Konrad Specker de la Direction du développement et de la coopération suisse le répète volontiers : « Il y a choses importantes pour un expatrié, l’analyse du contexte, l’analyse du contexte et... l’analyse du contexte ! » En le citant, Jean-Daniel André, qui a été pilote de la MAF (Mission Aviation Fellowship) au Tchad et chef de projet au Kosovo pour l’ONG Medair, a souligné l’importance de comprendre à qui on a à faire.
« Je pense que c’est particulièrement essentiel en terre musulmane, où il n’y a souvent pas qu’un pouvoir religieux mais plusieurs, a-t-il indiqué dimanche sur RTS La Première. Et l’expatrié doit s’interroger s’il pose des actes provocateurs ou acceptables. »
Victime d’un deuxième rapt
Dans le contexte précis de Béatrice Stokly à Tombouctou, cet homme de terrain n’estime pas très sage qu’elle ait distribué des tracts chrétiens. « Surtout qu’elle était entourée de djihadistes, qui sont des terroristes et non des musulmans très religieux. » La Suissesse a été enlevée début janvier pour la deuxième fois par des islamistes radicaux dans cette ville du nord du Mali. Déjà séquestrée en 2012, elle a passé une dizaine de jours entre les mains de ses ravisseurs. Ces derniers et les autorités suisses l’avaient avertie de ne pas retourner dans cette région sahélienne. Elle était pourtant repartie y vivre début 2013.
Signer une décharge ?
« Quand on va de l’avant comme elle, on doit en accepter les conséquences », affirme Jean-Daniel André. Non sans émettre l’idée d’une décharge que ces personnes habitées d’une conviction intérieure forte pourraient ou devraient signer ; du style : « J’ai une conviction intérieure ; je suis prêt(e) à en payer le prix ; je ne souhaite pas que l’on vienne me chercher. » Car pour lui, pas sûr qu’il revienne à d’autres le soin de démêler des situations en prenant des risques démesurés.
Interrogé dans les colonnes du Matin Dimanche du 31 janvier, Didier Burkhalter, chef du Département fédéral des affaires étrangères, a toutefois indiqué que la libération de Béatrice Stokly était une priorité. « On a l’impression que c’est tellement faux de retourner là où l’on sait que le danger existe. Ici, au département, nous le lui avons répété à plusieurs reprises. Mais c’est une missionnaire qui a estimé avoir sa vie et son rôle là-bas. Je ne juge pas cela. Désormais, nous jouons notre rôle avec les mêmes démarches et les mêmes efforts que nous avons toujours déployés. »
Gabrielle Desarzens
Ecouter la séquence "Actualité" de l'émission Hautes Fréquences du 31 janvier.