Une aumônière des AESR installée dans l'Ensemble hospitalier du Nord vaudois

mercredi 23 novembre 2005

Noëlle Sennwald sera installée comme aumônière de l'Ensemble hospitalier du Nord vaudois dimanche 27 novembre à 10h, à la Chapelle des diaconesses de Saint-Loup. Membre de l'Eglise évangélique des Amandiers à Lavigny (AESR), cette esthéticienne de profession a entrepris une formation complémentaire en théologie et en aumônerie. Son ministère à plein-temps est aujourd'hui pleinement reconnu au sein de l'équipe oecuménique qui assure l'aumônerie des hôpitaux du nord du canton de Vaud. Portrait.

« Pour accomplir sa tâche, Noëlle a du charisme, alors que d’autres en ont nettement moins ! » Le propos est clair. Il résonne de manière péremptoire dans le bureau des infirmières du service de gynécologie de l’hôpital de Saint-Loup. La jeune infirmière qui vient de s’exprimer relève avec ses collègues que la collaboration avec Noëlle Sennwald, aumônière du Resho, est fructueuse.

De l’esthétique à l’aumônerie

Depuis 6 ans, Noëlle Sennwald travaille comme aumônière à l’hôpital de Saint-Loup. Esthéticienne de profession, Noëlle a accompli une formation diaconale pilotée par les Eglises réformées de Suisse romande, tout en demeurant attachée à l’Eglise évangélique des Amandiers à Lavigny (VD). A l’issue de cette formation, elle s’est engagée dans un ministère d’aumônier en hôpital. « Mon engagement consiste à donner aux blessés de la vie et de la religion la possibilité de retrouver un lien avec le Créateur au travers du message du Christ ». Assise à la cafétéria de Saint-Loup, Noëlle Sennwald donne le contour de ses activités d’aumônerie. Elle a pour mission de visiter tous les patients qui entrent dans les services de gynécologie, de maternité, de médecine et des soins intensifs de Saint-Loup. Cela réparti sur 3 jours de la semaine. Le reste de son plein-temps, Noëlle visite les patients de l’hôpital d’Orbe.

Une foi qui ouvre à un autre regard

C’est dire si son quotidien est fait de rencontres. Des rencontres qui vont de l’échange de quelques propos convenus à l’entretien spirituel intense. « Il y a quelques jours, raconte Noëlle, j’avais emmené avec moi un petit livre sur le thème de la résilience (la capacité de rebondir après un malheur) pour le parcourir pendant les pauses ou les instants de battement ». Au chevet d’une malade, elle découvre que cette femme a besoin d’approfondir ce thème. Elle lui prête le livre. Le message de la résilience fait son chemin dans le coeur de cette patiente. Cette femme quittera l’hôpital avec un autre regard sur les malheurs qui l’ont frappée ces dernières années et avec le désir de mieux comprendre d’où viennent ses blessures et la « fausse » culpabilité qui l’habite. « Je ne crois pas au hasard, ajoute l’aumônière. Par toutes sortes de moyens, ma tâche consiste à montrer que la foi en un Tout-Autre permet de changer son regard sur les circonstances et sur les autres ! »

Quand quelqu’un demande « la piqûre »...

Des histoires d’accompagnement où elle subodore la main de Dieu, Noëlle Sennwald pourrait en raconter pendant des heures. Souvent ces dernières années, des malades en fin de vie lui ont demandé ce qu’elle pourrait faire pour qu’ils soient mis au bénéfice le plus rapidement possible de « la piqûre ». Le débat est vif actuellement dans les hôpitaux autour de l’euthanasie et de l’aide au suicide. Formée en soins palliatifs, Noëlle Sennwald aimerait que l’on « mette autant d’énergie pour donner sens à la vie jusque dans ses derniers instants que pour trouver des solutions aux demandes d’aide au suicide ». Lorsqu’un malade lui demande s’il peut obtenir « la piqûre », l’aumônière de Saint-Loup ne se laisse pas troubler. Elle redouble d’écoute pour découvrir ce qui motive cette personne à formuler une telle demande. Souvent, en conversant avec le malade, elle reçoit des confidences sur le désarroi et la solitude des personnes en fin de vie. Sur leur sentiment d’inutilité et sur l’impression de gêne qu’ils pensent susciter auprès de leur entourage. « Certaines personnes en phase terminale demandent une aide au suicide, parce qu’elles ne sont plus écoutées, ajoute Noëlle Sennwald. Après des échanges avec eux, la plus belle récompense que je peux recevoir, c’est quand le malade me dit : « J’ai réfléchi. Je crois que je peux aller jusqu’au bout... »

Humaniser le départ des enfants mort-nés

Ces dernières années, Noëlle Sennwald s’est aussi investie dans l’accompagnement des enfants mort-nés et de leurs parents. Assimilés pendant longtemps à des « déchets carnés », ils sont aujourd’hui accueillis comme des humains. « Avec le personnel soignant, explique-t-elle, nous avons réfléchi à des propos à tenir en pareilles circonstances à l’endroit des parents. Pour le petit être, nous avons aussi mis en place une démarche de deuil digne ». Dans de telles circonstances, quand l’aumônière est appelée, elle propose d’abord aux soignantes un rituel de deuil qui permet de prendre en charge leur émotion devant l’enfant mort. Noëlle Sennwald prie, puis installe le petit être dans un cercueil adapté à sa taille. Si elle le souhaite, la famille peut alors voir le bébé et prendre congé. « Pour développer cela à Saint-Loup, j’ai été beaucoup aidée par l’équipe de gynécologie et par les pompes funèbres de la région, ajoute l’aumônière. Ils se sont montrés très collaborant, en travaillant parfois bénévolement pour que cet accompagnement se passe pour le mieux... »

Afficher des convictions ne gâche pas les relations

Au début de son service à Saint-Loup, Noëlle Sennwald peinait à trouver un « juste profil ». « J’ai dû me positionner du point de vue de la foi et de mon droit à être qui j’étais dans mes convictions religieuses », explique-t-elle. D’un côté, elle souhaitait rencontrer chacun. De l’autre, elle avait des convictions qui lui donnaient une orientation dans son activité d’aumônerie. Il lui a fallu du temps pour oser dire ce qui l’habitait, dans le contexte de pluralisme religieux et philosophique d’un hôpital. Aujourd’hui, Noëlle Sennwald est satisfaite d’avoir oser affirmer une ligne. « Contrairement à ce que je pensais, ajoute-t-elle, le fait d’être au clair sur moi-même a généré une ouverture et une liberté extraordinaires pour rencontrer patients et soignants sur les questions fondamentales de l’existence, même si mes interlocuteurs ne partagent pas mes convictions ». A ce propos, Noëlle aime raconter sa rencontre avec une femme très angoissée par l’après-mort. A la demande de cette patiente, l’aumônière de Saint-Loup lui fait part de l’espérance chrétienne dans ce domaine. « Cet échange a permis un apaisement extraordinaire chez cette femme. Avec un beau sourire, elle a pu dire : « Jamais on ne m’avait parlé de cela ! »

Serge Carrel

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