« Il ne brise pas le roseau qui plie… » (Esaïe 42.3). C’est avec cet extrait du prophète Esaïe que Jean-Claude Chabloz titre le dernier chapitre de son livre : Un pasteur dans les coulisses du Parlement. Ce pasteur des Eglises évangéliques apostoliques est une personnalité du monde évangélique. Prédicateur apprécié pour son humour, il a été un temps président de la Fédération romande des Eglises et des œuvres évangéliques, puis du Réseau évangélique. A l’approche de la soixantaine, il a été conduit à renoncer au « cocon » ecclésial : il a pris le large et s’est confronté aux grands airs de la joute politique, qui peuvent souffler sous la coupole à Berne.
Un ministère aux trois S
Deux chapitres livrent un éclairage sur ce qu’a été cet engagement de 14 ans comme « intercesseur permanent » au Palais fédéral. Contrairement à ce que l’on pourrait secrètement espérer, rien de croustillant dans ces chapitres : notre homme est tenu au secret de fonction ! Mais une manière d’entrer par la petite porte pour entrevoir ce qu’a été le quotidien de ce pasteur qui a défini son ministère par trois S : Saluer-sourire-servir, en référence aux trois S de l’Armée du salut : « Soupe-savon-salut ». Ce qui permet à ce pasteur évangélique d’affirmer que, pendant 14 ans, il a proposé son amitié aux 246 parlementaires fédéraux, aux Romands comme aux Alémaniques et aux Tessinois. Certains y ont été sensibles, d’autres moins. Il a donc prié pour eux de manière générale, mais aussi plus spécifiquement pour ceux qui étaient demandeurs d’une intervention de Dieu dans leur vie de famille, dans leur santé, dans leur combat politique… On est bien loin des critiques entendues parfois comme quoi Jean-Claude Chabloz, par cet engagement, chercherait à « rechristianiser » le Parlement !
Un « bras-cassé » au Palais fédéral
Toutefois ce livre ne s’arrête pas là. C’est une autobiographie où on découvre les origines neuchâteloises de Jean-Claude Chabloz, sa conversion puis sa guérison de ses crises épileptiques. On découvre aussi son parcours pastoral : ses débuts à Genève en même temps que son travail dans une grande banque, son pastorat et son engagement social dans le Bas-Valais, puis à Lausanne.
Le livre se termine sur une bouffée d’espérance. Celui qui, dans les Unions chrétiennes de jeunes gens, avait été appelé « Jkass », un surnom pour signifier : « Je ne casse rien » ou « Bras-cassé », en référence à ses nombreux soucis de santé peut dire :
« Et vous la prochaine fois que vous verrez un gamin avec le bras en écharpe ou la jambe dans le plâtre, assis sur un mur à regarder les autres jouer, vaguement absent, et que vous êtes tentés de le baptiser d’un sobriquet, pensez-y à deux fois : dites une prière et faites attention que le Ciel ne vous prenne pas trop au mot, car il a déjà vu à l’avance sa valeur et son potentiel, et il pourrait le gratifier, cet enfant avec le cœur en bandoulière, d’une vie aussi riche et féconde que fut la mienne, par la seule grâce de Dieu… » (p. 219-220).
Jean-Claude Chabloz avec Joël Reymond. Un pasteur dans les coulisses du Parlement. Mémoires d’enfance, récit de carrière, Lyon, Première partie, 2015, 224 p.