« Il faut voter pour quelqu’un qui a des compétences et une éthique ! » Sur les hauts d’Echichens, Philippe Jobin reçoit sur son exploitation arboricole et agricole. Ce membre de l’Eglise évangélique de l’Oasis à Morges (FREE) est actuellement très occupé par sa candidature au Conseil national. Syndic du lieu depuis le 1er juillet, député au Grand Conseil vaudois depuis 12 ans, il est aussi le chef du groupe des 25 UDC au parlement vaudois. Actuellement, ses activités politiques au plan communal et cantonal l’occupent à 75 ou 80 pour cent.
Avec André Bugnon comme mentor
Pour mener sa campagne à bien, Philippe Jobin s’est entouré d’un comité de 7 personnes, principalement des jeunes entre 20 et 30 ans, avec son épouse Laurence comme responsable des finances. Et l’équipe est active : avec des affiches du candidat suspendues aux lampadaires, avec des clips de campagne sur les réseaux sociaux, avec des courriers personnalisés à certains électeurs potentiels, et avec des portraits du candidat répartis aux quatre coins du canton sur des affiches grand format.
« J’arrive à un âge où c’est un peu quitte ou double, explique ce producteur de jus de pomme et de cidre. Je suis vieux sans l’être trop. Et mon mentor, André Bugnon, ancien président du Conseil national, m’a encouragé à me lancer. » Fort de cet appui qu’il a nommé « chef de campagne », Philippe Jobin espère compter parmi les représentants vaudois UDC à Berne.
« Un peu seul » contre le mariage pour tous !
Parmi les motivations qui le poussent à poser sa candidature au conseil national, il y a tout d’abord les questions éthiques. « Sur des sujets comme le « mariage pour tous », j’ai l’impression d’être parfois un peu seul, déplore-t-il. Mais à mon sens le Pacs est suffisant. Je suis contre l’adoption d’enfants par des couples homosexuels et le don de sperme à des couples de lesbiennes. » Sur les questions de migration et d’accueil des étrangers, il ne comprend pas le pasteur Norbert Valley (FREE) qui recourt devant la justice contre sa condamnation pour « crime de solidarité ». « Pour moi, il est impératif qu’un pasteur respecte la loi qui a été adoptée par les chambres fédérales, l’émanation du peuple. La désobéissance civile conduit à l’anarchie. »
Mais ce n’est pas uniquement pour des raisons éthiques que le chef du groupe UDC au Grand Conseil vaudois aimerait siéger à Berne. Il souhaite aussi défendre le monde paysan dans les débats autour de l’Accord de libre-échange avec les pays d’Amérique latine (Mercosur), mais aussi contre la stigmatisation dont sont victimes les éleveurs de bétail par certains antispécistes. « Les médias ont rapporté différentes attitudes répréhensibles de producteurs de viande, que je condamne également. Mais on a mis tout le monde dans le même panier. Les médias ont fait une généralisation et cela je ne le supporte pas. 98 pour cent des agriculteurs font très bien leur travail. Et il importe de leur en faire crédit ! »
Pour une couverture sociale des femmes paysannes
Dans ses objectifs pour Berne, Philippe Jobin souhaite aussi valoriser la reconnaissance des femmes paysannes. « J’étais à leur manifestation le 14 juin dernier sur la place fédérale avec Anne Challandes, la présidente de l’Union des femmes paysannes et des femmes rurales de Suisse, pour que notre société reconnaisse le travail des paysannes et qu’elles puissent toucher un salaire et les prestations sociales qui leur sont dues, notamment au moment de la retraite. Il y a trop de couples d’agriculteurs qui, une fois retraités, se retrouvent dans la disette. Et ce n’est pas juste, alors qu’ils ont travaillé à deux sur leur domaine pendant toute leur vie ! » Avec Laurence son épouse, Philippe Jobin se considère comme un couple atypique, puisqu’ils sont tous les deux actionnaires à 50 pour cent de leur entreprise, et qu’ils touchent un salaire avec paiement des cotisations sociales et constitution d’un deuxième pilier.
A la question de savoir s’il est facile de se déclarer évangélique dans le monde politique, Philippe Jobin est franc… et lâche : « Etre évangélique en politique, c’est un peu comme être femme dans ce monde-là! Il faut prouver que tu en as l’étoffe, plutôt au niveau 4 qu’au niveau 1 ! »
Serge Carrel