Pourquoi une telle conférence en cette année de commémoration des 500 ans de la Réforme ?
Le jubilé de la Réforme est une excellente occasion de se demander ce qu’il y a à fêter effectivement. Bien entendu nullement la séparation des chrétiens, ni les conséquences sanglantes qui en ont découlé. Avec ces journées d’études, nous souhaitons affirmer de manière nouvelle l’Evangile du Christ, la foi, la grâce et l’Ecriture. Parce que ces réalités ne sont pas simplement nôtres. Le temps de la Réforme a affirmé que l’Eglise devait toujours se réformer selon la formule : « Ecclesia semper reformanda ». Nous tous qui sommes chrétiens, avons besoin d’un renouveau. Aucune Eglise ne peut le produire par elle-même. C’est la mission et le cadeau du Saint-Esprit.
Voilà pourquoi nous avons choisi comme thème de notre conférence « Viens, Saint-Esprit ». L’Esprit souffle où il veut, mais il se réjouit lorsqu’il est invité. A l’occasion de ces journées d’étude nous ne voulons pas uniquement écouter des conférences à propos de l’Esprit Saint. Nous voulons aussi lui parler et le prier. Le 20 juin, nous aurons une soirée de prière à la cathédrale Saint-Nicolas avec des représentants de la Fédération des Eglises protestantes de la Suisse (FEPS), de la Conférence des évêques, des Eglises évangéliques (VFG) et du Réseau évangélique.
D’une manière ou d’une autre, nous le ressentons tous : « Plus du même n’apporte aucun changement ! » Si le peuple de Dieu prie ensemble et demande une nouvelle effusion de l’Esprit Saint, il nous est possible d’attendre quelque chose ! Priez donc avec nous et participez à cette soirée à la cathédrale de Fribourg.
Votre conférence accueillera un panel exceptionnel d’intervenants. Qu’est-ce qui motive une telle invitation ?
Nous sommes enthousiasmés par le renouveau ecclésial et théologique auquel nous assistons dans l’Eglise anglicane, et ce tout particulièrement à Londres. Des relations plus intenses avec Graham Tomlin, évêque de Kensington, nous ont conduits à accueillir à Fribourg l’an dernier des intervenants magnifiques de la Paroisse anglicane Holy Trinity Brompton (à l’origine des cours Alphalive) et du College St-Mellitus. L’invitation de Justin Welby, l’archevêque de Cantorbéry, est donc une conséquence logique. Graham Tomlin, qui a écrit sur le Saint-Esprit, sera également là, ainsi que la cardinal Schönborn, autrefois professeur à Fribourg et dont j’ai eu, en son temps, le privilège de suivre l’enseignement. C’est aussi quelqu’un qui a à cœur le renouveau de l’Eglise et qui compte sur le Saint-Esprit.
En invitant N.T. Wright, un des théologiens majeurs de notre temps, nous souhaitons donner un fondement biblique à notre réflexion sur la manière dont l’Esprit agit aujourd’hui. Amos Yong du Séminaire théologique Fuller, un des théologiens les plus profilés du mouvement pentecôtiste, parlera de l’œuvre de l’Esprit à l’extérieur des Eglises chrétiennes.
Nous espérons que ce sera pour beaucoup l’occasion d’entendre des conférences exceptionnelles, de participer à des discussions intéressantes et de faire des rencontres profondes, tout cela à travers et par-dessus toutes les lignes confessionnelles. Dans nos ateliers, des intervenants issus des Eglises évangéliques pourront entrer en discussion avec des frères et soeurs réformés et catholiques.
Quel but poursuit le Centre d’études pour la foi et la société de l’Université de Fribourg ?
Le centre souhaite construire des ponts dans différentes directions. Il y a tout d’abord le fossé entre le monde académique et la communauté ecclésiale. Des deux côtés, on ne sait pas très bien si l’on peut faire confiance à l’autre, et si l’on fait effectivement partie d’un même corps. La théologie ne doit pas se dissocier de son contexte et la communauté ne peut que vivre et transmettre la foi de manière efficace, au travers d’une réflexion pleine d’amour.
En plus de cela, le Centre d’études veut aider à surmonter le fossé qui existe entre les grandes Eglises réformées et les Eglises évangéliques. Dans la période post-moderne et sécularisée que nous vivons, nos contemporains ne comprennent plus pourquoi les chrétiens ne parviennent pas à parler d’une seule voix. Le témoignage chrétien ne peut retrouver de la crédibilité que s’il est professé de manière commune. Toute manière de se profiler aux dépens des autres ne devrait plus avoir cours.
Cela va encore plus loin lorsque l’on prend conscience que Jésus prie que « les chrétiens soient un afin que le monde sache que Jésus a été envoyé par le Père ». L’unité de tous les chrétiens, c’est celle qui rassemble, au-delà du protestantisme, les Eglises catholiques, orthodoxes et issues de la migration. Notre centre souhaite vraiment construire un pont avec les chrétiens « de toute couleur ».
En final, notre Centre d’études souhaite que la foi puisse être vécue de manière crédible dans toutes les sphères de la société. Une théologie du Royaume de Dieu sait bien que l’important n’est pas de savoir comment les chrétiens parviennent au ciel, mais beaucoup plus comment le ciel peut se manifester sur la terre. Jésus ne nous a-t-il pas appris à prier : « Que ton Règne vienne, qu’il advienne sur la terre comme il est déjà au ciel » ? Voilà ce pour quoi nous voulons nous engager.
Propos recueillis par Serge Carrel
Plus d’infos sur l’édition 2017 des Journées d’étude pour le renouveau théologique et sociétal.