L’ONG Portes Ouvertes vient de publier son index mondial de persécution 2018. La Corée du Nord arrive en première position de cet accablant palmarès. « Pour une bible trouvée chez soi, la sentence est l’arrestation, la torture et l’emprisonnement à vie en camp de travail, commente Raymond Favre. L’idéologie dite du « juche » qui prône l’autosuffisance de l’être humain ainsi que le culte à la famille Kim depuis trois générations sont religions d’Etat, même s’il existe des Eglises de façade ». Les enfants sont formés à dénoncer leurs parents qui se seraient convertis au christianisme. Environ 300'000 chrétiens y vivent pourtant leur foi.
Eglise souterraine
L’Afghanistan, en deuxième position, est pour sa part une république islamique qui ne reconnaît pas d’autre religion. « L’islam pur et dur reste sous la pression des talibans. Quelqu’un qui quitte la foi musulmane est considéré comme un traître ou un apostat », indique le porte-parole. On estime néanmoins à quelques milliers le nombre de chrétiens afghans, qui vivent leur foi totalement dans l’ombre. Il n’existe en effet aucune Eglise officielle en Afghanistan, tout comme d’ailleurs en Somalie, qui est troisième sur le podium de l’index. « Dans ce pays africain, dès qu’on soupçonne que tu es chrétien, tu es quasiment condamné à mort. » Les chrétiens constituent une cible de choix notamment pour les shababs, des partisans du wahhabisme qui militent pour que la charia régisse tous les aspects de la société. Les personnes qui se réunissent pour faire église dans la clandestinité changent constamment de lieu pour ne pas se faire repérer.
Un combat pour la liberté
Dans les dix premiers pays listés par Portes Ouvertes, il y a encore le Soudan, le Pakistan ou l’Iran. Selon l'ONG, quelque 215 millions de chrétiens dans le monde sont soumis à une forte persécution. « Dans les pays musulmans, il y a une haine du chrétien qu’on assimile à l’Occident, déclare Raymond Favre. L’index n’est pas dressé juste pour que nous soyons solidaires des personnes qui partagent la même foi que nous. Mais défendre les chrétiens persécutés, c’est un combat pour la liberté ; c’est le dernier rempart à mon sens avant la perte totale de la liberté de conscience. » Ce que lui inspire finalement cet index 2018 ? « Que la situation est grave. Et jusqu'en Europe : en mai dernier, une Afghane chrétienne d’arrière-plan musulman a été tuée en Allemagne par un de ses compatriotes. Les motifs religieux sont privilégiés car cette mère de deux jeunes enfants fréquentait un groupe d’étude biblique dans son quartier. » Le porte-parole réfléchit puis ajoute : « J’ai participé l’année dernière en France voisine à une rencontre entre chrétiens d’origine musulmane qui provenaient pratiquement tous d’Afrique du Nord. Aux 300 personnes présentes, on a demandé que celles qui étaient persécutées à cause de leur foi se lèvent. Près de la moitié d’entre elles l’ont fait. »
Gabrielle Desarzens