Le principe des Groupes bibliques des écoles et des universités (GBEU) est simple : les différents intéressés se réunissent une fois par semaine pour étudier la Bible et parler de la foi, de Dieu, comme de ce qu’ils apprennent dans leurs cours. Dans toutes les universités et les deux écoles polytechniques fédérales de Suisse, ces rendez-vous ont lieu dans des locaux académiques mis gracieusement à leur disposition. Neuchâtel fait désormais exception à la règle.
« Nous n’avons plus le droit de nous réunir dans les locaux de l’aumônerie de l’université depuis cette conférence donnée en novembre dernier par Jacqueline Frésard, une ancienne adepte du secret, regrette à Fenin Christian Schneeberger, animateur responsable des GBEU de la région. Cette femme a témoigné de sa conversion à la foi en Jésus-Christ dans les locaux d’une Eglise évangélique, donc hors de l’université, et sans aucune publicité auprès de ses étudiants », souligne-t-il. « Mais il est vrai que ce sont les membres du Groupe biblique universitaire de Neuchâtel (GBUN) qui l’organisaient. »
L’université interpellée
Ce qui a mis le feu aux poudres : un article publié dans les colonnes du Matin relatant la soirée et dans lequel la journaliste présente se demandait notamment si l’Université, dont se réclame le GBUN, cautionnait « ces propos liant Hitler, le yoga, l’hindouisme et Satan ». « Des liens que la conférencière n’a jamais faits en tant que tel dans son témoignage », s’insurge à Lausanne Colin Donaldson, responsable des GBEU pour toute la Suisse romande. Non sans déplorer que la question du secret, thème central de la soirée, n’ait pas même été mentionné dans l’article.
Suite à l’information diffusée dans le quotidien orange et aux nombreux commentaires qu’elle a suscités sur internet, une rencontre entre l’aumônier de l’université Sandro Agustoni, la rectrice Martine Rahier et Colin Donaldson est intervenue. « Cette discussion a montré que le GBUN occupait des locaux mis à disposition par l’aumônerie sans que le rectorat ne soit au courant, explique à Neuchâtel Claudine Assad Clémençon, responsable de la communication de l’université. L’aumônier a demandé à cette occasion au GBUN d’organiser désormais ses rencontres hebdomadaires dans d’autres locaux. »
Une décision que Colin Donaldson ne comprend pas. « On a toujours cherché à ne pas avoir de couleur dénominationnelle, à ne pas être rattaché à une Eglise, déclare-t-il. C’est toujours stratégique de se réunir dans le lieu académique pour garder justement un environnement neutre. Des professeurs, des scientifiques, comme récemment à Lausanne sur le thème « Science et foi » viennent débattre avec les étudiants. Il est très dommageable que l’Université de Neuchâtel nous ferme ses portes ! »
« Jésus seul », plus uni-compatible ?
Des portes que l’université pourrait néanmoins rouvrir : « Il faudrait que le groupe fasse une demande au rectorat dans les formes », indique Claudine Assad Clémençon. Pour l’heure, la vingtaine de réguliers du groupe neuchâtelois est encore sous le choc. « Mais beaucoup de chrétiens de la région se sont renseignés et nous ont soutenus, c’était fort », commente Christian Schneeberger. En ajoutant néanmoins être encore sous le coup du reproche qui leur a été fait de tenir des propos comme quoi seul Jésus sauve. Des reproches que Colin Donaldson a aussi entendus et qu’il commente en rappelant que l’université devrait pouvoir être encore un lieu où l’on débatte aussi de cette question-là.
Les GBEU en Suisse romande, ce sont plus de 50 groupes, et 700 personnes de toutes les dénominations chrétiennes.
Gabrielle Desarzens