Le 22 janvier dernier, Le Matin titrait en une : « Eglises évangéliques en Suisse, la grande offensive ». En pages 4 et 5, sous le titre « Le projet fou des évangéliques », il donnait des informations au sujet d'une campagne de diffusion du fameux verset de Jean 3.16. Celle-ci devrait permettre à chaque habitant de la Suisse de bientôt pouvoir entendre ou lire que « Dieu a tant aimé le monde... »
Relayée par la page Facebook de lafree.ch, la nouvelle interpelle par son vocabulaire : offensive, projet fou, prosélytisme, vaste campagne... Pourquoi un langage aussi guerrier et marketing pour parler d'une campagne visant à faire connaître l'amour de Dieu ?
Comme les titres de certains livres!
Il faut dire que cette manière de présenter les évangéliques est dans l'air du temps. Un détour par une grande librairie en ligne est révélateur à ce sujet. On y trouve des titres tels que : « Les évangéliques à la conquête du monde », « Des évangéliques tentés par le pouvoir absolu » ou « Les évangéliques à la conquête de la France ». Si je ne connaissais les évangéliques que par le moyen des médias, je serais inquiet. J'aurais l'impression d'avoir affaire à une sorte de « djihadisme ».
Il faut cependant avouer que les premiers à employer un langage guerrier, ce sont les évangéliques eux-mêmes. Ils chantent : « Dieu a une armée qui se lève », même si, dans les faits, cela ne crève pas les yeux ! Par le passé, ils ont chanté des cantiques qui font aujourd'hui frémir : « Le saint combat. Pour porter le glaive et courir au feu, pour lutter sans trêve, le Seigneur te veut ». Oups ! Et lorsqu'ils prient, certains « réclament le lieu pour le Seigneur ». Les non-évangéliques, qui ne savent pas trop comment comprendre ce langage, prennent peur.
Refuser le langage guerrier
J'aimerais bien être un évangélique normal. Pas offensif, fou, prosélyte, accapareur ou guerrier. Juste normal !
Parce que, dans les faits, que font les évangéliques de Suisse romande ? En tout cas pas la guerre ! Ils croient, ils en débattent et ils témoignent de leur foi autour d'eux. Ils aiment – entre autres – Dieu, la solidarité, la rencontre, le service, la famille, les arts, les repas et, à l'occasion, le verre de l'amitié. Le moment ne serait-il donc pas venu de refuser, au nom de la réalité, le langage guerrier que d'autres nous appliquent… et que nous employions parfois nous-mêmes ?
« Le Seigneur te fait savoir ce qui est bien. Voici ce qu’il demande à tout être humain : faire ce qui est juste, aimer agir avec bonté et vivre avec son Dieu dans la simplicité » (Michée 6.8).