Louange : "Visez la simplicité, vous aurez l'efficacité!" selon Luc Dumont

lundi 12 mai 2014

Luc Dumont, musicien et enseignant, décrit le métier de compositeur et donne quelques conseils pour la pratique de temps de louange dans les Eglises. Interview.

Luc Dumont, 45 ans, est connu pour ses talents de musicien et de compositeur. Mais il exerce également un ministère pastoral dans l'Eglise nouvelle vie, près de Montréal, ainsi qu'un ministère d'enseignement. Il pose donc sur les questions de musique dans l'Eglise un double regard de musicien et de pasteur.
Fin janvier, il était l'invité de l'Eglise évangélique des Ecluses (FREE) à Bienne. A cette occasion, nous lui avons posé quelques questions.

Quelles sont les qualités d'un compositeur ?
Un compositeur de chants de louange doit avant tout être authentique, c'est-à-dire travailler selon ses dons et de son appel. En effet, la louange est devenue un phénomène de mode depuis une dizaine d'années. Certains artistes se sont donc lancés dans la composition de chants de louange sans être compositeurs de ce genre de musique. Ils composent de la louange alors qu'ils ont des dons et un appel pour composer des chants d'évangélisation ou d'édification... C'est dommage.
A un musicien, je dirais : « Sois authentique, ne cherche pas à faire comme les autres. Rappelle-toi que la louange n'est pas une mode. » Les artistes qui font du bon travail sont eux-mêmes. Ils ont une saveur qui leur appartient. Cela dit, il est difficile pour un musicien de trouver son identité.
Pour ma part, j'ai découvert la louange en même temps que la foi et elle sort naturellement de moi. Mais quand je compose ce n'est pas juste pour être écouté, c'est d'abord un outil. Je ne désire pas être un auteur qu'on vient écouter, mais un auteur avec qui on chante.

Un compositeur a-t-il besoin de se faire aider ?
Certains compositeurs travaillent seuls, d'autres en équipe. Quand tu travailles en solitaire, tu peux dire ce que tu veux, tout ton travail est de toi, il t'appartient. Mais tu n'as que tes propres ressources et tu es donc limité. Par contre, lorsque tu travailles en équipe, tu dois faire des compromis. Mais tu peux aller plus loin, tu es en quelque sorte... illimité. Parfois, des groupes vont plus loin que des artistes solo. Tout seul on va vite, ensemble on va loin !
Il n'est pas simple de travailler en groupe, parce que l'harmonie est nécessaire pour que ça fonctionne. Les membres de l'équipe doivent avoir un même cœur, s'entendre sur la destination finale. Si l'un veut composer de la louange et l'autre un chant d'évangélisation, le but ne sera jamais atteint. Des compositeurs aux sensibilités et aux méthodes différentes peuvent très bien collaborer, pourvu qu'ils aient choisi un but commun.
Travailler en groupe est aussi une école d'humilité. Si tu veux faire du bon travail, tu dois accepter que quelqu'un te dise : « C'est mauvais ! » Et si une composition n'est pas jugée intéressante pour un projet, ce n'est pas grave. Elle sera peut-être utile à une autre occasion.
Il faut savoir que lorsque Hillsong a publié son dernier album de louange, quelque 200 chants ont été composés et collectionnés. Mais seulement une douzaine ont été finalement retenus. L'organisation bénéficie des dons d'une armée de compositeurs dont beaucoup sont des professionnels. C'est une richesse extraordinaire que nous ne trouvons pas forcément ailleurs.

Et vous, comment travaillez-vous ?
Chacun doit trouver sa façon de fonctionner. En ce qui me concerne, j'aime commencer par travailler seul. Ensuite des musiciens prennent ce que j'ai commencé et l'amènent à un autre niveau. J'aime travailler en groupe de deux ou trois personnes, spécialement en ce qui concerne la composition des textes. Seul, je suis facilement bloqué. Je me fais aussi souvent aider pour les arrangements musicaux.

Quelles sont les responsabilités des musiciens d'une Eglise ?
Dans l'Eglise, le ministère de la musique et de la louange est difficile. Lorsque des gens vont à un concert, c'est parce qu'ils aiment cette sorte de musique. Dans l'Eglise, c'est différent. Il y a une diversité d'âges et de goûts musicaux. Et en plus, il faut se renouveler chaque semaine.
Il est donc important que les musiciens de l'Eglise cultivent un état d'esprit : servir et non se servir. Cela fait la différence ! Un musicien qui veut se faire plaisir n'est pas le serviteur dont l'Eglise a besoin. Il ne saura pas choisir une musique et des chants qui correspondent aux besoins des gens devant lui.
Ensuite, il faut savoir que pour rassembler des gens différents, il est nécessaire de faire des compromis. Un temps de louange doit donc comprendre des éléments qui rejoignent les jeunes et d'autres les moins jeunes. Et les conducteurs vont encourager une partie de l'assistance à s'ouvrir... une autre à se contenir...
Enfin, l'unité de la communauté est un objectif incontournable. Les personnes présentes doivent passer de spectateurs à participants en tenant compte de leur diversité.
Parfois, lorsque les musiciens sont très bons, les participants risquent d'adorer l'adoration plutôt que Dieu. Pourtant, l'audience d'un temps de louange, c'est le ciel, pas la foule ! Les musiciens sont là pour guider l'assemblée dans la présence de Dieu.

Dans une Eglise, est-il vraiment possible de rejoindre tout le monde ?
Les Eglises ont adopté plusieurs manières de gérer la louange. Certaines choisissent un style de musique et rejoignent une catégorie de l'assemblée. Au Canada, certaines communautés organisent deux cultes par dimanche, avec des styles de louange différents. Rick Warren, le fondateur de l'Eglise de Saddleback en Californie, organise des cultes avec un temps de louange donné en différents lieux : louange classique sous un chapiteau, pop sous un autre, gospel ou R&B encore ailleurs. Et chacun va là où le style de louange est à son goût. Mais cette manière de faire ne correspond pas à notre réalité francophone.
Nous devons donc trouver un équilibre... et c'est possible ! Nous devons non seulement former les musiciens, mais également enseigner le peuple de l'Eglise à propos de toute cette problématique et du sens de la louange. Souvent, les gens sont frustrés par ignorance.

Comment les musiciens devraient-ils s'y prendre ?
En matière de chants, visons la simplicité et nous aurons aussi l'efficacité ! Dans les Eglises, des musiciens non professionnels entraînent des participants non chanteurs. Nous ne pouvons donc pas faire de la musique comme Hillsong. Nous n'avons pas les ressources pour cela. Acceptons cette réalité, sinon nous ne pouvons pas progresser.
Mais j'aimerais rappeler qu'un beau chant et un piano, cela peut être aussi spirituel que tout un orchestre de louange. La clé, c'est le cœur !
Choisissons des chants simples et puissants, plutôt que des chants compliqués qui montrent surtout la performance. Les trente chants chrétiens les plus chantés ont tous une mélodie puissante et facile à chanter, ainsi qu'un texte qui élève Dieu. N'importe qui peut les jouer et les chanter. Alors, laissons aux professionnels le soin de nous emmener très loin en écoutant leurs CD. Mais les musiciens moyens du dimanche ont besoin de chants accessibles.
Et lorsqu'une Eglise a la chance de bénéficier des talents de très bons musiciens, alors elle doit être attentive à ne pas perdre le peuple en cours de route.

Une Eglise a-t-elle intérêt à se donner un répertoire de chants ?
Oui, bien sûr ! Réunissez les conducteurs de louange de l'Eglise. Choisissez environ cinquante chants et ne chantez que ceux-là pendant une année. L'année suivante, vous ajouterez et éliminerez quelques chants. On peut déjà aller loin avec cinquante chants ! Et avec un tel répertoire, on n'a que des super-chants lors des cultes. Et n'oublions pas : avant d'introduire un nouveau chant dans la communauté, assurons-nous que le chant introduit précédemment soit maîtrisé.
Propos recueillis par Claude-Alain Baehler

Le site de Luc Dumont.

 

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