En se mariant, Déborah Rakotoarijao savait qu’elle quitterait la Suisse pour devenir missionnaire à Madagascar. « Mon mari est malgache. Quand je l’ai rencontré, il m’a tout de suite mise au parfum : ‘Je suis appelé à repartir vivre à Madagascar’, m'a-t-il dit, car il avait déjà la vision d’être missionnaire là-bas. Il étudiait en Suisse pour cela », sourit Déborah. Voilà dix-neuf ans qu’elle habite sur la quatrième plus grande île du monde.
Mère de quatre enfants, qui étudient hors du foyer, Déborah, 46 ans, est aujourd’hui la directrice de MIDEM Madagascar, une ONG chrétienne fondée en 2008 à Tamatave, une ville portuaire située sur la côte Est de l’île et dont le but est d’agir auprès de la population déshéritée.
« Au départ, quand mes enfants étaient petits, je m’occupais plus d’eux et mon mari travaillait à l’ONG. A mesure qu’ils grandissaient, je m’impliquais de plus en plus à MIDEM », relève-t-elle. Diplômée d’un Bachelor en théologie de l’Institut biblique et théologique d'Orvin (IBETO), l’actuel Start Up Ministries, elle a poursuivi ses études à Madagascar et obtenu un Master 1 en Sciences du langage, pour devenir professeure de français. Un métier qu’elle a exercé plusieurs années. Ayant très à cœur la jeunesse, Déborah oeuvre pour MIDEM afin d’offrir aux jeunes défavorisés un avenir meilleur par la nourriture, la scolarisation et la formation.
Plus d'une centaine de jeunes parrainés
L’association parraine ainsi cent cinquante-cinq enfants pour leur permettre de suivre une scolarité dès l’âge de 6-8 ans, jusqu’à l’âge de 18-25 ans selon les études effectuées. Ils bénéficient également d’un repas équilibré les jours d’école. Déborah évoque comment Miora et Fitahiana, deux soeur et frère de douze et neuf ans, ont été transformés grâce à ce parrainage.
«Leur mère est décédée et leur père est conducteur de cyclo-posy, avec un revenu journalier fluctuant. Avant le parrainage, les deux enfants se retrouvaient seuls la journée et mendiaient dans le quartier et chez les voisins pour manger en attendant leur père le soir. Ils étaient très sales et mal habillés. Suite à plusieurs cadeaux des parrains, vêtements, ustensiles de cuisine et cyclo-posy, la situation a complètement changé pour cette famille. Le père est devenu propriétaire de son véhicule donc tout l'argent qu'il gagne lui revient, il n'a plus besoin de payer la location de son véhicule de travail. Même si ses revenus restent irréguliers, ils sont plus élevés que lorsqu'il louait son cyclo-posy. Cela leur a permis de déménager dans une case un peu plus spacieuse. Le père a plus de temps pour s'occuper de ses enfants, et ils sont propres et bien vêtus lorsqu'ils arrivent au centre pour la journée », relate Déborah avec émotion.
Des cantines de brousse pour des enfants malnutris
Hormis le parrainage, MIDEM a également ouvert quatre cantines de brousse « Nourrir fûté » qui reçoivent chaque jour 40 enfants malnutris de trois à six ans. Ces enfants arrivent le matin pour des temps de jeux et d’animation bibliques, puis reçoivent un goûter vers dix heures et un repas de midi. Ils repartent après le repas. « Le but, c’est que les enfants puissent se refaire une santé. On leur apprend aussi la socialisation, car en brousse ils restent avec leurs parents. Leur entrée à l’école est ensuite plus facile. »
L’ONG a également ouvert un pôle pisciculture qui permet à des gens possédant un bassin d’obtenir des intrants. « On a des subventions pour les personnes qui n’ont pas accès à des alvins. A la fin du cycle, quand la récolte est vendue, ils remboursent ce qu’on leur a prêté », explique Déborah. Les 340 familles de producteurs qui avait bénéficié du programme entre 2011 et 2016 se sont mis en coopérative et sont aujourd’hui autonomes », se réjouit-elle.
Par ailleurs, un nouveau projet a démarré en septembre 2023 : il s’agit d’un centre de formation professionnelle en menuiserie. Six jeunes ont commencé l’apprentissage et MIDEM voudrait ouvrir la formation à davantage de jeunes et pour d’autres filières. Pour cela il s’agit de trouver plus d’entreprises malgaches partenaires de ces formations duales. « Le défi de mon travail, c’est de chercher la volonté de Dieu, afin de toujours trouver ce qui est mieux pour ces enfants et ces jeunes », conclut Déborah.