notre demande de reconnaissance d’intérêt public. » Olivier Cretegny est la cheville-ouvrière des évangéliques vaudois dans leurs démarches de reconnaissance d’intérêt public auprès de l’Etat. Assis dans le salon de son vieux chalet du centre de Château-d’Oex, l’ancien aumônier de l’EMS Praz-Soleil fait le point sur les discussions autour de la reconnaissance.
Les statuts actuels ne conviennent pas
« Actuellement, relève-t-il, le conseil de la Fédération évangélique vaudoise (FEV) prépare de nouveaux statuts. A l’avenir, notre fédération sera composée d’Eglises locales vaudoises, membres de diverses fédérations évangéliques. Parmi d’autres, c’est ce projet qui est le plus plausible. » Le 23 juin dernier, Laurent Wehrli, depuis peu conseiller national, l’avocat de la FEV et son président ont rencontré Eric Golaz, le délégué aux affaires religieuses de l’Etat de Vaud. Cette entrevue a montré que les statuts actuels qui font de la FEV une fédération de fédérations d’Eglises ne convenaient pas et qu’il fallait les modifier de fond en comble pour déposer la demande de reconnaissance d’intérêt public. Le conseil de la FEV a donc chargé son avocat de rédiger de nouveaux statuts qui devraient être adoptés lors de l’assemblée générale de l’association en mars. « Une fois adoptés, ces statuts nous permettront de déposer notre demande de reconnaissance, ajoute Olivier Cretegny. Ce qui devrait intervenir au printemps prochain, si tout va bien. »
Cette rencontre a aussi permis aux représentants de la FEV de réaliser que l’Etat attendait de toutes les Eglises membres qu’elles bénéficient de statuts et tiennent leurs comptes à disposition de l’Etat.
Deux autres difficultés
Lors de l’entrevue avec Eric Golaz, deux difficultés par rapport à la candidature de la FEV ont été soulevées : les vues créationnistes, défendues par certaines écoles évangéliques vaudoises, et les difficultés de la FEV à exclure une Eglise locale qui connaîtrait des dérives. Pour Olivier Cretegny, la question créationniste concerne deux écoles évangéliques qui mêleraient enseignement religieux et enseignement scientifique et pas les Eglises, qui, elles, ont toute liberté de professer leurs convictions religieuses. Ce point ne devrait donc nullement constituer un obstacle par rapport à la reconnaissance, ce d’autant plus que les thèses créationnistes sont minoritaires en milieu évangélique vaudois. Par ailleurs, les nouveaux statuts de la FEV permettront l’exclusion d’une communauté qui connaîtrait des dérives.
« A l’interne, nous avons aussi connu cet automne un frein dans nos démarches, relève le président. Notamment pour trouver les ressources financières afin de poursuivre les démarches juridiques autour de cette reconnaissance. Notre trésorier nous a cependant assuré que nous avions les fonds nécessaires pour l’instant. En plus, le conseil s’est à nouveau posé la question de l’opportunité d’une telle demande… mais les réserves de certains semblent levées. Nous nous sommes donc relancés ! »
Une fédération qui gère deux postes d’aumônier et les relations oecuméniques
Depuis 2 ans et demi, Olivier Cretegny, pasteur retraité, préside la FEV. En 2014, cette fédération s’est occupée des changements de ministère dans les deux postes d’aumônerie qu’elle salarie au CHUV et aux eHnv (Etablissements hospitaliers du Nord vaudois). La réflexion autour du projet de Haute Ecole de théologie (HET) à Saint-Légier, le dialogue œcuménique tant avec le Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) qu’avec la Communauté des Eglises chrétiennes du canton de Vaud (CECCV) ont aussi occupé le conseil de la FEV. Notamment, l’un de ses membres, le pasteur Jean-Jacques Meylan, qui préside ce rassemblement de toutes les Eglises chrétiennes du canton de Vaud.
Serge Carrel