Des marionnettes pour faire réfléchir les enfants à la question de Dieu

lundi 07 janvier 2013
Une expérience originale s’affirme à Genève pour les plus jeunes par le biais de marionnettes : les Théopopettes conjuguent les questions existentielles sur le mode philosophique. Pas de bourrage de crâne, mais un apprentissage de la réflexion.
« Où habite Dieu ? », « C’est comment quand on est mort ? », « Changer, ça veut dire quoi ? » Les enfants ont parfois de drôles de questions. Les responsables du Service Enfance et Famille de l’Eglise protestante de Genève proposent aux 4 à 9 ans de réfléchir avec eux aux grandes questions qui les habitent. Pour ce faire, ils sont aidés des marionnettes Théo, Popette, Fourmix et d’autres, qui tiennent tout exprès des « parlottes » à l’Espace Fusterie, ce temple genevois qui se veut « une présence différente de l’Eglise au cœur de la Cité ».
Ces rendez-vous visent à rendre les enfants auteurs de leurs propres croyances, sur un modèle de pratique philosophique.
« On a longtemps travaillé auprès des enfants avec une pédagogie de vases à remplir, en les considérant un peu comme des récipients à connaissances, que ce soit dans les écoles ou dans l’Eglise, estime l’animatrice Florence Auvergne-Abric, l’une des chevilles ouvrières de la formule. C’est en train de changer ! » 

Des « parlottes » sur le mode philosophique
A la première de la troisième saison des Théopopettes, pas de récit biblique ou d’enseignement, mais une mise en perspective de ce que peut signifier grandir. Un exercice qui fait mouche auprès de plus des 80 enfants présents.
Le mercredi après-midi, sur le coup des 15h30, deux marionnettistes arrivent, l’une portant Théo, l’autre Popette... Florence Auvergne-Abric, auteur des saynètes, incarne « Madame Florence » aux côtés des poupées de chiffon. « La démarche se situe à la frontière du laïc et du spirituel, et met en scène des marionnettes qui abordent un thème que je débats ensuite avec les enfants, explique-t-elle. Et puis il y a le goûter, qui est très important ! »
Au pied de la chaire, sur un tapis, les jeunes spectateurs sont très attentifs. Derrière eux, les adultes sont assis sur des chaises, quelques poussettes à leurs côtés. Comme tous les petits, Théo et Popette se posent beaucoup de questions. Ils se trouvent aujourd’hui de surcroît confrontés à un regard pluriel sur les spiritualités. Tiens : depuis l’année dernière, leur copain Giovanni qui est de religion juive les a rejoints à la Fusterie. Popette a une copine, Azima, qui est musulmane. « J’espère que nos parlottes permettent aux enfants de s’ouvrir au monde et de développer leur propre croyance ! »

Exercice de réflexion...
Formateur en philosophie pour enfants et membre de l’association Prophilo, Alexandre Herriger cautionne la démarche qui vise à aider les enfants à penser par eux-mêmes. Il a d’ailleurs lui-même formé l’équipe réformée genevoise il y a quelques années. « L’exercice du dialogue reste le moyen par excellence qui permet la multiplicité des points de vue et la réflexion », souligne-t-il. Non sans ajouter que parvenir à la connaissance de soi est un autre objectif de la pratique philosophique : « Ce qu’il faut éviter absolument, c’est de manipuler la discussion, d’imposer un point de vue, de moraliser les enfants. »
Pour Florence Auvergne-Abric, on est actuellement dans une société où on a le droit de ne pas être déboussolé si on ne trouve pas tout de suite de réponses à ses questions : « Ce qui est important, c’est d’être en mouvement et de chercher. »
Mais  comment s’inscrit le message biblique dans la démarche ? « On se situe d’abord d’emblée dans des sujets qui habitent profondément les enfants, comme la jalousie, la différence... autant de thèmes qui trouvent un écho dans la Bible », indique-t-elle. Au terme de la discussion-spectacle, une feuille des Théopopettes est remise aux intéressés avec, au dos, des versets de la Bible. Ce mercredi, c’est un passage de l’Ecclésiaste : « Il y a un moment pour tout... un temps pour naître, un temps pour grandir... » Au-dessous, un texte de prière : « Mon Dieu, merci pour chaque chose que tu me donnes (...) Aide-moi à ne pas avoir peur des changements et à accueillir les nouvelles choses et les nouvelles personnes avec joie. »

... pour éviter l’endoctrinement
Le texte et la réflexion bibliques sont donc proposés dans un deuxième temps, ce qui, selon Alexandre Herriger, évite tout endoctrinement. La formule s’inscrit dès lors pour lui naturellement en complément à un enseignement, « qu’il soit d’ailleurs religieux ou mathématique », car à chaque fois, il faut penser l’information, la réfléchir, en examiner les tenants et les aboutissants... avant de le faire sien.
Gabrielle Desarzens

Cet article fait suite à une émission diffusée le 11 novembre sur les ondes de RTS La Première dans l’émission Hautes Fréquences. A écouter ici.


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