« Idéologies, religions et exercice du pouvoir », c’est le titre du cinquième cycle de conférences organisé cet automne à Lausanne par les Groupes bibliques universitaires (GBU) et l’Eglise évangélique de Villard (FREE). Au nombre des conférenciers, Claude Baecher, pasteur dans l’Eglise évangélique de Villard et théologien anabaptiste. Il donnera la première conférence dimanche soir à 19h30 à Lausanne. Elle est intitulée : « Christianisme et chrétienté, des nuances importantes ».
Claude Baecher, vous êtes dans le comité d’organisation de ce cycle de conférences. Pourquoi avoir choisi cette année le thème « Idéologies, religions et exercice du pouvoir » ?
Nous vivons une période où le religieux est censé être absent de l’espace public… et pourtant il occupe un espace considérable dans la représentation du monde que nous proposent quotidiennement les médias. Religions et pouvoir, voilà un sujet qui préoccupe tout un chacun. Non seulement par rapport à l’islam, mais aussi par rapport à la manière dont les différentes Eglises chrétiennes envisagent leur relation au pouvoir.
Dans ce contexte, il est important de réfléchir à un exercice du pouvoir qui soit cohérent avec le message de l’Evangile.
Dans quelle direction les différents intervenants de ce cycle de conférences vont-ils aller ?
La première conférence donnera la parole à la marge de la chrétienté et visera à mettre en évidence différentes manières de concevoir le pouvoir. La deuxième traitera de ces philosophies et idéologies qui savent ce qui est bon pour conduire le citoyen vers des horizons meilleurs. La troisième abordera la question du pouvoir et du Coran, à l’heure où l’épouvante djihadiste hante les Occidentaux. Une quatrième réflexion reviendra aux sources évangéliques pour évaluer le risque de totalitarisme, lorsque des personnes et des mouvements prennent au sérieux l’enseignement du Christ et des apôtres. La dernière conférence posera la question de la place de la Vérité dans une société sécularisée et syncrétiste.
Le titre de votre conférence annonce une distinction entre christianisme et chrétienté. En quoi cette distinction est-elle importante pour vous ?
Mes recherches doctorales à propos de ce que les spécialistes appellent la « Réforme radicale », notamment les anabaptistes en Suisse, et d’autres recherches m’ont montré une approche du rapport Eglise-Etat, qui est propre à ce mouvement. Ces pistes sont très peu médiatisées et, selon moi, elles ont une grande pertinence pour les chrétiens qui sont minoritaires dans notre société aujourd’hui. Elles nous invitent aussi à relire les textes du Nouveau Testament et à entrevoir l’importance de la distinction entre chrétienté et christianisme.
En quoi cette distinction consiste-t-elle ?
L’Europe occidentale, la Suisse y compris, vit dans un temps de postchrétienté. A mon sens, les batailles confessionnelles du passé montrent que des personnes en situation de pouvoir – ou de garder le pouvoir – n’ont pas hésité à employer la violence et la contrainte pour défendre ce qu’elles estimaient être la vérité. Il existe une manière de vivre l’Eglise qui ne voit le pouvoir qu’en terme de service et de témoignage, même en situation de majorité. Les actions n’en sont que plus « parlantes » et le message plus net.
Qu’attendez-vous de ces conférences?
Notre objectif est de stimuler la réflexion. Il est important aujourd’hui que chaque citoyen, chrétien ou non, mûrisse ses convictions dans le domaine. Il en naîtra, espérons-le, des questionnements nouveaux et l’émergence de repères utiles pour notre vivre ensemble et pour une présence chrétienne dans les temps difficiles que nous vivons.
Plus d’infos : www.scienceetfoi.ch.
Le communiqué de presse de la série de conférences.