L’annonce il y a une semaine de la mort dans une prison libyenne du copte égyptien Ezzat Hakim Atallah, arrêté sous l’inculpation de prosélytisme, a provoqué au Caire la colère de chrétiens. Des manifestants continuaient lundi 18 mars de bloquer l’ambassade libyenne.
En réaction, l’Eglise orthodoxe copte de la ville de Benghazi, en Libye, a été incendiée à nouveau le 14 mars et 4 nouveaux chrétiens ont été arrêtés samedi 16 mars.
Face à cette escalade de violence, le pape des coptes, Tawadros II, a passé l’après-midi de dimanche en compagnie de l’ambassadeur libyen au Caire afin d’obtenir la libération des quatre prisonniers chrétiens.
Interpellation dans un marché
Ezzat Hakim Atallah faisait partie d’un groupe d’une cinquantaine d’Egyptiens coptes qui ont tous été interpelés le 26 février dans un marché de Benghazi. Accusés d’être des missionnaires, ils auraient été maltraités par la foule avant d’être arrêtés sur ordre du ministère de l’Intérieur. La plupart d’entre eux a par la suite été libérée et expulsée du pays car, selon les autorités libyennes, ces hommes seraient « entrés illégalement » dans le pays. Quatre d’entre eux ont cependant été transférés dans une prison libyenne, dont Ezzat, qui y est est décédé dimanche 10 mars.
Selon deux coptes libérés dont les propos ont été recueillis par l’Associated Press, des salafistes sous le commandement de l’islamiste et ex-rebelle Hemad Wassam Bin leur ont rasé la tête, ont menacé de la couper selon la charia tout en leur montrant leurs épées. « Ils nous ont traités d’une manière très brutale, y compris en nous obligeant à insulter notre Pape Shenouda » (le pape des coptes décédé l’an dernier.
Musulmans du pays également menacés
Les responsables de ces attaques à l’encontre des chrétiens sont les fondamentalistes islamiques, qu’on appelle communément les salafistes djihadistes. Ceux-ci sont partisans d’une interprétation littérale de l’islam et veulent, par la force, ré-islamiser les pays traditionnellement musulmans.
Les chrétiens de Libye ne sont pas les seuls à être dans la cible de ces extrémistes : des centaines d’attaques ont été menées en Libye contre des mosquées, des tombes de saints et des sanctuaires musulmans. Dans le centre de Tripoli, un groupe radical a par exemple détruit en août dernier la mosquée Sha’ab ad-Dahman et environ 50 tombes soufies, dont celle d’un grand érudit libyen.
Des congrégations religieuses quittent le pays
Cet avènement du salafisme en Libye remonte à la chute de Mouammar Kadhafi. Selon un Père catholique sur place, les 41 ans de son régime ont toujours autorisé les activités des minorités religieuses. Depuis, les cas d’agression ou les attaques contre elles ont considérablement augmenté, poussant d’ailleurs plusieurs congrégations à quitter le pays.
Des sœurs franciscaines, engagées pourtant dans le travail hospitalier et l’accompagnement de personnes âgées, sont encore parties en janvier de ce pays à 97% musulman.
Gabrielle Desarzens