Elle s’appelle Slava. Elle a 16 ans et vient de Kharkiv. « Quand je l’ai vue, j’ai aimé son look qui sortait des codes, avec un jeans notamment très personnalisé. Je lui ai dit que j’aimais bien sa dégaine, et puis nous avons parlé. Elle m’a expliqué être partie seule après le bombardement de son logement et 50 jours passés dans un bunker. Elle voulait se rendre en Allemagne. Ses parents sont restés sur place, car sa mère ne voulait pas quitter son père. Elle a pleuré dans mes bras. Elle m’a dit que c’était cela dont elle avait besoin. Puis, avec son accord, j’ai prié pour elle. Elle m’a dit que ça aussi, elle en avait besoin. Après, elle a ajouté qu’elle se sentait désormais plus légère. »
« On a prié… »
Valérie Jecker est partie deux fois en territoire ukrainien, à la frontière polonaise. La première fois fin mars avec trois amis, puis à nouveau en avril. Elle y a rejoint l’association Awakening Europe, dont le but est l’évangélisation en Europe, association qui s’est mobilisée dès le début de la guerre avec des produits médicaux et de première nécessité. « Au fond de mes tripes, je voulais faire quelque chose en faveur de ces populations touchées par la guerre. Ce n’était pas rationnel. Alors oui, on a aidé à la distribution de repas, de bouteilles d'eau, on amenait des chaises pour permettre aux plus âgés de s’asseoir, et des chaufferettes pour les mains. Une fois, on a tout simplement porté les sacs très lourds d'une femme qui fuyait seule. On s’est beaucoup occupé des enfants, on les faisait rire et leurs parents pleuraient de les voir rire ! L’évangélisation, c’est aussi ça. Mais on a également prié avec les personnes qu’on rencontrait. Et plusieurs nous ont dit, comme Slava, que c’était exactement ce qui leur faisait du bien. »
« … invoqué la paix de Dieu… »
Parmi les nombreux actes de solidarité posés à cette frontière, les bénévoles de l’association au dossard orange dont nous faisions partie ont été attentifs à ne rien imposer, dit Valérie. « Ces Ukrainiens parfois déboussolés nous partageaient des sujets d’intercession, et puis on a essayé de se laisser inspirer. On a invoqué la paix de Dieu sur leur vie, Sa protection sur leur famille et qu’Il puisse se révéler à leurs côtés. » Pas d’insulte ? Pas de marque d’incompréhension ? « Oui, certains se sont énervés car nos traducteurs étaient russophones. Et puis des bénévoles d’autres organisations se sont sentis heurtés que l’on présente l’Evangile, commente Valérie. Mais j’ai eu cette foi, cette conviction que la prière était vraiment bienfaisante, opérante ! Et puis les gens pour qui l’on priait nous l’ont dit. »
« … qui peut changer la donne »
La jeune femme, actuellement en formation théologique en ligne, a été bousculée par l’expérience. « Un paramètre a changé dans ma vie. Ma foi s’est fortifiée. J’ai pu aimer mon prochain en paroles et en actes, comme si j’étais les pieds et les mains de Jésus. Et puis j’ai beaucoup apprécié travailler avec les enfants. » A parler de ses convictions, elle secoue ses longs cheveux blonds et répond très simplement : « Je crois que Dieu transforme les vies. Je sais ce qu’Il peut apporter. Aussi en termes de salut. Je le vis personnellement et j’ai voulu le partager. Parce qu’Il peut changer la donne. Faire du bien, intimement. A chacune et à chacun. »
Gabrielle Desarzens