Mali : la Bâloise Béatrice Stockly à nouveau enlevée !

vendredi 08 janvier 2016 icon-comments 1

Elle avait déjà été victime d'un rapt à Tombouctou, dans le nord-est du pays en 2012. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la Bâloise Béatrice Stockly a été à nouveau enlevée par des hommes armés. Elle avait réintégré ses appartements début 2013, une fois la ville libérée par les forces armées françaises.

Des djihadistes ont fait irruption dans le domicile malien de Béatrice Stockly la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 janvier. A Bamako où il vit replié depuis le début du mois à cause de menaces sur sa personne de la part d’islamistes radicaux, le pasteur évangélique malien Bouya Yattara précise que la Suissesse a été enlevée à 3 heures du matin : « A cette heure, la ville de Tombouctou n’est pas sûre, commente-t-il. Et Béatrice était retournée vivre dans le même appartement où elle avait déjà été saisie en 2012 par des hommes armés. Son quartier d’Abaradjou, situé dans le nord de la ville, est aux portes du désert et très fréquenté par diverses factions rebelles. »

De l’évangélisation « à sa manière »

Venue au Mali comme volontaire de l’Eglise méthodiste, la quadragénaire a posé ses valises à Tombouctou il y a une quinzaine d’années. En lien avec plus aucune Eglise spécifique et soutenue par aucune mission, Béatrice Stockly faisait de l’évangélisation « à sa manière », indique encore le pasteur. Enlevée une première fois le 15 avril 2012, la Bâloise avait été libérée 9 jours plus tard, le 24 avril. Après un séjour au Sénégal, elle était retournée vivre à Tombouctou, une fois la ville libérée par les Français début 2013.

Cet enlèvement survient après l'assassinat, à la mi-décembre, dans la même ville de trois personnes, dont un journaliste de la radio chrétienne Tahanite (pitié, en langue locale tamasheq) qui émet depuis Tombouctou. Une source de sécurité malienne avait alors parlé d'« un lâche assassinat perpétré par ceux qui veulent créer la guerre des religions », en référence à la confession catholique de deux des victimes.

Ville sainte

Tombouctou est la capitale de l’Islam au Mali, voire en Afrique. Surnommée la ville aux 333 marabouts, elle est située sur la boucle du fleuve Niger. Pendant des siècles, elle a été un carrefour commercial très important au Sahara et un centre spirituel renommé de l'islam sub-saharien. Elle a été un centre touristique renommé pour les amateurs de méharées dans le désert, jusqu'à ce que l'insécurité de ces dernières années fasse fuir les touristes occidentaux.

Séquestrée une dizaine de jours en 2012, Béatrice avait été rapatriée sur place, à quelques kilomètres de Tombouctou, dans un pick-up avec des hommes enturbannés et lourdement armés. Elle avait été remise aux autorités du Burkina Faso par le groupe islamiste Ansar Dine, du Touareg malien Iyad Ag Ghaly, qui contrôlait alors la ville.

Industrie de l’enlèvement

La libération de cette femme, qui revendique sa foi chrétienne et qui est très impliquée dans les actions sociales, était intervenue contre le paiement d'une rançon, avaient alors affirmé à l’AFP plusieurs sources de sécurité. Un médiateur burkinabè et un responsable du groupe Ansar Dine avaient de leur côté démenti tout versement de rançon.

Différentes factions rebelles opèrent dans le secteur de multiples trafics et se livrent notamment à une « industrie de l'enlèvement » pour obtenir de juteuses rançons.

Ces combattants actifs dans le nord du pays comme dans tout le désert sahélien ne sont pourtant pas assimilables aux musulmans maliens. Pour preuve : le pays est à 90% de religion musulmane, mais ses habitants ne veulent pas d’un régime islamiste au pouvoir.

S’il y a encore des chrétiens à Tombouctou, tout le monde a peur, souligne enfin le pasteur Bouya Yattara : « La situation est critique. Tant que tu n’es pas trop populaire, ça va. Sinon, il te faut fuir... »

Gabrielle Desarzens

Les deux articles déjà publiés concernant Béatrice Stockly:

1 réaction

  • Raymond clottu lundi, 11 janvier 2016 20:36

    Jacques 1, 5
    Si quelqu'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée.

    Rien d'autre à dire !

Publicité

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

myfreelife.ch

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

  • « Oui, la relève de l’Eglise passe par les femmes »

    Ven 16 septembre 2022

    Nel Berner, 52 ans, est dans la dernière ligne droite de ses études en théologie à la HET-PRO. Pour elle, la Bible est favorable au ministère féminin. Et les communautés doivent reconnaître avoir besoin tant d’hommes que de femmes à leur tête.

eglisesfree.ch

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !