La branche alémanique d’Exit a dit oui à une extension de l’aide au suicide à des personnes souffrant de polypathologies liées à l’âge, samedi 24 mai, lors de son assemblée générale à Zurich. Sa branche suisse romande avait déjà accepté ces propositions le 26 avril. Jusque-là, les deux associations proposaient l’aide au suicide pour les personnes atteintes d’une maladie incurable ou en phase terminale. « Je ne suis pas étonné de ces nouvelles propositions, commente à Blonay Michel Pétermann, directeur de la maison de soins palliatifs Rive-Neuve. Le but de Jérôme Sobel, président d’Exit Suisse romande, a toujours été, finalement, l’euthanasie active directe. »
Pour ce dernier, si la personne a son discernement, elle est en droit de choisir le moment et le moyen de sa propre mort. Et selon lui, une polypathologie, c’est par exemple « quelqu’un qui est âgé, qui a des problèmes de surdité importants et qui va en plus devenir aveugle. S’il fait une demande et qu’il nous la répète, on va l’aider. » Exit ne souhaite cependant pas définir ce qu’est le terme « âgé », car cela dépend de la personne, a expliqué la présidente de l’association alémanique Saskia Frei. « On renforce le message ambiant qui stipule que la personne âgée est une charge pour la société, estime Michel Pétermann. Elle peut cependant vivre de belles expériences de vie dans une unité de soins palliatifs. Moi, je milite pour que l’on crée davantage de conditions alternatives pour ne pas arriver à un tel désespoir, car je maintiens que choisir la mort relève du désespoir. »
Pressions psychologiques
La discussion est à présent ouverte et sera approfondie avec les médecins. Ce renforcement du droit à l’autodétermination reste dans la légalité, mais dépasse les recommandations de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM). Le code pénal ne pose en effet que trois critères : que la personne se suicide elle-même, qu’elle soit capable de discernement et que la personne qui l’assiste soit mue par un mobile altruiste.
Pour le professeur Christian Kind, président de la commission d’éthique de l’ASSM, Exit franchit un nouveau pas supplémentaire, expliquait-il dans les colonnes du Temps : « C’est un nouvel élargissement du champ d’activités d’Exit. Celles-ci avaient déjà été étendues à des patients qui souffrent de maladies incurables mais non mortelles à court terme. Elles le sont maintenant également à des personnes qui n’ont pas de maladies incurables. » Christian Kind craint qu’il n’y ait des « pressions psychologiques, sociales pour les personnes âgées d’une part, et sur les médecins d’autre part pour assister aux suicide. »
La qualité d’une société se mesure à la façon dont on traite les plus faibles, souligne à ce propos Michel Pétermann, qui considère que le succès d’EXIT révèle une faillite de notre société. Le slogan d’EXIT « Mourir dans la dignité » est d’ailleurs pour lui une supercherie, « car j’estime que la dignité est d’être dans la relation, d’être dans la vie et de la préserver ».
Exit enregistre une croissance continue de ses membres depuis cinq ans. En 2013, près de 5000 personnes se sont inscrites.
Gabrielle Desarzens