Après avoir fait mémoire de celles et ceux qui, en essayant de cheminer sur des routes de liberté, sont arrivés à la fin leur vie, notamment dans la Méditerranée en cherchant le secours en Europe, il est temps de se lever pour la justice.
Nous avons besoin de libérer la justice qui est en prison. Elle est en effet emprisonnée par des lois injustes, lorsque qu'elle condamne celles et ceux qui aident leur prochain. Le prochain, c'est chaque être humain, indépendamment de sa couleur, de sa race, de sa religion, de ceux qui croient ou ne croient pas. Nous sommes frères et soeurs en humanité, et quand quelqu'un vit dans la difficulté, la solidarité est l'expression de la justice. Tous ces réfugiés survivent grâce à la solidarité de centaines de personnes qui les accueillent dans notre pays et qui, ce faisant, deviennent des délinquants.
« Offrir un lit devient un délit ! »
Par un tour de passe-passe de la justice, offrir un lit devient un délit ! Cela m'est arrivé pour le simple fait d'avoir donné une clé de l'église où je suis pasteur à un réfugié togolais refoulé. Je voulais lui permettre de dormir paisiblement et, à cause de cela, j'ai reçu une ordonnance pénale me condamnant à 1000 francs d'amende avec sursis et à payer les frais de justice. J'ai contesté cette décision, ne me considérant coupable de rien du tout en aidant mon prochain. Je ne suis qu'une très petite partie visible de l'iceberg, puisque chaque année des centaines de personnes sont condamnées en Suisse pour le même motif.
Je ne me bats pas pour moi, mais pour ces centaines de personnes qui n'ont pas osé dire non à l'ordonnance pénale qu'elles ont reçue. S'il le faut, j'irai jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme pour faire reconnaître l'absurdité de cette loi.
Un retour aux pratiques de la Seconde Guerre mondiale
La Suisse revient malheureusement aux pratiques de la Seconde Guerre mondiale par lesquelles elle a condamné celles et ceux qui, d'une manière ou d’une autre, ont pris soin des réfugiés juifs.
L'article 116 de la Loi sur les étrangers est indigne de la Constitution fédérale et de la Suisse des bons offices, indigne d'Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge et initiateur des Conventions de Genève.
Nous nous battons maintenant pour avoir le droit d'aider celles et ceux qui sont arrivés chez nous et à qui on a refusé la protection qu'ils recherchaient et qui doivent faire face à une mesure d'expulsion dans le pays qu'ils ont fui et ce parce qu'ils n'ont pas réussi à convaincre les décideurs du Service des migrations de la véracité de leur situation.
Vous avez l'occasion de signer une pétition qui sera adressée aux parlementaires fédéraux afin de les inviter à changer cette loi. Cette pétition soutient l'initiative parlementaire de Madame la Conseillère nationale Lisa Mazzone qui s'est levée pour que cela change. Il y a peu de chances que le parlement actuel soit d'accord de faire ce changement. C'est pourquoi je vous encourage à aller voter lors des prochaines élections fédérales de cet automne et à élire un parlement digne des valeurs fondamentales de notre pays.
« Ils appellent le mal bien et le bien mal ! »
Il y a 2800 ans le prophète Ésaïe nous avertissait qu'il y aurait probablement des temps où les hommes appelleraient le mal bien et le bien mal. Nous y sommes. Quand on criminalise la solidarité, on appelle le bien mal.
La première question que Dieu pose au premier fratricide de l'histoire est : « Qu'as-tu fait de ton frère ? » Il nous la pose à nous aujourd'hui. Que faisons-nous de nos frères, lorsqu'ils sont dans la détresse et qu'ils ont besoin de notre protection ? Comment est-il possible d'envoyer l'armée aux frontières pour empêcher les réfugiés d'arriver chez nous, comme s'ils étaient des envahisseurs dangereux.
Je veux me battre aujourd'hui et dans les temps qui viennent pour avoir la liberté d'aimer Dieu et mon prochain. Je vous invite à faire de même !
Signer la pétition « La solidarité n’est pas un crime ! » lancée par Amnesty International et Solidarité sans frontières.