«Les prises de position du Mouvement de Lausanne et la crise écologique», une chronique StopPauvreté/Radio R de Serge Carrel

Serge Carrel lundi 16 mars 2020

Comment la crise écologique est-elle appréhendée dans les grandes déclarations du Mouvement de Lausanne ? Entre les années 1970 et 2010, trois grands congrès internationaux rassemblant des responsables évangéliques de toute la planète ont publié, sous l’égide du Mouvement de Lausanne, des déclarations qui font office de « balises ». Examen de ces textes sous l’angle de la crise écologique. Chronique Radio R/StopPauvreté signée Serge Carrel, à découvrir en audio ou par écrit !

Depuis les années 70, le mouvement évangélique au sens large dit sa foi… et bien entendu sa perception de la crise écologique en lien avec les congrès du Mouvement de Lausanne. La Déclaration de Lausanne en 1974, le Manifeste de Manille en 1989, l’Engagement du Cap en 2010… autant de prises de position de référence issues de grands congrès évangéliques internationaux.

Une sensibilité qui grandit progressivement

En 1974, ces évangéliques sont rassemblés à Lausanne en Suisse par l’évangéliste américain Billy Graham. Et sous la conduite du théologien anglican John Stott, ils publient la Déclaration de Lausanne sur l’évangélisation du monde et la manière d’être témoin du Christ (1). Dans cette déclaration, rien à proprement parler sur la question écologique.

En 1989, le Mouvement de Lausanne rassemble des évangéliques du monde entier à Manille aux Philippines. A l’issue de ce congrès, le Manifeste de Manille est publié et il s’intitule « Proclamer le Christ jusqu’à ce qu’il vienne ». On perçoit l’orientation du Mouvement de Lausanne à rassembler les évangéliques autour de ce qui est le cœur de leur mission : l’annonce de l’Evangile à tout être humain… Et dans ce document, la thématique écologique apparaît à quelques reprises (2)… Mais il faut reconnaître que c’est un peu entre les lignes qu’elle se laisse entrevoir…

Le tournant de « L’Engagement du Cap »

Le troisième document rassembleur est « L’Engagement du Cap », un document adopté en 2010 à Cape Town en Afrique du Sud. Il est le fruit du travail préparatoire de Christopher Wright, un spécialiste britannique de la réflexion éthique dans l’Ancien Testament. Ce document comprend deux parties. Tout d’abord une confession de foi, puis un appel à l’action… aussi dans le domaine écologique (3). Et ce qui est intéressant, c’est que deux ans plus tard, 57 théologiens, scientifiques et personnes de terrain se sont retrouvés en Jamaïque pour approfondir la question et publier : « Evangile et protection de l’environnement. Appel à l’action » (4).

Dans la structure de ce dernier document, on retrouve les deux dimensions de confession de foi et d’appel à l’action de « L’Engagement du Cap ». Deux convictions marquent la confession de foi. Tout d’abord l’affirmation que « la protection de l’environnement est un aspect de l’Evangile qui entre dans le cadre de la seigneurie du Christ ». Ensuite l’affirmation que la crise écologique est « une crise pressante qui doit être résolue de toute urgence par notre génération ».

Une action radicale pour faire front au changement climatique

Il y a aussi un appel à l’action en dix points. Cette déclaration « Evangile et protection de l’environnement » invite notamment à l’adoption d’un style de vie simple, à une action radicale pour faire front au changement climatique, à produire de la nourriture de manière durable, et à développer une économie en harmonie avec la création de Dieu.

Pour les signataires de ce document, notamment Dave Bookless, le directeur théologique d’A Rocha International, et Frédéric Baudin, pasteur et membre fondateur d’A Rocha France, il s’agit de faire de l’engagement écologique un véritable « combat spirituel » – c’est leurs termes ! Ce combat doit passer par une repentance par rapport à notre négligence à prendre soin de la création et par une intercession pour que Dieu apporte la guérison à notre terre… en ne restant pas les mains dans les poches, bien entendu !

Serge Carrel

Notes
1 La Déclaration de Lausanne (1974). Les déclarations principales du Mouvement de Lausanne sont disponibles dans un livre : Jean-Paul Rempp (dir.), Evangéliser, témoigner, s’engager. Les documents de référence du Mouvement de Lausanne, Charols, Excelsis, 2017, 304 p.
3 Mouvement de Lausanne, L’Engagement du Cap. Une confession de foi et un appel à l’action, Marpent, BLF, 2011, 112 p. Voir dans la confession de foi : « Nous aimons le monde de la création de Dieu » (I, 7, A, p. 33-34) et dans l’appel à l’action : « La paix du Christ pour sa création souffrante » (II, B, 5, pp. 62-63). Voir aussi la version web.
4 Consultation internationale du Mouvement de Lausanne : « ‘Évangile et Protection de l’environnement’. Appel à l’action ».
Publicité

Twitter - Actu évangélique

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

myfreelife.ch

  • « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    Ven 03 novembre 2023

    Il y a quelques années, un trafic d’enfants proposés à l’adoption à des couples suisses secouait l’actualité. Sélina Imhoff, 38 ans, pasteure dans l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin, en a été victime. Elle témoigne avoir appris à accepter et à avancer, avec ses fissures, par la foi. Et se sentir proche du Christ né, comme elle, dans des conditions indignes. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

eglisesfree.ch

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !