Les discours et débats publiques sur les questions d’identité font de nos jours la part belle à la notion de genre, au point qu’on en oublie presque le sexe biologique. On parlera ainsi de genre assigné à la naissance, comme s’il s’agissait d’un choix arbitraire, sans base factuelle. Or, s’il peut y avoir incertitude et pouvoir d’appréciation pour une infime minorité de personnes dites intersexes, le sexe est généralement une réalité que l’on constate, plutôt que de l’inventer. En tant que chrétien, je lis dans la Bible « homme et femme il les créa », signe que la sexuation est voulue de Dieu dès l’origine et constitutive de l’identité humaine.
Rappelons-nous ne pas confondre sexe et genre. Le genre est une question d’identification sociale et d’attentes qui l’accompagnent. Le kilt viril des écossais médiévaux passerait pour un habit féminin dans beaucoup de société. Les attentes envers les sexes ne sont pas toujours justes et pas toujours les mêmes. On peut être femme, sportive, aimer la bière et le cigare, tout comme on peut être homme adonné à la cuisine, au soin des enfants et à la danse classique. Oui, débarrassons-nous des clichés, injonctions et stigmates attachés à l’un ou l’autre sexe. Mais n’effaçons pas pour autant le sexe biologique.
Une transformation imparfaite
Si l’on admet de plus en plus facilement l’idée de pouvoir changer de genre, il ne s’agit pas à proprement parler d’un changement de sexe. Il semble que la chirurgie donne de bons résultats pour changer les organes sexuels externes, et que les hormones changent la pilosité, la musculature et jusqu’à l’humeur. Mais on ne sait pas transformer un ovaire en testicule, ni une prostate en utérus. De fait, ceux que l’on nomme « hommes enceints » sont des femmes par leur naissance, et remplissent la fonction féminine (faut-il dire femelle ?) dans la procréation, avec leurs organes naturels.
Si le sexe est une réalité, mieux vaut alors le prendre comme un donné à intégrer dans sa construction identitaire, plutôt que de chercher à le prendre à contre-pied. La puberté comporte en particulier des questionnements identitaires normaux. Ils demandent d’apprendre à s’accepter, à accepter son corps et son identité sexuée. L’on n’aide pas ce processus en proposant, voire prônant, une option pour assumer imparfaitement une identité liée à l’autre sexe.
La transition médicale et sociale signifie que quelqu’un n’a pas pu vivre librement son identité personnelle au sein du genre correspondant à son sexe naturel. Il faut alors y voir un échec de notre société, plutôt qu’une victoire. N’oublions pas que vivre une identité trans demande une prise d’hormones à vie, et que les actes chirurgicaux nécessaires seraient regardés comme des mutilations dans d’autres contextes. Nombre de personnes aujourd’hui adulte sont reconnaissantes qu’à l’époque de leur puberté, on ne leur ait pas proposé de transition de genre ! Laissons alors au sexe ses droits, et aidons chacun à accueillir, accepter et assumer le corps et la sexuation qui sont les siens.