« Lorsque nous nous sommes engagés dans l’Eglise évangélique libre de la Côte-aux-Fées (FREE), c’était en particulier en raison de l’intérêt de cette communauté pour la mission », se rappelle David Hoehn, le pasteur. En effet, il y a très longtemps que les chrétiens du village – ceux de l’Eglise libre et ceux de la paroisse réformée en particulier – ont de l’intérêt pour le travail missionnaire. Cela s’est en particulier traduit par la fondation d’un « Foyer missionnaire » où des missionnaires et des pasteurs étaient accueillis gratuitement. Cela leur permettait de se reposer et de se ressourcer.
« Ce foyer a accueilli des gens du monde entier, souligne le pasteur de l’Eglise libre. Mais, avec mon épouse Evelyne, il nous a semblé que cette belle aventure missionnaire avait besoin d’un nouveau souffle. » De plus, le couple pastoral de la Côte-aux-Fées avait appris que l’offre francophone, en matière d’accompagnement de missionnaire, était un peu faible. C’est ainsi qu’une « vision » a vu le jour : faire évoluer le foyer, afin qu’il devienne un centre de débriefing et de ressourcement animé par une équipe de personnes formées.
« La Halte » a vu le jour en 2016. Jusqu’à présent, quelque soixante personnes, couples et familles y ont séjourné, afin de bénéficier de l’accompagnement de David et Evelyne Hoehn, et d’une petite équipe. « Les personnes qui nous rejoignent ont la possibilité de séjourner dans un cadre reposant, d’être écoutées, de se décharger, de rencontrer un vis-à-vis ‘neutre’, souligne David. Cela leur permet de faire le point, de réfléchir à leur engagement et de prendre du recul. »
Qui sont les bénéficiaires ?
Parmi les personnes qui ont fréquenté La Halte, on trouve des pasteurs, mais surtout des missionnaires qui travaillent ou ont travaillé en Asie et en Afrique. « Nous accueillons des personnes qui reviennent définitivement, mais aussi des missionnaires qui s’apprêtent à repartir après quelques semaines ou quelques mois, précise le pasteur. Certains ont été contraints de quitter leur lieu de service en raison de l’insécurité dans le pays, de problèmes de santé ou des études des enfants. » Certains ont quitté leur lieu de mission dans des conditions difficiles, voire dramatique ; l’équipe de la Côte-aux-Fées les aide à gérer leur travail de deuil et à trouver un nouvel équilibre.
Mais les problèmes les plus récurrents rencontrés à La Halte ne sont pas liés à des traumatismes. « Souvent, nous avons affaire à des problèmes relationnels, souligne David Hoehn. Certains ont vécu des conflits avec leur supérieur. D’autres sont découragés à cause de leurs attentes déçues : il ont beaucoup donné, renoncé à leur travail en Suisse, et ils se demandent pourquoi. D’autres, encore, sont traumatisés parce que leur projet a échoué. D’autres, enfin, souffrent de surmenage et de solitude. » Dans ces cas, La Halte offre un lieu de parole que les missionnaires et les pasteurs ne retrouvent pas ailleurs. En effet, il est difficile de parler de ses échecs à l’Eglise qui vous envoie ou aux amis qui vous soutiennent. L’engagement missionnaire, comme le ministère pastoral, sont largement idéalisés par les personnes qui ne les connaissent pas bien.
Les personnes qui visitent La Halte ont ainsi la possibilité de dire leur déception, et de changer de regard à propos de Dieu et d’eux-mêmes. Le pasteur de la Côte-aux-Fées rappelle que les conflits font partie de la vie et que les chrétiens ne sont pas épargnés. Et il ajoute : « Cela n’est pas grave, car Dieu se révèle différemment. Nos concepts et nos croyances s’effondrent, mais pour faire émerger quelque chose de plus abouti. On grandit durant les débriefings ».
Site internet de La Halte : https://lahalte.ch